Étude de l’Université de Stanford

L’IA fragilise l’emploi des jeunes

par Joël Orizet et NetzKI Bot et traduction/adaptation ICTjournal

Selon une étude de l’Université de Stanford, l’IA générative met en péril l’emploi des jeunes travailleurs: dans les métiers où la technologie prend en charge les tâches de débutants, les moins de 25 ans voient leurs opportunités professionnelles fortement diminuer.

(Source: Katrin_Primak / stock.adobe.com)
(Source: Katrin_Primak / stock.adobe.com)

L’intelligence artificielle bouleverse le marché du travail – et touche surtout celles et ceux qui débutent. Une étude de l’Université Stanford montre que, depuis l’arrivée de ChatGPT fin 2022, l’emploi des jeunes développeurs de logiciels âgés de 22 à 25 ans a reculé d’environ 20%.

Au total, le nombre de 22-25 ans dans les métiers fortement exposés à l’IA générative a chuté de 6%. Outre le développement de logiciels, les activités du service client sont également particulièrement touchées. De manière générale, la perte d’emplois concerne surtout les domaines dans lesquels l’IA automatise et remplace entièrement le travail humain, au lieu de simplement l’assister. Dans les domaines au potentiel d’automatisation moindre, comme les soins, l’emploi des jeunes continue en revanche de croître, selon les résultats.

L’expérience protège – mais pas tout le monde

Les chercheurs avancent une explication à cette tendance: l’IA maîtrise avant tout le «savoir de manuel», qui constitue le cœur d’une formation formelle. Elle ne peut toutefois pas retirer aux collaborateurs expérimentés le savoir pratique acquis au fil des années et la capacité intuitive de résolution de problèmes – le «savoir implicite». Les travailleurs plus âgés sont donc mieux protégés contre la concurrence directe de la technologie, constatent les auteurs de l’étude.

Cette protection qu’offre l’expérience professionnelle n’est toutefois pas la même pour tous: chez les salariés sans diplôme universitaire, elle reste beaucoup plus limitée face à la concurrence de l’IA. Dans ces groupes, les effets négatifs sur l’emploi ne touchent pas seulement les 22–25 ans, mais s’étendent parfois jusqu’aux quarantenaires.

Des données de millions de salariés comme base

L’étude s’appuie sur une vaste base de données du prestataire de paie ADP, qui recense mensuellement les données d’emploi anonymisées de millions de salariés aux États-Unis. Il s’agit de la première analyse de cette ampleur à refléter l’influence réelle de l’IA sur le marché du travail.

Pour éliminer tout biais, les chercheurs ont pris en compte d’autres causes possibles, afin de vérifier que l’effet n’était pas simplement dû à la vague de licenciements dans la tech ou à la généralisation du télétravail.


Les auteurs appellent toutefois à la prudence. Ils rappellent que, bien que la base couvre des millions de salariés, elle ne reflète pas parfaitement la structure de l’économie américaine dans son ensemble. Ils reconnaissent aussi que, si leurs résultats pointent fortement l’IA comme facteur principal, d’autres éléments non pris en compte peuvent avoir joué un rôle. L’étude fournit donc un indice clair, mais pas une preuve définitive de causalité.
 

Tags
Webcode
dHMn4jam