Face à l’IA, les employés se reconvertissent sans réel soutien
Selon les résultats d’une étude de LHH, filiale d’Adecco, près de la moitié des dirigeants reconnaissent avoir supprimé des postes en raison de l’IA, mais cette réalité reste largement méconnue des salariés. Dans ce contexte, la reconversion s’impose et passe le plus souvent par l’autoformation.

Le rapport montre que la perception des collaborateurs diffère nettement de celle des employeurs. Alors que seulement 12,4% des personnes interrogées estiment que l’IA est responsable de leur licenciement, 46% des cadres dirigeants interrogés dans le cadre d’études menées parallèlement par le groupe Adecco reconnaissent avoir supprimé des postes directement à cause de l’automatisation ou de l’introduction d’outils d’IA dans leur organisation.
Selon ces mêmes dirigeants, la dynamique va se poursuivre: 54% d’entre eux s’attendent à devoir supprimer encore davantage de postes dans les cinq prochaines années, toujours en lien avec l’implémentation de technologies basées sur l’IA. Les collaborateurs concernés par ces évolutions connaissent des périodes de transition professionnelle significativement plus longues. Ils sont plus souvent contraints de changer non seulement d’entreprise, mais aussi de métier, et nécessitent donc un accompagnement individualisé plus important.
La majorité des collaborateurs se forment à l’IA de manière autonome
Le rapport met également en évidence une volonté manifeste des collaborateurs de se former à l’IA. Plus de 70% des candidats en transition ont ainsi commencé à acquérir des compétences en IA, mais souvent de manière autodidacte. Parmi eux, beaucoup se forment via des tutoriels ou des exercices pratiques en autonomie. Près d’un tiers utilise des plateformes de cours à la demande. Seuls 10% déclarent bénéficier d’un programme de formation encadré par leur employeur. LHH constate ainsi un écart croissant entre les besoins en formation et l’offre effective de la part des organisations.
En 2024, 58% des candidats accompagnés par LHH ont changé de fonction, alors que 74% d’entre eux exprimaient initialement le souhait de retrouver un poste similaire à celui qu’ils occupaient auparavant. Ce constat illustre la difficulté à rester dans un rôle équivalent une fois touché par une suppression de poste liée à l’IA. «La plupart des collaborateurs acquièrent par eux-mêmes leurs compétences en matière d’IA. Pour permettre une reconversion professionnelle, les employeurs doivent toutefois agir dès maintenant», déclare Svyatoslav Shalayoda, Senior Vice President LHH Career Transition & Mobility / Leadership Development de la Suisse.
L’IA mobilisée dans la recherche d’emploi
Le rapport montre par ailleurs que les personnes qui apprennent à utiliser l’IA l’intègrent rapidement dans leurs démarches de recherche d’emploi. Parmi celles qui suivent une formation en IA, la plupart utilisent des outils d’IA pour rédiger leur CV, rechercher des offres ou préparer leurs entretiens. Tandis que seule la moitié des candidats n’ayant pas engagé de démarche de formation procède ainsi. Selon LHH, l’apprentissage de l’IA favorise la confiance dans son utilisation. L’entreprise estime aussi que l’intégration d’expériences pratiques avec des outils alimentés par l’IA dans les programmes de transition de carrière aide les candidats à développer des compétences utiles pour retrouver un emploi.