Cloud privé ou solution open source

Le chef de l’armée suisse veut une alternative à Microsoft 365

par René Jaun et traduction/adaptation ICTjournal

La Confédération déploie Microsoft 365 dans l’ensemble de ses départements. Mais le Groupement Défense ne peut en tirer que peu d’avantages, puisqu’il lui est interdit de stocker ses documents classifiés dans le cloud de Microsoft. Le chef de l’armée veut une alternative.

Thomas Süssli, chef de l'armée suisse, réclame une alternative à Microsoft 365 pour le Groupement Défense. (Source: Confédération suisse)
Thomas Süssli, chef de l'armée suisse, réclame une alternative à Microsoft 365 pour le Groupement Défense. (Source: Confédération suisse)

Thomas Süssli, à la tête de l’armée suisse jusqu’à la fin de l’année, se montre critique à l’égard des plans du gouvernement fédéral. Précisément à l’encontre de la décision d’introduire la solution bureautique cloud Microsoft 365 dans tous les départements, la migration ayant déjà débuté en 2024.

Mais pour l’armée, M365 s’avère peu exploitable. Dans une lettre adressée à Daniel Markwalder, délégué du Conseil fédéral à la transformation numérique, et révélée par le média alémanique Republik, Thomas Süssli s’explique.  

La majorité des documents ne peuvent pas être stockés dans le cloud Microsoft

Afin de protéger les données sensibles, la Confédération a en effet décidé que les documents classifiés ne peuvent pas être traités ni stockés dans M365. Pour le Groupement Défense, cette restriction réduit considérablement l’utilité de la suite, car  la grande majorité des documents militaires sont classifiés», écrit Thomas Süssli. Citant des sources internes, Republik parle d’environ 90% de documents classifiés.

«Comparée à la solution logicielle actuelle, M365 n’apporte aucun avantage au Groupement Défense. Au contraire, dans sa configuration actuelle, elle est en grande partie inutilisable», résume Thomas Süssli. Il souligne en outre que la solution Microsoft engendre «des coûts supplémentaires considérables» ainsi que des besoins de formation pour le personnel. «Ces dépenses sont disproportionnées au regard du faible gain réel apporté par la plateforme. Compte tenu de la pression croissante sur les coûts de fonctionnement de l’armée, je ne peux pas assumer ces dépenses sans bénéfice identifiable», écrit-il.

Examiner des alternatives

Le chef de l’armée attend des autorités fédérales, notamment de la Chancellerie fédérale et de l’Office fédéral de l’informatique et de la télécommunication (OFIT), qu’elles élaborent un concept de bureautique adapté aux utilisateurs manipulant des informations sensibles. Ce concept doit «garantir la protection des personnes tout en permettant la collaboration au sein du Groupement Défense».

Dans sa lettre, Thomas Süssli formule d’autres attentes: la Confédération devrait étudier la mise en place d’une solution cloud privée pour les documents internes et de classification supérieure du Groupement Défense; elle devrait aussi élaborer dans les plus brefs délais une «stratégie de sortie» afin de mettre au point une plateforme redondante, indépendante de Microsoft. Il ajoute que son groupe serait prêt à participer au développement d’une solution open source suisse.

En conclusion, Thomas Süssli affirme rester attaché à une bonne collaboration et reconnaît que M365 représente un apport essentiel à la transformation numérique de l’administration fédérale. «Le Groupement Défense a toutefois besoin d’une solution durable, fiable et adaptée à ses besoins, présentant un rapport coûts-bénéfices équilibré», ajoute-t-il.

Republik précise que ni Thomas Süssli ni les autorités contactées n’ont souhaité commenter cette lettre. Le média en ligne mentionne néanmoins une étude de faisabilité en cours au sein de la Confédération, baptisée BOSS (Büroautomation durch den Einsatz von Open-Source-Software (en français: Bureautique par l’usage de logiciels open source). Ce projet vise à évaluer «comment mettre en œuvre une solution bureautique d’urgence et un traitement sécurisé des informations sensibles», selon le site officiel du projet. La Chancellerie fédérale a confirmé à Republik que des tests sont en cours, tout en précisant qu’elle s’attend à ce qu’une mise en œuvre ultérieure ne puisse remplacer qu’en partie la solution bureautique de Microsoft. 
 

Webcode
RPKMfoqh