Le MPC émet des mandats d’arrêt

La Suisse au cœur de la riposte contre les cyberpirates de «Noname057(16)»

par René Jaun et traduction/adaptation ICTjournal

Pendant des années, le groupe de hackers pro-russe «Noname057(16)» a mené des attaques DDoS contre des serveurs occidentaux, y compris des infrastructures critiques en Suisse. Les autorités judiciaires ont désormais démantelé un botnet du groupe et procédé à des arrestations. Le Ministère public de la Confédération suisse (MPC) a émis trois mandats d’arrêt.

(Source: D-Keine / istockphoto.com)
(Source: D-Keine / istockphoto.com)

Les autorités judiciaires de plusieurs pays ont mené une opération coordonnée contre le groupe de hackers «Noname057(16)». Lors de l’Action-Day, lancée par Europol après plusieurs années d’enquête, des perquisitions ont eu lieu dans plusieurs pays, selon un communiqué du Ministère public de la Confédération suisse (MPC). Les autorités ont saisi des équipements et arrêté des personnes – tandis qu’en Suisse, «aucun ordinateur impliqué dans le réseau et dans les attaques ni aucune personne domiciliée dans le pays n’ont été identifiés».

Les mesures coordonnées à l’échelle internationale, baptisées Opération Eastwood, ont permis de démanteler un botnet constitué de plusieurs centaines de serveurs répartis dans le monde entier, selon l’Office fédéral de la police criminelle allemande (BKA). Le groupe «Noname057(16)» exploitait ce réseau pour lancer des attaques DDoS, des cyberattaques visant à surcharger délibérément des serveurs.

Trois mandats d’arrêt émis par la Suisse

Le groupe «Noname057(16)» s’est constitué un casier judiciaire conséquent ces dernières années. Le groupe pro-russe se manifeste régulièrement depuis le début de la guerre en Ukraine en mars 2022, indique le MPC. Ce collectif de hackers a mené des attaques DDoS contre de nombreux pays occidentaux qu’il considère comme pro-ukranien. À plusieurs reprises, des serveurs suisses, y compris des infrastructures sensibles, ont été ciblés. Ces attaques interviennent généralement lors d’événements liés à l’Ukraine.

Pour rappel, le groupe hacktiviste a paralysé les sites web du Parlement en été 2023, à l’occasion d’un discours vidéo du président ukrainien Volodymyr Zelensky devant l’Assemblée fédérale. En janvier 2024, les hackers sont redevenus actifs lors de la visite du président ukrainien au Forum économique mondial (WEF). Un an plus tard, les sites de la ville de Lucerne ainsi que de la Banque cantonale vaudoise ont également été ciblés. Des attaques hacktivistes ont aussi eu lieu en juin 2024 lors de la conférence de Bürgenstock pour la paix et pendant le Concours Eurovision de la chanson en mai 2025.

En juin 2023, le Ministère public de la Confédération a ouvert une enquête pénale contre des inconnus pour détérioration de données et contrainte, selon le communiqué. Dans le cadre des investigations internationales coordonnées, plusieurs membres du groupe de hackers ont pu être identifiés dont trois personnes clés présumées. Le MPC a étendu son enquête contre ces derniers et a émis des mandats d’arrêt à leur encontre.

Dans le cadre de l’Action-Day du 15 juillet 2025, les autorités de Suisse et d’Allemagne ont été rejointes par celles des États-Unis, des Pays-Bas, de la Suède, de la France, de l’Espagne et de l’Italie. L’opération a bénéficié du soutien d’Europol, d’Eurojust et d’autres pays européens, précise la police fédérale allemande (BKA). En Suisse, le MPC et l'Office fédéral de la police (Fedpol) ont contribué à l'enquête.

Le MPC considère les résultats de l’opération comme la preuve que «les autorités de poursuite pénale sont aussi en mesure d’identifier des cybercriminels hautement professionnels et d’offrir une protection contre leurs attaques». Le MPC souligne l’importance de la coopération internationale dans la lutte contre la cybercriminalité transfrontalière.
 

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