Rétrospective

L’année 2023 du secteur informatique dans le rétroviseur

Des méga-acquisitions à l’international aux regroupements entre fournisseurs romands, retour sur les principaux achats, investissements et autres fusions qui ont fait l’actualité du secteur IT en 2023.

(Photo: Jake Weirick sur Unsplash)
(Photo: Jake Weirick sur Unsplash)

L’année 2022 avait vu se succéder les fusions et acquisitions dans le secteur IT romand. Dans une moindre ampleur, la consolidation de la branche s’est poursuivie en 2023. 

Commençons par deux regroupements. Tous trois spécialisés dans les produits et services IT destinés secteur public, OFISA Informatique, Prime Technologies et eAdmin Solutions ont annoncé leur fusion en fin d’année. Nommée Komonn, la nouvelle entité comptera une centaine de collaborateurs et des bureaux à Bussigny, au Noirmont et à Renens. Signalons que plus tôt dans l’année, Abacus a scellé un accord avec eAdmin Solutions comprenant une prise de participation et un soutien commercial sur le marché alémanique. L’autre regroupement concerne Swiss Expert Group. La société née en 2022 du rassemblement de e-Xpert Solutions et de One Step Beyond rachète le spécialiste en cybersécurité fribourgeois eb-qual. Avec cette opération, le groupe atteint lui aussi la centaine de collaborateurs. 

Plusieurs entreprises IT romandes ont par ailleurs racheté des petites sociétés pour élargir leur offre, comme Meanquest qui a créé une ligne de métier dédiée à la cybersécurité suite à l’acquisition de la start-up Sequal. Mais aussi pour étendre leur présence régionale. C’est le cas du Groupe Ansam qui renforce sa présence en Valais avec le rachat du prestataire IT sédunois BIP Informatique. C’est aussi le cas de Silicom Group qui a acquis le fribourgeois Megahertz Computer, et de NETmanage qui a repris les activités de Prana Tech (également fribourgeois) et dispose désormais de succursales à Meyrin, La Chaux-de-Fonds (depuis le rachat de PC’Shop en 2021) et maintenant Fribourg, en plus de son siège de Bevaix. 

En 2023, des investisseurs ont également reprise certains fournisseurs IT romands, comme Cameus, qui a racheté le prestataire IT LAN Computer Systems actif dans les cantons de Berne et du Jury. Dans la même région, le groupe biennois Netrics change de propriétaire, la société de capital-investissement Bregal ayant acquis la majorité des actions précédemment détenues par Waterland.

Enfin, la Poste a poursuivi ses acquisitions dans le secteur IT, après T2i et Hacknowledge en 2022, le géant jaune a repris la majorité du romand SpotMe, dont les outils sont notamment utilisés dans l’événementiel, et racheté la société argovienne Terreactive, forte de quelque 90 collaborateurs spécialisés dans la cybersécurité.

Expansions vers la Suisse et vers l’étranger

Les prestataires IT suisses et leur marché intéressent aussi les groupes étrangers. L’été dernier, le groupe français Scalian s’est ainsi emparé de Yucca IT Solutions, fournisseur de Nestlé depuis plus de 15 ans. Même sort pour le prestataire IT franco-suisse Apalia, tombé dans l’escarcelle de I-TRACING, un groupe lui aussi français, spécialisé dans les services de cybersécurité. Déjà présent en Angleterre, au Canada et à Hong Kong, I-TRACING profite de l’acquisition pour créer une filiale en Suisse et se développer dans la région DACH.

Basé à Londres et propriétaire de ProConcept, le groupe Forterro a quant à lui mis la main sur l’éditeur suisse de l’ERP Proffix, étendant ainsi son offre dans la région germanophone. Signalons également l’offre publique d’achat sur l’éditeur suisse de logiciels bancaires Crealogix lancée en fin d’année par le britannique Vencora, société créée par le fournisseur canadien Constellation Service pour mener des acquisitions dans le domaine des logiciels et des technologies pour le secteur des services financiers. 

Dans l’autre sens, des prestataires IT suisses ont étendu leur activité à l’étranger. Ainsi, le grossiste informatique Also a annoncé l’ouverture d'une nouvelle filiale au Royaume-Uni et permettra aux revendeurs britanniques d’offrir des services applicatifs et d’infrastructure cloud via sa marketplace. Dans une logique cette fois de sourcing, Elca se dote de nouveaux sites de nearshoring en Italie, à Palerme et bientôt à Bolzano. Le prestataire IT entend ainsi accroître sa capacité de nearshoring pour servir le marché Suisse. A noter que le groupe Elca était déjà présent dans la péninsule, avec les bureaux milanais de sa filiale SECUTIX. 

Méga-acquisitions à l’international

En 2022, la plus grosse acquisition à l’international était le rachat de VMware par Broadcom pour 61 milliards de dollars. En 2023, c’est sans conteste celle réalisée par Cisco qui s’empare de Splunk pour quelque 28 milliards de dollars. Éditeur leader dans le domaine de la surveillance et l'observabilité des performances des applications, Splunk va permettre à Cisco de travailler au développement de la nouvelle génération d’outils de sécurité et d'observabilité basés sur l'IA. 

En deuxième place des acquisitions recensées par ICTjournal, Qualtrics passe aux mains de deux fonds d’investissement pour 12,5 milliards de dollars. C’est le deuxième changement de propriétaire en quelques années pour l’éditeur spécialisé dans le monitoring de l’expérience client et employé, qui avait été racheté par SAP en 2018 pour 8 milliards de dollars. 

Parmi les autres acquisitions d’envergeure dans le secteur IT international, signalons le rachat par IBM de la société Apptio, spécialiste de la gestion des coûts informatiques, pour 4,6 milliards de dollars, ainsi que la reprise du grand éditeur allemand Software AG par le fond d’investissement Silver Lake pour 2,2 milliards d’euros. Sans oublier aussi le rachat de Talend par Qlik au printemps dernier. Plutôt qu’acquisition, il faudrait dire mariage arrangé, puisque les deux sociétés spécialisées dans la data appartiennent au fond d’investissement Thoma Bravo, depuis 2016 pour le suédois Qlik (3 milliards de dollars à l’époque) et depuis 2021 pour le français Talend (2,4 milliards).

Sans surprise le domaine de l’IA générative a aussi connu son lot d’acquisitions. Spécialiste de la gestion des données, Databricks a réalisé une opération stratégique en s’emparant de MosaicML pour 1,3 milliard. Et, même si ce n’est pas à proprement parler un rachat, on ne saurait oublier l’investissement de 10 milliards de dollars réalisé par Microsoft dans OpenAI. Une prise de participation stratégique quand on sait combien Microsoft mise sur la diffusion de cette technologie dans tous ses logiciels.

Bien que moindre par le montant, l’acquisition de l’allemand Q_Perior par le français Wavestone mérite qu’on s’y arrête. Le géant européen du conseil IT auquel leur fusion donne naissance ambitionne de réaliser un milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2025. Le nouveau groupe devrait compter quelque 5'500 collaborateurs, dont 350 en Suisse où les deux sociétés sont déjà présentes.

Et puisqu’il est question de géants européens de l’IT, terminons par Atos. En 2023, le groupe français en difficulté a avancé dans son projet dévoilé un an plus tôt de céder certaines activités et de se scinder en deux. Dès janvier, le groupe s’est séparé de son business de communications et collaborations unifiées Unify vendu au canadien Mitel – Unify avait été acheté à Siemens en 2015. Quelques mois plus tard, le groupe français a annoncé céder la marque Atos et ses activités historiques d'infogérance et de workplace au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky pour 2 milliards d’euros. Le solde de l’activité, à savoir les services de Big Data et de sécurité, devraient quant à eux donner naissance à une nouvelle société baptisée Eviden dirigée par Yves Bernaert, ancien directeur d’Accenture Europe.
 

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