Récap' 2024

L’année 2024 du secteur informatique dans le rétroviseur

Des fournisseurs IT suisses qui passent en mains étrangères, des scale-up suisses qui rachètent à l’international, retour sur l’actualité du secteur IT en 2024.

(Photo: Greta Farnedi sur Unsplash)
(Photo: Greta Farnedi sur Unsplash)

La rédaction d’ICTjournal a compilé l’actualité 2024 du secteur IT, des rachats entre sociétés suisses aux acquisitions par des groupes internationaux, en passant par les investissements dont ont profité les start-up locales.

Acquisitions entre sociétés suisses

La Poste Suisse a poursuivi ses acquisitions dans le domaine IT. En juin, le géant jaune s’est emparé du groupe argovien Diartis. Employant une centaine de personnes, le fournisseur propose une plateforme pour l'échange d'informations sensibles dans le domaine social. Et en septembre, la Poste a annoncé le rachat d’Open Systems, spécialiste des solutions et services d’accès sécurisé SASE. Créé en 1990, l’entreprise emploie plus de 260 personnes entre son siège zurichois et ses filiales à Berne, Düsseldorf et San Francisco. La société reste indépendante et ne rejoindra donc pas Hacknowledge et Terreactive au sein de l’entité Swiss Post Cybersecurity créée en juin.

L’autre acquisition helveto-suisse de poids concerne Swisscom et sa prise de participation majoritaire du romand Camptocamp. Crée en 2001 et comptant environ 190 collaborateurs dont une centaine en Suisse, la société est spécialisée dans les solutions open source.

D’autres rachats entre sociétés suisses ont eu lieu en 2024. Composé des prestataires informatiques romands Dbi services et Uditis et de l’alémanique Exxo, le groupe jurassien Sequotech a repris EVOK, fournisseur de services IT présent dans les cantons de Fribourg, Vaud et Genève et employant près de 40 collaborateurs. Spécialiste alémanique du marketing basé sur la localisation, Beaconsmind Group a racheté les entreprises Swissnet AG et Lokalee pour un montant d’environ 21 millions de francs suisses. Swissnet AG est une prestataire offrant une variété de services IT, tandis que Lokalee propose une plateforme SaaS spécialisée dans les services de conciergerie numérique basés sur l’IA.

Hors acquisitions, l’année 2024 a également vu le prestataire romand e-novinfo réunir son équipe fribourgeoise et celle de Mémoire Vive, acquise en 2022, sur un même site. Et le groupe CISEL a annoncé que, suite au rachat de neo technologies en 2022, les deux entités opéreront désormais sous la même et nouvelle marque Dina.

Rachats transnationaux

Plusieurs groupes étrangers ont mis la main sur des fournisseurs IT suisses en 2024. A commencer par le suédois EQT, l’une des plus grandes sociétés privées de private equity dans le monde, qui a racheté Acronis. Fondée en 2003 et spécialisée dans les solutions et services managés de cybersécurité, la société suisse est présente sur 15 sites dans le monde, compte plus de 1700 collaborateurs et compte des clients dans plus de 150 pays.

Convotis a également poursuivi ses acquisitions en Suisse. Actif à l’international, le groupe allemand a d’abord racheté le prestataire cloud zurichois Swiss Cloud Computing. Puis il a mis la main sur le prestataire IT romand Agentil spécialisés dans les services autour des solutions SAP. Et, enfin, il a acquis Aspectra, hébergeur et fournisseur de services managés basé à Zurich.

D’autres fournisseurs suisses sont passés en mains allemandes. Le fournisseur bernois Xplain, qui avait été victime d’une cyberattaque impactant des entités gouvernementales, s’est fait racheter par la société d’investissement Chapters Group déjà présente en Suisse. L’éditeur de CRM BSI Software change également de propriétaire, la société de capital-investissement Capvis ayant vendu ses parts à la société de participation Bregal Unternehmerkapital, basée à Munich.

Les acquisitions sont également venues de France. Le groupe Sword a annoncé le rachat de l'entreprise bernoise Incor, spécialisée dans le conseil et le développement de solutions IT, avec notamment une expertise SAP. Et la filiale suisse de SPIE a racheté Corporate Software. Basé à Bienne et comptant une vingtaine de collaborateurs, le prestataire est spécialisé notamment dans les technologies de la Data Platform et de la Power Platform de Microsoft. 
Pour compléter le chapitre des acquisitions par des sociétés étrangères, il faut encore mentionner le rachat avorté de Softwareone, qui a décidé de rester indépendant, alors qu’un groupe d’actionnaires souhaitait le vendre au britannique Bain Capital.

Dans l’autre sens, des sociétés suisses se sont également emparées de fournisseurs IT étrangers en 2024. Basé à Genève et actif à l’international, le Groupe Mantu a fait l’acquisition de Sollan, société française spécialisée dans la gestion de l'information d'entreprise (EIM), qui rejoindra son unité de conseil Amaris Consulting. De l’autre côté du pays, la société thurgovienne Itesys a racheté le prestataire IT allemand Nexquent Consulting. Les deux entreprises sont spécialisées dans les services autour des solutions SAP.

Les scale-up suisses rachètent (et se font racheter)

Plusieurs scale-up suisses ont également tourné leurs regards vers des sociétés étrangères. Spécialisée dans la gestion de l'expérience numérique des employés (DEX), la scale-up romande Nexthink a fait l’acquisition de AppLearn, firme britannique qui fournit des outils d'adoption numérique (DAP). Toujours en Romandie, les genevois de Proton se sont quant à eux emparésde l’app de prises de notes américaine Standard Notes. 

En Suisse alémanique, le fournisseur zurichois d'analyses de données basées sur l'IA Squirro a racheté le spécialiste américain de la gestion des graphes connaissances Synaptica. Et Scandit a mis la main sur la technologie d'automatisation du monitoring des rayonnages de la firme polonaise Marketlab. 

Dans l’autre sens, la scale-up vaudoise NetGuardians a annoncé son acquisition par Summa Equity, société de capital-investissement basée à Stockholm. Summa projette d’associer les solutions anti-fraude de la fintech romande avec celles d’Intix, plateforme belge de gestion des données transactionnelles en temps réel, rachetée en 2022. Autre fintech suisse, l’éditeur logiciel zurichois Sherpany spécialiste de la gestion des réunions de conseil d’administration, a été racheté par Datasite, fournisseur américain de solutions SaaS pour le domaine des fusions et acquisitions. 

L’entreprise healthcare française Doctolib a de son côté mis la main sur Typeless, une spin-off de l’EPFL spécialisée dans la reconnaissance vocale basée sur l'IA pour le secteur médical. Autre groupe français, le cabinet de conseil Artefact spécialiste de la data et de l’IA a de son côté jeté son dévolu sur la jeune pousse romande Effixis active dans le même domaine.

Trois jeunes pousses suisses passent enfin en mains américaines. A commencer par les lausannois de Strong Network dont l’environnememt de développement slcurisé a tapé dans l’œil de Citrix. Ensuite la start-up bernoise Almer Technologies, spécialisée dans la réalité augmentée (AR), rachetée par Realwear, une opération soutenue par Teamviewer avec qui la start-up collabore. Et enfin Locatee et sa solution de mesure et de gestion des lieux de travail et de l’expérience employé, qui rejoint Tango, un éditeur texan de logiciels cloud pour la gestion immobilière et le facilities management.

Rachats à l’international

Bien qu’elles concernent des groupes étrangers, certaines acquisitions méritent d’être mentionnées. Ainsi le rachat par le français Talan du groupe également français Micropole (propriétaire de Cross et de Wide) ne manquera pas d’impacter le marché IT romand, puisque l’ensemble combiné réunit 420 collaborateurs dans la région. Idem pour le rachat du groupe allemand Fernao par le français Vinci Energies, puisque Fernao compte 770 collaborateurs répartis sur 26 sites en Allemagne et en Suisse. L’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 260 millions d’euros lors de son dernier exercice.

Pour terminer, il faut signaler les méga-rachats ayant eu lieu à l’international. Dans le domaine de la CAO, le californien Synopsys a fait l’acquisition de Ansys, éditeur basé en Pennsylvanie, pour un montant d’environ 35 milliards de dollars. Dans le domaine du réseau, HPE a annoncé son intention de débourser quelque 14 milliards de dollars pour racheter Juniper Networks. Dans le domaine DevOps, IBM a racheté Hashicorp, éditeur californien de solutions d'automatisation d'infrastructures multi-cloud, pour 6,4 milliards de dollars. Dans le domaine des microprocesseurs, AMD a déboursé 4,9 milliards de dollars pour s’emparer de ZT Systems, spécialiste de la conception et de la fabrication des systèmes utilisés dans l’IA. Dans le domaine de l’infrastructure, la société d’investissement KKR a racheté la division PC de VMware (Horizon et Workspace One) à Broadcom pour 4 milliards de dollars.

Plusieurs gros rachats ont concerné le secteur de la cybersécurité. Le fonds d'investissement Thoma Bravo a conclu un accord pour racheter Darktrace, éditeur britannique exploitant l’IA pour la cybersécurité, pour un montant d’environ 5,3 milliards de dollars. Dans l’autre sens, ce même Thoma Bravo a vendu le fournisseur de cybersécurité Venafi à Cyberark pour 1,5 milliard de dollars US. L’entreprise de cybersécurité britannique Sophos a annoncé l'acquisition de Secureworks, éditeur américain spécialisé dans les solutions MDR et XDR pour environ 859 millions de dollars. Salesforce enfin a racheté Own, spécialiste de la sécurité des données SaaS, pour 1,9 milliard de dollars. 
 

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