Le modèle serverless préfigure le NoOps
Architecture permettant à l’IT d’automatiser l’allocation des capacités de calcul, de stockage et de mémoire, le serverless est de plus en plus adopté. Appliqué à toujours plus d’opérations, ce modèle tend vers une approche NoOps qui réduirait à l'extrême les tâches d'exploitation.
«Pas de gestion de serveurs bare-metal ni de machines virtuelles, aucun container, rien de ce qui nécessite de gérer un hôte, de patcher un hôte ou de régler quoi que ce soit au niveau du système d'exploitation», voilà la promesse d’une architecture serverless de l’avis de Chris Munns, spécialiste de la question chez AWS. Serverless ne signifie donc pas - comme le terme le suggère - la disparition pure et simple des serveurs, mais se réfère à un modèle où les fournisseurs cloud automatisent l’allocation des capacités de calcul, de stockage et de mémoire de manière dynamique.
L’adoption de l'approche serverless augmente
Selon l’édition 2019 du rapport de Flexera/RightScale, le serverless a le vent en poupe et s'impose comme le groupe de services cloud qui connaît la plus forte croissance en terme d’adoption pour la deuxième année consécutive. Une entreprise sur cinq expérimente avec ce type d’architecture et plus d’un tiers utilise aujourd'hui des solutions serverless qui, aux dires de Deloitte, offrent aux CIO une boîte à outils en mesure de transformer leurs opérations informatiques. Avec à la clé plusieurs promesses, notamment en terme de gestion des coûts.
Promesses d’économie
Le modèle serverless offre en effet plusieurs avantages par rapport aux modèles IaaaS et SaaS pour lesquels les clients paient souvent un prix fixe mensuel ou annuel, qu'ils utilisent ou non toute la capacité fournie. En ne facturant aux clients que les ressources consommées strictement pendant la durée de vie de la fonction appelée, le serverless promet des économies de coûts importantes pour de nombreuses charges de travail. Ce type d’architecture offre en outre une évolutivité et une haute disponibilité infinies, ainsi qu’une absence de coûts liés aux temps morts.
Vers le NoOps, l’environnement IT automatisé à l’extrême
L’informatique serverless peut surtout être considéré comme la première étape d’une transformation vers une approche NoOps, soit vers un environnement IT automatisé à l’extrême. En plus des opérations dont les équipes IT n’ont plus à se préoccuper en adoptant une architecture serverless, l'approche NoOps les décharge aussi de l'administration réseau et des opérations liées à la sécurité ou encore au monitoring. Le déploiement de code et l'application de correctifs restent des tâches qui incombent à l’IT, mais pour le reste, l’exploitation est tellement «abstraite de l'infrastructure sous-jacente qu'il suffit d'une très petite équipe pour la gérer», explique les consultants de Deloitte.
Les leaders du cloud proposent aujourd’hui tous des plateformes serverless capables d’aider les utilisateurs à se diriger toujours davantage vers le NoOps. Amazon, Google et Microsoft dominent le marché, avec respectivement AWS Lambda, Google Cloud Functions et Azure Functions. Avec Cloud Function Compute, Alibaba se positionne aussi sur ce marché, à l’instar d’IBM (IBM Cloud Functions) et Oracle (Oracle Functions).
Des freins subsistent
Encore en train d’évoluer, le modèle serverless n'est en aucun cas un remède à tous tous les problèmes de développement et d'exploitation, nuancent les consultants de Deloitte. Les outils de production offrant une visibilité satisfaisante au sein des environnements de développement serverless sont par exemple encore trop limités. Outre les problèmes liés à la migration, au monitoring et à la correction de bugs, les entreprises craignent aussi le Vendor Lock-In: une étude de DigitalOcean montre ainsi qu’un quart des firmes sont réticentes à adopter l'approche serverles de peur de se faire enfermer dans une collaboration avec un fournisseur dont les produits ne deviendront finalement pas un standard de l'industrie.