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Pourquoi le New Work réinvente le middle management

par Giancarlo Palmisani

Dans le secteur suisse du logiciel, le vent a changé depuis quelques années. De nombreuses entreprises renoncent aux ­structures hiérarchiques rigides et font confiance à l’auto-organisation. Les décisions sont prises là où les idées naissent, ­souvent directement dans les équipes.

Giancarlo PalmisaniResponsable des prestations de l’association / membre de la direction, SWICO
Giancarlo PalmisaniResponsable des prestations de l’association / membre de la direction, SWICO

L’enquête actuelle sur l’industrie du logiciel en Suisse, menée par l’Université de Berne, montre à quel point ce changement est avancé et où il est en panne.

La liberté est devenue la marque de fabrique de l’industrie. Mais en ce qui concerne les salaires ou la formation, il apparaît que la liberté de décision a encore ses limites. Dans cette zone intermédiaire entre autonomie et structures formelles, un rôle que beaucoup avaient déjà oublié réapparaît. Le management intermédiaire fait son retour, mais sous une nouvelle forme.

 

La liberté ne se gagne pas seule

Le passage au New Work est perçu par beaucoup comme une libération. Dans la pratique, cependant, il s’avère que l’autogestion doit être accompagnée.

Une étude de longue durée, publiée dans l’European Management Journal, a observé une entreprise allemande qui avait supprimé son niveau de direction intermédiaire sur une période de 32 mois. L’expérience n’a pas donné de résultats clairs. Environ deux tiers des dirigeants interrogés ont réagi d’abord par la résistance ou l’attente passive, tandis que seulement un tiers d’entre eux a activement profité de la transformation pour se repositionner au sein de l’organisation. Certains ont continué à faire comme avant, d’autres se sont adaptés, et certains se sont réinventés. Ce n’est pas la structure qui a été déterminante. Ce qui a fait la différence, c’est la position sociale de chacun. Ceux qui avaient de l’influence et de la confiance ont pu façonner leur avenir, tandis que ceux qui sont restés isolés ont perdu de leur importance.

 

Comment naît un nouveau leadership

Dans son analyse Future of the Middle Manager,Deloitte décrit le jugement comme étant au cœur de la gestion moderne. Mais pas dans le sens d’une définition étroite des objectifs. Plutôt comme la capacité à assumer des responsabilités, même en l’absence d’informations et avec beaucoup d’incertitudes. Selon Deloitte, 82% des entreprises considèrent que le rôle du middle management est aujourd’hui nettement plus complexe qu’il ne l’était il y a trois ans. Et 68% des managers interrogés estiment qu’ils ne sont pas suffisamment préparés à ce rôle.

À la Harvard Business School, on constate que le nombre de postes de direction stagne au niveau mondial. Mais leur contenu évolue, c’est-à-dire qu’ils passent de la gestion à l’accompagnement et à la coordination entre l’homme et la machine.

En Suisse, des entreprises de logiciels signalent qu’elles ont de plus en plus de mal à trouver des cadres, parce que le rôle lui-même a perdu de son attrait.Aujourd’hui, quiconque occupe un poste de cadre intermédiaire se trouve entre deux fronts: en haut, la pression pour l’efficacité et les résultats, en bas, l’attente de l’autonomie et de la confiance. Cette tension rend le poste exigeant, souvent ingrat. C’est précisément pour cette raison qu’il faut de nouveaux modèles de gestion qui renforcent à nouveau ce rôle de médiateur.

Alain Gut, responsable de l’IG Software chez Swico, décrit comment les entreprises suisses font face à ce défi: «Les entreprises encouragent aujourd’hui l’autonomie et renforcent les compétences individuelles. En même temps, elles reconnaissent que les équipes ont besoin de structures pour mettre en œuvre cette liberté de manière efficace. Cela crée un nouveau focus sur le middle management. Pas comme un retour à la hiérarchie, mais comme un complément à une plus grande autonomie.»

 

Un regard vers l’avenir

Peut-être que New Work est moins une révolution qu’un nouvel équilibre. La responsabilité passe du schéma organisationnel aux relations, de la règle à la confiance.

Pour les entreprises de logiciels suisses, cela signifie que le succès sera mesuré à l’avenir par la qualité de leur conception de la liberté. L’avantage concurrentiel ne réside pas tant dans les technologies que dans la capacité à donner des orientations sans imposer de tutelle.

L’avenir du travail ne se décide pas à partir de la quantité de contrôle qui disparaît. Ce qui compte davantage, c’est la quantité de confiance qui se crée. Et peut-être est-ce là la vraie question: jusqu’à quel point la liberté a-t-elle besoin de leadership pour être viable?


Informations sur le SSIS 2025

La dernière étude fournit pour la onzième fois des données, des tendances et des thèses sur l’industrie du logiciel. Outre des informations sur la croissance et la rentabilité, elle donne des indications sur la façon dont l’industrie du logiciel suisse organise le travail. Cette enquête fournit les résultats les plus complets au niveau mondial. Le SSIS est réalisé par la section Information Engineering de l’Institut d’informatique de gestion de l’Université de Berne, sieber&partners et Swico. 463 entreprises de logiciels ont répondu à l’enquête dans 20 cantons et 3 régions linguistiques.