Pandémie

Traçage des contacts: Apple et Google entrent dans la danse

Apple et Google ont annoncé la mise à disposition prochaine d’une API commune facilitant le recours à la fonction Bluetooth par les apps de traçage de contacts. Un concept calqué sur les projets menés par les EPF et au MIT. Alors que de nombreux pays s’y intéressent pour freiner la pandémie, le traçage de contacts fait aussi polémique.

Photo: Timon Studler sur Unsplash
Photo: Timon Studler sur Unsplash

Dans un communiqué commun, Apple et Google ont annoncé le la mise à disposition courant mai d’une API pour faciliter l’utilisation du Bluetooth par les apps de traçage de contact. Dans un second temps, les deux éditeurs leaders de systèmes d’exploitation mobiles souhaitent intégrer la fonctionnalité de traçage directement dans leurs OS respectifs. Le projet d’Apple et Google s’inscrit dans la lignée des développements actuels menés notamment au MIT et dans les EPF suisses et pourrait accélérer le lancement de premières apps.

Pour rappel, le projet DP3T des EPF propose un mécanisme en partie décentralisé s’appuyant sur une app mobile pour avertir les personnes ayant été en contact avec un individu infecté, tout en préservant l’anonymat de chacun. Le système exploite la technologie Bluetooth pour identifier les utilisateurs à proximité sans passer par la géolocalisation.

>Lire ici notre article décrivant dans le détail le concept PEPP-PT sur lequel s’appuie le développement des EPF

La mise à disposition d’une app mobile pour retracer les contacts intéresse de nombreux gouvernements dans leurs efforts pour ralentir la pandémie, en particulier lors d’un probable déconfinement progressif. L’Union européenne a notamment appelé à ce que les pays membres développent une approche coordonnée et des solutions interopérables en la matière.

Pas la panacée

L’idée de tracer les contacts ne fait cependant pas l’unanimité. Les prises de position pour ou contre se multiplient et le sujet fait beaucoup débattre, tant sur les aspects techniques du mécanisme (anonymat, vulnérabilité) que sur son impact social (ségrégation, effets normatifs) ou sa dimension politique (surveillance, pérennité du système, utilisation libre ou contrainte). Dans ce contexte, le fait qu’Apple et Google se joignent au mouvement et prévoient d’intégrer le traçage au sein de leur OS, est vu par certains comme une mauvaise nouvelle.

A cela s’ajoute que Singapour, qui faisait office de pionnier en la matière avec son app TraceTogether, a récemment dû adopter des mesures de confinement, le traçage des contacts par voie numérique se révélant insuffisant. Dans un billet publié il y a quelques jours, Jason Bay, directeurs des services numériques gouvernementaux de Singapour, exprimait ainsi ses doutes: «Si vous me demandez si un système de traçage des contacts via Bluetooth déployé ou en développement, où que ce soit dans le monde, est prêt à remplacer la recherche manuelle des contacts, je vous répondrai sans réserve que non. Pas maintenant et, même avec les atouts de l’intelligence artificielle, du machine learning et - Dieu nous en préserve - de la blockchain (mettez ici le buzzword que vous voulez), pas dans un avenir prévisible.»

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