Environnement

A lui seul, le bitcoin pourrait faire grimper la température mondiale de 2°C

En une semaine, deux études américaines publiées par Nature viennent pointer du doigt le coût énergétique de l’émission et des transactions en cryptomonnaies, et leurs conséquences sur la planète. A lui seul, le bitcoin pourrait faire tomber l’accord mondial sur le climat approuvé en 2015 lors de la Conférence de Paris (COP21).

Les cryptomonnaies, une tendance complétement à contre courant de la lutte contre le réchauffement climatique (Source: Fabian Struwe via Unsplash)
Les cryptomonnaies, une tendance complétement à contre courant de la lutte contre le réchauffement climatique (Source: Fabian Struwe via Unsplash)

Sur les 197 pays reconnus par l’Organisation des Nations Unies, 195 étaient présents à Paris, le 12 décembre 2015, pour approuver le premier accord universel sur le climat. Objectif principal: diminuer les émissions de gaz à effet de serre pour contenir le réchauffement climatique sous les 2°C et ainsi éviter ses conséquences catastrophiques (sécheresse, montée des eaux, inondations…). Depuis, les Etats-Unis se sont retirés de cet accord… et les crypto-monnaies sont devenues tendance. La deuxième partie de cette phrase est sans doute aussi grave que la première. En effet des chercheurs américains ont publié la semaine dernière dans Nature Climate Change que l’émission et les échanges de bitcoins pourrait à elle seule produire suffisamment de CO2 pour faire passer le réchauffement au-dessus de la barre des 2°C. En 22 ans.

La création de bitcoin (minage) et les transactions dans cette monnaie virtuelle sont extrêmement énergivores car elles basées sur des algorithmes cryptographiques qui requiert d’énormes puissances de calcul. «En compilant les données sur la consommation d'électricité des différents systèmes informatiques utilisés actuellement pour la vérification des transactions en bitcoin et les émissions provenant de la production d'électricité dans les pays des entreprises qui ont effectué ce calcul, nous avons estimé qu'en 2017, l’utilisation de bitcoins a émis 69 MtC (mégatonnes de carbone)», expliquent les auteurs du papier. En étudiant le succès constaté du bitcoin depuis sa naissance en 2009 et la démocratisation d’autres technologies, les chercheurs de l’université d'Hawaï à Mānoa ont ensuite extrapolé le rythme d’adoption de la crypto monnaie pour les années à venir, et la consommation énergétique associée. Il en ressort que l’utilisation projetée du bitcoin pourrait à elle seule être à l’origine des 231,4 à 744,8 GtC (gigatonnes de carbone) qui feraient monter la température de la planète de 2°C.

Ethereum, Litecoin, Monero...

Mais le bitcoin n’est pas la seule cryptomonnaie qui a le vent en poupe. Deux autres chercheurs américains ont publié ce 5 novembre, dans Nature Sustainability, une autre étude comparant le coût énergétique pour fabriquer un dollar de quatre des principales cryptomonnaies à celui nécessaire pour extraire un dollars de différents métaux précieux. «Entre le 1er janvier 2016 et le 30 juin 2018, nous estimons que le minage de bitcoin, d'ethereum, de litecoin et de monero a nécessité en moyenne et respectivement 17, 7, 7 et 14 MJ (mégajoules) pour produire un dollar US. En comparaison, l'extraction conventionnelle de l'aluminium, du cuivre, de l'or, du platine et des oxydes de terres rares a consommé 122, 4, 5, 7 et 9 MJ pour générer respectivement un dollar US, ce qui indique que (à l'exception de l'aluminium) le minage de cryptomonnaies consomme plus d'énergie que l'extraction minière pour produire une valeur marchande équivalente», résument les deux scientifiques du Oak Ridge Institute for Science and Education, à Cincinnati (Ohio).

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