Paiement mobile

Mariateresa Vacalli, Sunrise: «Les produits de paiement NFC devrait arriver en Suisse en 2013»

| Mise à jour
par Interview: Rodolphe Koller

Tous les opérateurs suisses mènent actuellement des projets pilotes dans le domaine du paiement NFC. Mariateresa Vacalli, responsable de ces initiatives chez Sunrise, a expliqué à notre rédaction les objectifs de ces tests et ses perspectives quant à l’adoption du paiement NFC en Suisse.

Mariateresa Vacalli, Directrice Partner Relations & MVNO chez Sunrise. (Quelle: www.martinjoppen.de)
Mariateresa Vacalli, Directrice Partner Relations & MVNO chez Sunrise. (Quelle: www.martinjoppen.de)

Sunrise a initié un projet pilote dans le domaine du paiement mobile. En quoi consiste-t-il?

Nous sommes toute une équipe à travailler sur ce projet. Les tests que nous menons actuellement concernent uniquement les aspects techniques du paiement mobile. Comme d’autres opérateurs, nous voulons développer notre propre expérience en la matière. Cette phase devrait s’achever dans deux à trois mois, après quoi il s’agira de s’atteler aux nombreux aspects opérationnels de cette nouvelle forme de paiement. Il faudra entre autres adapter notre CRM, nos canaux de vente ou encore développer des processus de support, notamment en cas de perte de carte SIM. Je pense qu’il faudra attendre 2013 pour voir de véritables produits arriver sur le marché.

Comment fonctionne concrètement la solution que vous testez actuellement?

L’un des éléments les plus importants de la solution est le serveur TSM (Trusted Service Manager) qui se trouve chez nous et qui gère l’aspect sécuritaire du paiement. Le serveur permet d’identifier, d’activer et de désactiver l’utilisateur over the air (OTA = sans fil), via sa carte SIM qui joue le rôle d’identifiant. Ensuite, dans la solution privilégiée par les opérateurs, il y a l’utilisation d’une carte SIM dotée d’une antenne NFC qui communique avec le terminal de paiement. Pour que cette communication soit possible, il faut encore que le smartphone soit NFC ready, c’est-à-dire muni d’un port spécifique. Enfin, la solution nécessite que le marchand soit équipé d’un terminal de paiement capable de communiquer par NFC, ce qui est déjà le cas des appareils utilisant le système Paypass de Mastercard, comme chez Valora et McDonald’s. C’est l’ensemble de cette chaîne technique que nous testons en ce moment.

Collaborez-vous avec les autres acteurs de l’écosystème?

En matière de cartes SIM avec NFC, nous collaborons étroitement avec le spécialiste Oberthur Technologies. Nous nous rencontrons par ailleurs régulièrement avec Swisscom et Orange au sein d’un groupe de travail dans lequel nous discutons surtout de standards techniques. Il s’agit d’éviter que chaque opérateur suisse ne fasse quelque chose de différent et nous nous orientons aussi aux standards européens pour garantir que nos solutions soient compatibles au-delà de nos frontières. Mis à part les opérateurs télécoms, tous les organismes impliqués échangent de manière informelle, notamment les établissements financiers suisses émetteurs de cartes de crédit. De manière générale, le marché suisse est dans une phase de définition et de tests pilotes et on ne veut exclure aucune piste de solution future.

Justement, dans votre projet pilote actuel, la carte SIM est liée à une carte de crédit. Quelles autres options considérez-vous?

Dans le pilote, la carte de crédit est prédéfinie, mais à l’avenir, nous allons sans doute évoluer vers un véritable porte-monnaie électronique. Le client pourra choisir entre diverses cartes de crédit, mais aussi d’autres possibilités de paiement comme le règlement via la facture téléphonique pour les petits montants ou encore le prépaiement. En outre, le porte-monnaie électronique contiendra vraisemblablement d’autres éléments, comme des cartes et des bons de fidélité. Toutes les possibilités sont ouvertes, c’est le client final qui décidera.

Quelles sont les différences entre votre système et la solution Google Wallet?

La solution de Google se base sur une antenne NFC intégrée à l’appareil et non pas à la carte SIM. A mon avis, le système que nous privilégions correspond mieux aux attentes de sécurité des clients, qui peuvent détruire physiquement la carte SIM pour s’assurer que personne n’effectue de transaction en leur nom, comme avec une carte de crédit. Par ailleurs, la solution Google Wallet peut très bien être utilisée en parallèle à notre système, par exemple pour des utilisateurs américains de visite en Europe.

L’adoption du paiement mobile en Suisse est tributaire des développements d’autres acteurs, comme les fabricants de smartphones et surtout l’équipement des commerces. A quelle vitesse voyez-vous ces évolutions arriver?

Je pense que les opérateurs télécoms jouent un rôle de moteur dans cet écosystème, car ils ont un intérêt clair à offrir de nouveaux services à leur clientèle via leur portable. Les émetteurs de cartes de crédit n’ont d’autre choix que de suivre ce mouvement. En ce qui concerne les téléphones, j’estime que d’ici 2013, tous les fabricants offriront des appareils NFC ready. Enfin et surtout, l’adoption de cette nouvelle forme de paiement dépend effectivement de la quantité des commerces qui l’accepteront. D’après ce que nous entendons, les grandes surfaces devraient déployer des terminaux NFC en 2013. Dès lors que ces leaders ou par exemple les CFF passeront au NFC, on atteindra d’emblée la masse critique nécessaire à une large adoption. Les plus petits commerces y viendront sans doute dans un second temps.

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