Secteur IT romand

Rétrospective: le secteur IT 2019 dans le rétroviseur

Retour sur les événements qui ont marqué l’actualité du secteur IT suisse et mondial en 2019, entre 5G, établissement de clouds sur sol helvétique, acquisitions et développement de la scène des start-up. Une année charnière avec de nombreuses incertitudes quant au développement de l’économie et des dépenses IT des entreprises en 2020.

(Source: JESHOOTS.com from Pexels)
(Source: JESHOOTS.com from Pexels)

En 2019, on a davantage parlé de climat que de numérique. L’actualité n’a cependant pas manqué dans le secteur ICT. Dans les télécoms, l’année a été marquée par deux couacs. D’une part, le rachat avorté d’UPC par Sunrise, empêchant la naissance d’un rival de taille face à Swisscom. Et, d’autre part, la levée de boucliers contre une 5G au storytelling fragile, dont l’introduction se fait désormais en catimini. Le secteur télécom a aussi été confronté à la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine avec Huawei et les opérateurs européens au milieu.

Les changements dans le secteur IT en 2019

Côté IT, on retiendra naturellement l’implantation actée des clouds de Google et de Microsoft sur sol helvétique et le développement semble-t-il inarrêtable des hyperscalers. Cette progression explique aussi les bouleversements sur le marché européen des datacenters: le suisse Green a inauguré son gigantesque centre de données taillé pour le cloud, Equinix s’est associé au fonds souverain de Singapour pour développer des méga-centres sur le continent et le néerlandais Interxion vient de passer en mains américaines.

Du côté des prestataires IT, la consolidation se poursuit. En novembre, Bechtle a réuni ses activités de prestataire informatique sous une même bannière et annoncé les acquisitions des romands Abissa et Codalis faisant croître ses effectifs de 90 personnes dans la région. L’été dernier, c’est le lausannois Syselcom Mutuelle Informatique qui s’est emparé d’InfoG, un autre prestataire romand comptant une dizaine d’employés.

Au niveau suisse, le rachat le plus important de l’année vient du groupe énergétique bernois BKW, qui a fait l’acquisition de Swisspro et ses 1800 employés dans le pays. BKW se renforce ainsi dans les solutions pour l’informatique et l’automatisation des bâtiments, dans une stratégie opposée à celle d’Alpiq, qui avait au contraire vendu ses activités IT en 2018.

Du côté des éditeurs de logiciels, le genevois Temenos a racheté Kony, acteur leader dans les solutions low code, tandis que le tessinois Board, spécialisé dans la business intelligence, est passé dans le giron du fonds d’investissement Nordic Capital. Signalons également les 500 millions de financement obtenus par le spécialiste des back-up Veeam, établi en Suisse. Plusieurs sociétés se sont par ailleurs installées en terres romandes, comme les alémaniques Adfinis SyGroup, bitvoodoo et AV Distribution, mais aussi le français Acadys.

A l’international, on retiendra également l’acquisition de Tableau par Salesforce (15,7 milliards de dollars), et celle d’Altran par Capgemini (3,6 milliards d’euros), sans oublier VMware qui a fini par racheter Pivotal (2,7 milliards). Les spécialistes en sécurité Symantec (business) et Sophos ont aussi été rachetés, le premier par Broadcom (10,7 milliards de dollars), le second par le fond d’investissement Thoma Bravo (3,9 milliards).

Moral au beau fixe malgré le ralentissement

S’agissant de l’évolution du marché IT en 2019, le bilan est en demi-teinte. Selon la plupart des analystes, la croissance de l’économie suisse s’est ralentie en 2019, notamment sous l’effet de l’incertitude et du fléchissement de l’activité mondiale. Dans son rapport de novembre, l’institut KOF de l’EPFZ indique que les affaires tournent au ralenti en Suisse dans l’industrie de transformation et le commerce de détail. Les choses sont un peu plus positives dans la construction et les services financiers.

Dans ce contexte morose, les dépenses IT s’essoufflent. Le cabinet Gartner prédit même une baisse des achats IT des entreprises et administrations dans la région EMEA en 2019. Ce fléchissement devrait surtout toucher les achats d’infrastructure (data centers et terminaux), alors que les ventes de logiciels et de services devraient légèrement progresser. Les analystes de Gartner prédisent un rebond l’an prochain, contrairement à ceux de Forrester.

En dépit de cet environnement, les fournisseurs IT suisses restent positifs. Selon l’indice SWICO, les éditeurs de logiciels sont particulièrement optimistes, alors que le moral baisse un peu chez les prestataires de services. Dans sa note parue il y a quelques mois, le cabinet suisse MSM misait encore sur une croissance de 3,5% du marché IT local en 2019.

Innovation IT en Suisse

Pour terminer ce récapitulatif sur une note positive, soulignons certains progrès enregistrés par la Suisse en tant que place d’innovation IT. Microsoft a ouvert un laboratoire à l’EPFZ, Google continue de recruter dans son pôle zurichois et Facebook a choisi Genève pour établir sa future monnaie numérique. La cité du bout du lac a aussi été cet été le berceau de la Swiss Digital Initiative, qui réunit les plus grands acteurs de la tech mondiale et de l’économie suisse pour promouvoir de normes éthiques dans le numérique.

La scène des start-up IT poursuit par ailleurs son développement. En début d’année, les scale-up vaudoises Nexthink et Sophia Genetics ont ainsi réalisé des levées de fonds record de plusieurs dizaines de millions de dollars.

Idem pour la jeune pousse de l’EPFL Kandou Bus et l’alémanique Beekeeper. Le domaine IT représente plus de la moitié des investissements dans les jeunes pousses du pays.

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