Ville intelligente

Qu’y a-t-il de smart dans l’initiative Smart Geneva?

L’Etat de Genève lance l’initiative Smart Geneva, qui vise à fédérer dans la région l’ensemble des acteurs impliqués dans la ville intelligente et à stimuler l'innovation dans le domaine. Les précisions de son responsable Patrick Montier, Smart City Manager du canton.

Patrick Montier, Smart City Manager de la République et canton de Genève. (Source: DR)
Patrick Montier, Smart City Manager de la République et canton de Genève. (Source: DR)

Le Conseil d’Etat genevois a annoncé l'adoption de l’initiative Smart Geneva, décrite comme «la démarche Smart City du Grand Genève qui fédère, via une plateforme numérique, une communauté active et des événements phares, des acteurs privés, parapublics, académiques et étatiques engagés dans des projets innovants au service de la transition écologique du territoire». Une dizaine de solutions qualifiées d’innovantes ont d’ores et déjà passé le stade d’évaluation pour bénéficier d’une promotion via la plateforme web et les réseaux sociaux de l’initiative. Des projets dont la composante numérique est parfois modeste, mais qui s'inscrivent néanmoins dans la définition du concept de «ville intelligente» du canton du bout du lac. Les explications de Patrick Montier, récemment nommé Smart City Manager de la République et canton de Genève.

Quelle est la mission de l’initiative Smart Geneva?

Smart Geneva vise à créer ce qu’il manque dans la région, à savoir une communauté d’acteurs impliqués dans la Smart City et un lieu «totem» propice aux rencontres. Il s’agit de mettre en place un écosystème stimulant l'innovation dans le domaine, en faisant la promotion de projets innovants. Nous n’avons nous-mêmes pas la vocation à faire office d’incubateur ou d'accélérateur. Notre fonction est d'animer le réseau et de faciliter l’accès à des incubateurs ou à d’autres ressources, notamment en matière de financement. Nous prévoyons aussi d'organiser des meet-up et des événements. Nous avons en outre l'intention de travailler sur une base de données qui agrègent toutes les données du territoire, afin de les analyser et produire des informations utiles pour la gestion durable du territoire.

La composante technologique et numérique des projets promus par Smart Geneva est dans certains cas modeste. Pourquoi?

Le concept de Smart City a passablement évolué ces dernières années. La Smart City 1.0 mettait la technologie au centre, alors que la Smart City 2.0 la mettait au service des communes. Aujourd'hui, on parle de Smart City 3.0, qui correspond à ce qui se fait dans les pays scandinaves et qui consiste à mettre la technologie au service du territoire pour faire face aux enjeux de l'urbanisation et du réchauffement climatique. Dans notre vision, la ville intelligente fait une utilisation raisonnée des technologies numériques, par exemple en prenant garde à recourir avec parcimonie à des capteurs qui peuvent s’avérer très énergivores. Cela dit, nous n’opposons pas la technologie aux villes durables mais la considérons simplement comme un moyen pour pouvoir ramener de l'information du territoire. Nous expérimentons par exemple en ce moment des capteurs sonores qui identifient les catégories de véhicules en analysant leur signature sonore, dans l’idée de se passer de caméras qui posent problème en matière de privacy.

Comment sélectionnez-vous les projets mis en avant via Smart Geneva?

On se base sur une grille d’évaluations qui nous permet de nous assurer qu'à la fois le projet et le porteur de projet sont viables. On considère une cinquantaine de critères tels que le modèle économique, la gouvernance, l’éthique ou encore le potentiel de création d'emploi. On va aussi se demander en quoi le projet est innovant, reproductible et évaluer les bénéfices sur les différents axes d'une smart city que sont l'environnement, la mobilité, la santé, l'économie circulaire ou encore le bien-être des citoyens. C’est une décision collégiale. Il faut savoir qu’en plus de l’Etat, la gouvernance de Smart Geneva comprend des représentants des communes et des milieux académiques, la Ville de Genève et les Services industriels de Genève. On espère aussi qu'un délégué français du Grand Genève puisse nous rejoindre.

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