Employés de terrain

Cris Grossmann, Beekeeper: «Il existe une déconnexion entre les employés de terrain et le reste de l’entreprise»

La crise sanitaire a focalisé l’attention sur les employés de terrain, qui ont des besoins particuliers, explique en entretien Cris Grossmann. Le CEO de Beekeeper nous parle des tendances dans ce domaine et évoque le problème de la déconnexion entre la main-d’œuvre de première ligne et le management.

Cris Grossmann, CEO de Beekeeper. (Source: DR)
Cris Grossmann, CEO de Beekeeper. (Source: DR)

Pourquoi les employés de terrain ont-ils des besoins spécifiques et quelles sont les tendances en la matière?

Il est important d’avoir conscience de la différence fondamentale entre le travail de bureau et celui des employés de terrain, qui peut être pénible, notamment physiquement. Ces collaborateurs restent debout et accomplissent assez souvent des tâches répétitives. Ils doivent en outre gérer les potentiels aléas, contraintes réglementaires ou interruptions propres à un environnement concret et le stress qui en résulte. Leurs besoins sont donc très spécifiques. La pandémie de Covid a mis en avant les employés de première ligne, dont l'importance était souvent  ignorée. Aujourd'hui, les entreprises ont pris conscience qu’il est crucial de retenir et d’attirer cette main-d'œuvre essentielle au fonctionnement de l’entreprise. La crise de Covid a par ailleurs bouleversé le monde du travail et désormais, recruter ces profils est devenu d’autant plus compliqué. Les entreprises doivent en conséquence composer avec des équipes réduites, fluctuantes, et qui ont besoin de formation rapide sur le terrain. Dans l’objectif d'accomplir toujours plus de tâches avec moins d’effectifs, il convient de les équiper avec des outils qui permettent d’augmenter la communication, la qualité, l'efficacité, et la productivité des opérations.

Y a-t-il des tendances particulières dans certains secteurs d'activité?

Beekeeper fournit ses services à tous les secteurs d’activité qui ont des employés de première ligne: typiquement l'industrie manufacturière, la construction, le retail et l'hôtellerie, ou encore les soins de santé. On observe notamment dans le domaine des soins de santé, un secteur fortement impacté par la pandémie, un écart de plus en plus profond entre les besoins en personnel et le nombre potentiel de talents.  Dans l’industrie, la tendance est à la digitalisation d’un certain nombre de processus ou de documents qui permettront d’augmenter la communication et la productivité.. A l'autre bout du spectre, le retail a assez bien résisté à la crise sanitaire mais la rétention des talents y constitue aussi un défi, cette fois en termes de compétitivité. Dans l’industrie hôtelière, la saisonnalité de la demande est un défi particulier, qui nécessite des outils simples et efficaces pour les processus d’intégration, de formation, ou de gestion des heures travaillées. 

Comment des solutions technologiques peuvent aider les entreprises à gérer leurs équipes sur le terrain?

Il convient de s’équiper d’une solution centralisée et taillée sur mesure pour les besoins spécifiques à chaque rôle. C’est ce que Beekeeper propose, avec une plateforme que nous qualifions de «one-stop shop». L'objectif est de faire en sorte que le collaborateur soit engagé, productif et connecté au reste de l'organisation. Dans cette optique, il faut équiper ces employés avec la solution la plus simple et pratique possible, avec une approche centrée sur l'utilisateur. C’est d’autant plus important pour cette main-d’œuvre qui souvent n’a pas d’email professionnel, pas d’accès régulier à un ordinateur personnel, porte parfois des gants ou autre équipement, et qui est très souvent confrontée à des contraintes environnementales, de santé, ou de conformité sur leur lieu de travail. Ceci dit, tout déploiement de nouvelle solution digitale nécessite une gestion du changement particulière: il est impératif d’accompagner le personnel de première ligne dans la mise en place, pour favoriser l'adoption de leurs nouveaux outils numériques.

Quelles fonctionnalités proposent vos solutions?

Elles couvrent les services aux employés, par exemple liés aux ressources humaines (accueil, intégration, formation, ..), mais aussi à l'organisation du travail, (les horaires, l'emploi du temps, les tâches, les documents). Un autre pilier couvre les questions de productivité, en digitalisant les tâches et les processus du travail quotidien du personnel en première ligne ainsi que les traductions (favorisant un environnement plus inclusif). Les fonctionnalités primordiales concernent bien-sûr les aspects de communication et de collaboration. A la fois avec les collègues sur le terrain mais aussi avec les managers et le reste de l'entreprise. Nous observons qu’il existe une déconnexion entre les employés de terrain et le reste de l'entreprise, particulièrement avec le management qui a souvent une idée déformée de la façon dont les tâches de première ligne sont opérées. Beekeeper aide à résorber cette déconnexion.

Comment évolue ce domaine au niveau des interfaces et des équipements? 

Les employés sur le terrain doivent disposer d'applications simples, mobile et basées sur le cloud. Or bien souvent, ils doivent composer avec des solutions bureautiques peu adaptées à leurs besoins. C’est l'une des conséquences de la déconnexion que j'ai déjà évoquée. Concernant les interfaces, les chatbots ont déjà fait leur preuve pour les outils équipant le personnel de première ligne. Par exemple pour répondre à des questions courantes adressées aux ressources humaines. ChatGPT présente donc logiquement un potentiel important et nous explorons cette technologie. Nous avons d'ailleurs organisé un «hackathon» récemment sur le sujet. Les possibilités offertes par les wearables de type lunettes connectées dotés de capacités de réalité augmentée sont également quelque chose qui nous intéresse et que nous explorons.
 

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