Recap' 2022

Pluie d’acquisitions dans le secteur IT romand en 2022

Le secteur IT suisse romand a vécu des bouleversements en 2022. Les regroupements, fusions et autres acquisitions de sociétés technologiques se sont succédé tout au long de l'année, opérés tant par des fournisseurs étrangers qu'entre sociétés locales, avec souvent le soutien d'investisseurs. Récapitulatif.

(Source: Designed by Pressfoto - Freepik.com)
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Regroupements en Suisse romande

En janvier 2022, le family office alémanique Verium rachète ainsi le prestataire IT neuchâtelois Uditis pour former le groupe Sequotech avec la société dbi services acquise fin 2020. Ensemble, les deux entités, qui conservent leur autonomie, réunissent désormais 112 collaborateurs en Suisse romande. 

En mai, c'est au tour de CISEL d'annoncer que la société d'investissement Manixer (Julius Bär, Pictet, Marwan Naja) prend une participation majoritaire dans la firme destinée notamment à soutenir ses objectifs de croissance des effectifs. Un projet rapidement réalisé puisqu'en automne déjà, le prestataire IT fait part du rachat du spécialiste SAP neo technologies à ses trois actionnaires (Romande Energie, les Services industriels de Lausanne et la Commune de Lutry). Avec un total de 200 employés, les deux prestataires IT continueront d'opérer sous leur nom au sein du groupe CISEL.

Au mois de juin, e-novinfo annonce le rachat de Memoire Vive. Fondée en 1987, l'entreprise d'abord spécialisée dans les produits Apple Macintosh a étendu son activité à la sécurité et au réseau et compte 35 collaborateurs dans ses agences de Fribourg et Lausanne. Là aussi, la société conserve son nom et son autonomie. Un mois plus tard, c'est la firme lausannoise Routerank connue pour sa technologie de panification d'itinéraires multimodaux, qui passe dans l'escarcelle de Netcetera. Présente dans le monde entier et employant quelque 800 collaborateurs, l'entreprise alémanique spécialisée dans le développement applicatif, reprend les dix collaborateurs de Routerank et disposera d’une première implantation en Suisse romande.

Les changements se sont poursuivis après l'été. Au mois de septembre, suite au départ de son fondateur Frédéric Weill, Open Web Technology devient propriété intégrale de Swisscom, qui rachète les parts qui lui manquait. Spécialisé dans la transformation et le développement logiciel, OpenWT emploie quelque 200 ingénieurs. En novembre, c'est le prestataire IT neuchâtelois M&H Atlon Services, qui annonce l'acquisition de l’agence digitale fribourgeoise Emblematik et de sa dizaine de collaborateurs.

L'année 2022 se termine avec l'annonce en décembre du regroupement de deux sociétés romandes de taille équivalentes: le spécialiste en cybersécurité e-Xpert Solutions et le spécialiste cloud One Step Beyond. Réunissant plus de 80 collaborateurs, la nouvelle structure est baptisée Swiss Expert Group.

La Poste rachète plusieurs sociétés IT

Autre phénomène marquant en 2022, les multiples acquisitions de sociétés IT opérées directement ou indirectement par La Poste. En juillet, SwissSign - fournisseur de la SwissID racheté par La Poste en 2021 - s'empare de Sysmosoft. Fondée en 2010, la société vaudoise édite la solution Let's Sign, utilisée dans de nombreux secteurs hautement réglementés tels que les services financiers, les gouvernements et l'éducation. Quelques jours plus tard, le géant jaune annonce le rachat de Hacknowledge. Basée à Morges et créée en 2016, la firme de cybersécurité emploie 46 collaborateurs et propose notamment un service de SOC à ses clients.

Au mois d'août, La Poste prend une participation majoritaire dans le fournisseur de dossier électronique du patient Axsana, qui deviendra une filiale de l'entreprise. Et en octobre, le géant jaune fait l’acquisition d’Eosop, un éditeur de logiciels de logistique soleurois. Partenaire IT de longue date du géant jaune, l’entreprise était à la recherche d'un acheteur dans le cadre du règlement de sa succession. 

Enfin, en novembre, La Poste acquiert T2i. Basée à Sierre, et comptant quelque 130 collaborateurs, la société propose à la fois des solutions logicielles et des services IT aux entreprises avec un fort ancrage dans le secteur public. Née en 1983, T2i est devenue en 2014 une holding réunissant des activités en France et au Canada, dont elle s’est séparée plutôt durant l'année.

La Confédération étant propriétaire de La Poste, cette série d'acquisitions n’est pas passée inaperçue. D'autant plus qu'elle s'ajoute aux rachats de la solution de compatibilité Klara en 2020, et de SwissSign et Tresorit en 2021. En mars 2022, Abacus a ainsi porté ainsi plainte auprès de la Comco en relation au rachat de Klara. Et en décembre dernier, l'Union suisse des arts et métiers (USAM) a demandé au Contrôle fédéral des finances d’investiguer sur ce que l'organisation faîtière interprète comme une possible violation du droit des subventions.

Rachats par des sociétés étrangères

Outre ces acquisitions entre firmes suisses, des sociétés étrangères se sont également emparées de fournisseurs IT helvétiques en 2022. En Suisse romande, Beqom a été racheté en avril par le fonds Sumeru Equity Partners pour 300 millions de dollars. Etablie à Fribourg, Beqom a développé une solution SaaS de gestion des rémunérations et compte notamment Mercedes Benz, PepsiCo, Pictet et DHL parmi sa clientèle. 

En mai, c'est Safehost qui est passé en mains américaines avec son rachat par la société d’investissement IPI Partners. Fondé en 2000, Safehost opère quatre centres de données en Suisse (Genève, Gland, Avenches racheté en 2015 à Yahoo! et Zurich). Suite au rachat, Safe Host opérera au sein de la marque et de l’infrastructure de l’américain Stack soutenu par IPI Partners, qui opère des datacenters en Amérique du Nord, en Asie et en Europe. 

Au mois d'août, le prestataire informatique groupe .id a annoncé son rachat par Elvaston Capital Management, un fonds d'investissement allemand spécialisée dans le software et déjà propriétaire de fournisseurs IT alémaniques. Basé à la Chaux-de-Fonds et également présent à Yverdon-les-Bains, groupe .id emploie une soixantaine de collaborateurs. 

A la rentrée quatre sociétés romandes ont été rachetées par des entreprises françaises. A commencer par Synotis qui passe dans le giron du groupe français Smile. Fondée en 2014, Synotis s'est spécialisée dans les services autour de la data. Smile compte créer des synergies avec son centre de service lyonnais et avec sa filiale suisse. Même sort pour le vaudois Fastnet, connu pour son outil antispam MailCleaner, qui rejoint Alinto. L'éditeur français compte profiter de ce rachat pour étendre son offre autour de l'e-mail et pour asseoir davantage sa présence dans le pays. Créé en 2016 et basée à Genève, la société Knowledge Expert s'est quant à elle fait racheter par Cagemini. Spécialisé à la fois dans l’accompagnement des entreprises souhaitant déployer Agile à grande échelle (SAFe) et dans la plateforme low-code Pega, Knowledge Expert emploie plus d’une centaine de collaborateurs au niveau global. Pour boucler cette liste, Orange Cyberdefense a racheté en novembre la firme romande SCRT. Spécialisée dans la cybersécurité, SCRT avait racheté en 2020 l’entreprise vaudoise Telecom Systems (Telsys), qui fait partie du deal. SCRT emploie 70 collaborateurs, et Telsys une trentaine. La filiale sécurité d'Orange ambitionne de devenir le leader européen de la cybersécurité, grâce à son implantation dans neuf pays.

Au mois de novembre également, l'éditeur de logiciels hongrois Graphisoft a racheté Abvent Suisse. Basée à Estavayer-le-Lac et comptant 25 collaborateurs, Abvent est spécialisée dans les solutions CAO pour architectes, dont le logiciel Archicad justement édité par Graphisoft.

Plusieurs sociétés alémaniques sont également passées en mains étrangères. Citons le lucernois Axon Ivy et sa plateforme pour l'automatisation numérique des processus en mode low-code/no-code, racheté par Ricoh. Le prestataire zougois Emineo, spécialisé dans les services autour de SAP et fort de 160 collaborateurs, racheté par le groupe allemand Conet qui compte 1500 collaborateurs en Allemagne, en Autriche et en Croatie. Et enfin le rachat par l’allemand Giesecke+Devrient de la société zurichoise Netcetera. Spécialisée dans le développement applicatif, la firme compte quelque 800 collaborateurs. 

Méga-deals internationaux

L'année 2022 a également été marquée par des acquisitions à l'international. Au mois de mai, Broadcom s'est offert VMware pour 61 milliards de dollars. La société poursuit ainsi sa stratégie de diversification vers le logiciel, après les rachats de CA Technologies en 2018 et de l’activité business de Symantec en 2019. Fondé en 1998, le spécialiste des solutions de virtualisation VMware avait été racheté par le géant du stockage EMC en 2004 avant de passer dans le giron de Dell lors du rachat d'EMC, et d'être finalement revendu par Dell pour éponger sa dette. Le deal est toutefois encore examiné par l'UE.

L'acquisition de VMware a été éclipsée par le rachat de Twitter par Elon Musk pour 44 milliards de dollars. Après de multiples tergiversations, le fantasque patron de Tesla a finalement mis la main sur le réseau social en octobre. Le milliardaire a rapidement procédé à des licenciements en masse et annoncé des changements, qui suscitent beaucoup de critiques.
Parmi les autres rachats importants, citons celui en juin de Zendesk et de son logiciel d'assistance client qui passe aux mains d'un groupe d'investisseurs pour 10,2 milliards de dollars. Celui de l'anglais Micro Focus, racheté par le canadien Opentext pour 6 milliards de dollars au mois d'août. Et celui de Figma et de ses logiciels de design collaboratifs en mode cloud par Adobe au mois de septembre pour environ 20 milliards de dollars. Un deal stratégique qui devrait donner à Adobe les compétences nécessaires au passage de sa propre suite créative en mode cloud.
 


 

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