Conseil fédéral

Ueli Maurer: «La cyberadministration va de l'avant là où la pression vient des entreprises»

Ueli Maurer a été élu Président de la Confédération pour l’année 2019. En tant que Chef du Département fédéral des finances, le zurichois est aussi en charge de la numérisation de l’administration fédérale. En entretien avec nos collègues de la Netzwoche, il revient sur les chantiers IT de son administration et sur les défis et opportunités de la Suisse en matière numérique, qu’il s’agisse d’emploi, de start-up, ou de blockchain. 2ème partie: la cyberadministration en Suisse.

(Source: Netzmedien)
(Source: Netzmedien)

2. CYBERADMINISTRATION

Si vous comparez votre département avec les ministères des finances d'autres pays en termes de numérisation, qui fait le meilleur travail?

Il n'y a pas un seul État qui soit bon partout. Chacun a ses forces. Le Danemark, par exemple, a aujourd'hui les meilleurs processus. La Suède et la Norvège sont également très avancées. Je suis plus sceptique à l'égard de l'Estonie, qui est toujours citée en exemple. Dans l'ensemble, la Suisse se situe au milieu du peloton des États européens. Certains sont en retard, d'autres en avance. Pour nous, le système fédéraliste avec ses trois niveaux de gouvernement est un certain frein: nous avons davantage d'obstacles à surmonter que les États à gestion centralisée lorsqu'il s'agit de mise en œuvre.

Quelle est la force de la Suisse?

Nous sommes forts dans le secteur privé. Nous figurons parmi les leaders mondiaux dans le domaine des Fintech et de la Blockchain. Nous sommes également à la pointe en matière de cybersécurité. C'est lié à notre mentalité, à notre besoin de sécurité, qui est plus important que dans d'autres pays. Un autre point fort de la Suisse est sa capacité de mise en œuvre, même si son rythme est un peu plus lent qu'ailleurs.

La cyberadministration va de l'avant là où la pression vient des entreprises.

Vous placez la Suisse dans la zone médiane dans le domaine de la numérisation de son administration. En même temps, le pays se considère comme le numéro 1 de l'innovation et de la concurrence mondiale. Comment cela s'articule-t-il?

Les pionniers de la cyberadministration ont également commis des erreurs. Cet été, nous avons travaillé avec les cantons à l'élaboration d'une stratégie de cyberadministration qui offre un bon point de départ pour une mise en œuvre. Nous savons où nous en sommes, quels sont nos objectifs et quelles sont nos priorités. Mais il y a aussi des problèmes pratiques. L'emblématique vote électronique est en attente. D'autres projets sont en revanche mieux lotis, comme eDéménagementCH. Je crois que nous allons rattraper notre retard.

Qu'est-ce qui freine la Suisse?

C'est toujours une question de point de vue. Nous avons l'avantage de disposer d'un système sur support papier efficace, rapide et sécurisé. Il est plus difficile de convaincre les gens de passer au numérique pour gagner en rapidité et en sécurité qu'en Estonie, par exemple, où ils sont partis de rien après la chute de l'Union soviétique. L'administration fédérale aura donc besoin de plus de temps. Mais quand il s'agit d'interfaces avec les entreprises, comme pour DaziT, nous sommes parmi les meilleurs. Cela montre que la cyberadministration va de l'avant là où la pression vient des entreprises. Elles se numérisent elles-mêmes et exigent la même chose de nous.

En même temps, le secteur privé accuse le gouvernement fédéral de trop de réglementation et de lenteur. On dirait que vous ne pouvez pas plaire à tout le monde. Comment procédez-vous?

Pour être honnête, nous avons commencé tardivement dans certains domaines. L'introduction de l'identité électronique, par exemple, a été relativement lente. C'est insatisfaisant, il faut simplement faire mieux maintenant. Cela nécessite un savoir-faire technologique et un bon réseau. Tous deux sont présents en Suisse, avec des relations directes et des échanges étroits. Ailleurs, les chemins sont compliqués et l'on rencontre rapidement des lacunes ou des erreurs lorsqu'on se penche sur la numérisation.

Consultez ici les autres parties de l’interview:

1. Les chantiers IT de la Confédération

3. L’impact du numérique sur l’emploi

4. Start-up et crypto-économie

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