Pépite

Trekksoft, la discrète start-up suisse du tourisme qui ne cesse de grossir

Les incartades BtoB de Booking et TripAdvisor ne lui font pas peur. Basée à Interlaken, Trekksoft multiplie les rachats pour pouvoir proposer des logiciels back-office adaptés à tous les fournisseurs d’activités touristiques. En Europe. Pour l’instant.

Hannes Waldhart a vendu son entreprise Waldhart Software à Trekksoft, dirigée par Philippe Willi (à droite)
Hannes Waldhart a vendu son entreprise Waldhart Software à Trekksoft, dirigée par Philippe Willi (à droite)

Sur son site, Trekksoft annonce la couleur. La home page de la start-up d’Interlaken parle davantage de sa volonté d’acquisition d’autres entreprises que de son activité de fournisseurs de logiciels pour le secteur du tourisme. Créée en 2010, la pépite bernoise vient de racheter l’autrichienne Waldhart Software et ses outils back-office pour les pourvoyeurs de séjours au ski. En avril, Trekksoft s’était offerte la britannique DigiTickets et sa solution de gestion de billetterie pour attractions (musées, zoo,...) et événements. En 2015 et 2016, elle avait déjà jeté son dévolu sur Acteavo et Myobis.

«Nous demeurons concentrés sur les logiciels verticaux de niche pour les entreprises qui offrent des expériences aux touristes arrivées à destination», détaille Philippe Willi co-fondateur et CEO du groupe. «Une solution fonctionnelle pour un musée ne sera pas optimale pour une société qui propose des tours en bateaux et réciproquement, c’est pourquoi nous n’allons pas faire une plateforme unique mais voulons faire croître chacune des entreprises que nous rachetons tout en centralisant certains aspects comme le marketing, les embauches ou l’alignement des roadmaps produits», poursuit le dirigeant.

«Sur ce marché, il y a de la place pour Peek, Trekksoft, et beaucoup d'autres»

S’ils font grimper l’effectif de Trekksoft à 120 personnes, les 25 employés de DigiTickets sont donc restés à Exeter, et les 25 de Waldhart Software garderont leur bureau à Innsbruck. Des acquisitions que l’entreprise d’Interlaken finance grâce aux quatre levées de fonds réalisées entre 2013 et 2015, des prêts d’actionnaire mais aussi «un cash flow positif», précise un Philippe Willi plus que mystérieux lorsqu’il s’agit de parler des comptes de la compagnie. Nous saurons seulement qu’elle réalise entre 10 et 20 millions de chiffre d’affaires annuel.

Cette croissance (externe comme organique) sera-t-elle suffisante pour tenir la dragée haute à Peek, la start-up californienne concurrente qui a déjà levé 40 millions de dollars auprès d’investisseurs tels que Eric Schmidt (ex-Google), Jack Dorsey (Twitter) ou encore Paul English (Kayak)? Philippe Willi balaye la question d’un revers de la main. Selon lui, «sur ce marché, il y a de la place pour Peek, Trekksoft, et beaucoup d'autres.» En attendant que Peek ne traverse l’Atlantique, la société suisse construit donc son portefeuille, en se concentrant sur l’Europe mais non sans garder un oeil sur l’Amérique du Nord. «Oui, nous aimerions acheter plus d'entreprises, mais pas n’importe lesquelles. Nous voulons rester dans nos niches et n’acquerrons que des perles rares», commente l’entrepreneur.

«Nous sommes davantage comme un ERP»

Une manière de répondre aux incursions des géants Booking.com et TripAdvisor sur ce marché des softwares pour fournisseurs d’activités touristiques. Le 19 avril dernier, Booking a annoncé le rachat de l’américain FareHarbor, spécialiste des logiciels de réservation. Le lendemain, TripAdvisor devenait propriétaire de l’islandais Bokun, actif sur le même secteur.

«Ces deux grandes plateformes sont des canaux de distribution axés sur le BtoC, ces rachats leur permettent d’obtenir des data côté fournisseurs mais ne vont pas changer leur focus. Nous sommes davantage comme un ERP, nos clients sont les entreprises», relativise le CEO avant d’ajouter: «Nous n’avons d’ailleurs pas perdu beaucoup de clients suite à ces annonces de rachat et nos partenariats avec Booking et TripAdvisor n’ont pas été remis en cause.»

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