Micro-marché d'électricité

A Saint-Gall, la blockchain a boosté la consommation locale d'énergie solaire

Dans le canton de Saint-Gall, un projet pilote d’un an a permis à des foyers de vendre et d’acheter de l'énergie solaire en passant pas une application blockchain. Globalement concluant, l’essai a doublé la consommation d'électricité solaire produite localement.

Un marché d'électricité locale basé sur la blockchain a été testé avec succès en Suisse. Mené durant un an et conclu en janvier, ce projet pilote soutenu par l'Office fédéral de l'énergie (OFEN) a impliqué 37 ménages d’un quartier de Walenstadt (Saint-Gall). Les foyers participants ont pu échanger de l'énergie solaire sans intermédiaire, par le biais d’une application web où ils pouvaient fixer leurs propres prix d'achat et de vente. Les transactions étaient traitées automatiquement via une blockchain privée. Cet essai pilote a été mené par des chercheurs de l’EPFZ et de l’Université de Saint-Gall. Le fournisseur d'électricité local, Water and Electricity Works Walenstadt (WEW), a fourni l’accès à son réseau de distribution mais a aussi participé aux échanges pour équilibrer l’offre et la demande.

Deux fois plus d’énergie solaire consommée

Le bilan est globalement positif. La mise à disposition de ce portail pour la gestion de l'énergie a presque doublé les achats d’électricité solaire produite localement. Les ménages impliqués dans ce projet dénommé «Quartierstrom» ont couvert 33% de leur demande d'électricité avec l'énergie solaire produite dans le quartier. L'expérience a en outre montré que les usagers n'étaient pas prêts à payer plus cher l'électricité achetée via cette plateforme, les prix d’achat fixés étaient rarement plus élevés que ceux de l'énergie traditionnelle provenant du réseau. Les chercheurs ont conclu qu’un système de tarification automatique basé sur l’offre et la demande s’avère plus efficace pour s’assurer d'écouler tout le stock d’énergie solaire.

Blockchain suffisamment robuste

Au niveau technique, le bilan de l’essai pilote est satisfaisant côté software. Le système de blockchain privée s’est avéré robuste pour le nombre limité d’installations solaires du réseau testé. «Il serait possible d'augmenter la taille du système en construisant des blockchains multiples pour différents quartiers», explique Arne Meeuw (Université de Saint-Gall), en charge du développement de cette plateforme. En revanche, l’essai n’a pas été concluant côté hardware. Les chercheurs ont fait appel à des compteurs de consommation faits maison (basés sur des (Raspberry Pi), lesquels ont connus un certain nombre de défaillances. Pour une mise en production à échelle plus vaste, ce type de marché d'électricité local nécessiterait des compteurs intelligents certifiés et stables intégrant des composants capables de faire tourner différents logiciels, précisent encore Arne Meeuw.

Selon les responsables de «Quartierstrom», ce projet est le premier essai concluant concernant un place de marché d'électricité locale basée sur la blockchain. Rappelons que les offres de déploiement de micro-réseaux d'énergie pour un petit groupe de foyers ou d'entreprises sont déjà une réalité en Suisse, notamment chez Romande Energie. L'institut Icare, à Sierre, analyse aussi le potentiel de la blockchain pour sécuriser les transactions de ce type de communauté de consommation d'électricité en Valais.

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