Conférence à Genève

En phase de consolidation, les contrats intelligents restent pertinents

Reposant sur la blockchain, les smarts contracts n’ont beau plus être au top de la tendance, ils arriveraient en phase de consolidation, selon le Groupement romand de l’Informatique (GRI), qui vient d'organiser une conférence sur le sujet.

Conférence sur les smart contracts à Genève, de g. à dr.: Jean-Philippe Aumasson (Taurus), Alexandre Jotterand (id est avocats), Pierre Kauffmann (IBM Switzerland), Olivier Naray (GRI). (Source: ICTj)
Conférence sur les smart contracts à Genève, de g. à dr.: Jean-Philippe Aumasson (Taurus), Alexandre Jotterand (id est avocats), Pierre Kauffmann (IBM Switzerland), Olivier Naray (GRI). (Source: ICTj)

Au-delà de l’intérêt médiatique fluctuant dont font l’objet les cryptomonnaies, la blockchain continue d'être expérimentée voire déployée pour répondre aux besoins spécifiques d'entreprises. La plupart des cas d’usage tirent profit des fonctionnalités des contrats intelligents (ou smart contracts), un thème abordé à l’occasion d'une conférence organisée jeudi 20 octobre par le Groupement romand de l’Informatique (GRI), en partenariat avec la FER Genève.

En guise d’introduction, le directeur adjoint de la FER Genève, Olivier Sandoz, a décrit le concept à l'ordre du jour en citant celui qui est considéré comme son inventeur, Nick Szabo: «Un ensemble de promesses implémentés sous forme numérique».

Actifs digitaux gérés via des contrats intelligents

Premier expert à intervenir, Jean-Philippe Aumasson, co-fondateur et Chief Security Officer de Taurus, a souhaité démystifier le concept de smart contracts, faisant observer qu’il ne s’agit en somme que d’un programme informatique qui automatise l'exécution de transactions selon des conditions prédéterminées. Cette première présentation s’est ensuite focalisée sur le domaine d'activités de Taurus, à savoir la tokenisation d’actifs numériques. Mis en avant comme un ensemble de nouveaux modes de financement pour les sociétés non cotées, les actifs digitaux gérés de façon décentralisée via des contrats intelligents suscitent parfois des craintes, notamment en matière de sécurité. L'expert de Taurus s’est toutefois voulu rassurant, précisant que si un token se fait voler, son propriétaire n’est toutefois pas dépossédé de son action, son inscription obligatoire au registre des actionnaires le désignant comme propriétaire légitime.

Les smart contracts ne remplaceront par l'ordre juridique

Le second invité a prolongé la réflexion autour des smart contracts sur le plan juridique. Alexandre Jotterand, associé au sein de l'étude id est avocats, a expliqué que l’on n'a pas affaire ici à des contrats au sens juridiques du terme. La question réside dans la bonne exécution ou non des opérations selon les conditions prévues. Et surtout de la pertinence des ces dernières car, à l’instar des contrats classiques, un smart contract sera «aussi intelligent que son auteur», a soulevé l'avocat. Avant d’estimer que ces protocoles automatisés ne remplaceront pas les juristes et qu’il est utile de prévoir d’y laisser une place à l'ordre juridique.

Logistique et traçabilité

Alors que la tokenisation de Taurus se repose sur une blockchain décentralisée, les entreprises peuvent aussi être attirées par le mode centralisé d’une blockchain privée basée par exemple sur Hyperledger d’IBM. Une technologie mise en avant par le troisième intervenant Pierre Kauffmann. Le responsable blockchain chez IBM Switzerland a essentiellement évoqué des cas d'usage en production dans le domaine de la logistique. Dont la plateforme TradeLens de Maersk qui, selon le spécialiste, couvre aujourd’hui environ 60% du trafic de conteneurs dans le fret maritime à l'échelle globale. Autre projet mentionné, celui de la start-up genevoise Farmer Connect dont l’app de traçabilité permet aux consommateurs de connaître l'origine du café qu’ils achètent et de soutenir les producteurs.

Les offres, projets et cas d’usage présentés lors de l'événement n’ont rien d’inédits. Mais l'assistance a pu s’en inspirer, en constatant que les contrats intelligents restent tout à fait pertinents dans certains contextes. Hype Cycle de Gartner à l’appui, le vice président du GRI Gilbert Chopard avait fait observer plus tôt dans la soirée que les contrats intelligents arrivent aujourd'hui en phase de consolidation. Et de souligner que la technologie pourrait atteindre sa maturité dans les cinq prochaines années. «Il est donc primordial pour la Suisse d’intégrer cette technologie dans sa stratégie digitale, au même titre que le vote électronique, par exemple, voire d’intégrer cette technologie dans les projets de digitalisation en cours», a déclaré Gilbert Chopard.

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