Collaboration avec les EPF

L'app de traçage fédérale pourrait être déployée dès le 11 mai

D’ici quelques semaines, la Confédération pourrait déployer une app mobile avertissant les utilisateurs qu’ils ont été en contact avec une personne infectée par le coronavirus. Elle devrait se baser sur le concept décentralisé DP-3T développé par des chercheurs des EPF.

Photo: Clique Images sur Unsplash
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L’EPFL et l’EPFZ annoncent que la Confédération soutient leur projet d’app de traçage des contacts DP-3T, sur lequel les deux institutions travaillent depuis plusieurs semaines avec d’autres chercheurs européens. Une app basée sur le concept DP-3T pourrait voir le jour le 11 mai déjà, date de la réouverture des écoles et des commerces.

Testé ces derniers jours par l’armée sur son campus, le système développé à l’EPFL s’appuie sur une app mobile et un mécanisme en grande partie décentralisé pour avertir les utilisateurs qu’ils ont été en contact avec une personne qui s’est ensuite révélée infectée.

>Sur ce sujet: App pour tracer les contacts: utilité, fonctionnement, arbitrages, applicabilité, risques

Apple et Google ont annoncé il y a quelques jours un concept analogue ainsi que le développement d’une API facilitant l’utilisation de la technologie Bluetooth par les applications de traçage. L’app de la Confédération exploitera d’ailleurs cette interface standard sitôt disponible, selon le directeur de l’OFSP, cité dans le communiqué.

Différents mécanismes en concurrence

Plusieurs pays européens envisagent également de recourir à des apps de traçage de contact et plusieurs concepts se font une concurrence parfois vive. Dans une déclaration publiée il y a quelques jours, 300 chercheurs du monde entier défendent ainsi l’emploi exclusif de solutions décentralisées - comme celles des EPF ou du MIT - et leur opposition à des solutions davantage centralisées. Bien qu'ils ne soient pas cité, on pense au projet français ROBERT et au projet allemand basé sur PEPP-PT (avec lequel les EPF collaboraient avant de s’en distancier).

La différence: dans les approches plus décentralisées à la DP-3T, les autorités ne connaissent que les personnes infectées, alors que dans les variantes plus centralisées, elles seraient à même de reconstituer les contacts ayant eu lieu entre toutes les personnes (infectées ou non). Un «social graph», qui intéresse certains responsables et chercheurs, car il permettrait de mieux comprendre la propagation du virus. Le mécanisme a en revanche le double défaut de collecter plus de data que nécessaire, et de servir un objectif indirect pas forcément connu des utilisateurs.

Cette polémique technique entre des concepts plus moins décentralisés ne saurait cependant éluder un débat plus fondamental qui fait cruellement défaut: Est-il souhaitable de tracer les contacts via un smartphone, quand bien même cela serait respectueux de la sphère privée?

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