Le navigateur IA de Perplexity achète trop de billets de concert et pas assez de parfum

Désormais, Comet est accessible à tous. Le navigateur web de la société d’IA Perplexity, initialement réservé aux utilisateurs payants, peut désormais être utilisé gratuitement. L’application est disponible en téléchargement pour les systèmes d’exploitation Windows et Mac.

Perplexity présente Comet comme le «navigateur qui travaille pour vous» et énumère sur son site une série de cas d’utilisation possibles: le navigateur pourrait par exemple aider à acheter «une chaise de bureau de qualité, confortable et abordable», créer «un site web simple avec les meilleurs générateurs de sites» ou encore générer «un plan d’études basé sur l’emploi du temps des semaines à venir».

La rédaction a profité du lancement grand public du navigateur pour effectuer quelques tests rapides. Le rédacteur s’est connecté à Comet avec son propre compte Perplexity, associé à un abonnement payant — dont il bénéficie gratuitement dans le cadre d’une offre promotionnelle.

Test 1 – Accessibilité: peut mieux faire

René Jaun est aveugle et travaille sur PC à l’aide d’un lecteur d’écran. Ce type d’outil permet d’utiliser la plupart des applications — à condition que les développeurs les rendent accessibles. Dans le cas de Comet, Perplexity part sur de bonnes bases: le navigateur repose sur Chromium, un projet où l’accessibilité est déjà bien prise en compte. Lors du test, il n’a donc posé aucun problème pour ouvrir des sites web courants, les lire et accéder directement à certaines sections (tableaux, titres, listes, etc.).

En revanche, le programme d’installation s’est révélé peu accessible. Ce n’est qu’à l’aide d’une astuce de «geek» — que l’utilisateur lambda ne connaîtrait sans doute pas — que le rédacteur a pu trouver et activer le bouton « Installer ».

Enfin, les informations de statut fournies par l’IA de Perplexity laissent également à désirer.
Les utilisateurs voyants peuvent lire de courts messages indiquant les «pensées» du navigateur: ce que fait l’agent IA à un moment donné, quelle étape il exécute et ils ont même la possibilité d’interrompre le processus si nécessaire. Avec un lecteur d’écran, ces messages sont certes accessibles, mais l’utilisateur non-voyant doit les «chercher» un à un, d’autant que le curseur du navigateur se déplace constamment pendant le traitement d’une tâche. Si Perplexity intégrait le code adéquat (par exemple via la norme Live-ARIA), les lecteurs d’écran pourraient automatiquement lire les nouveaux messages au fur et à mesure de leur apparition.

Test 2 – Chat: fonctionnel, mais perfectible

Une fois installé, le rédacteur a confié au navigateur Comet quelques tâches de sa vie professionnelle quotidienne — des choses qu’il avait l’intention de faire. Le navigateur accomplit la première tâche de manière assez satisfaisante: rédiger une invitation à l'équipe du bureau pour un déjeuner commun.

La première tentative de Comet échoue. L'application ouvre le site web de la solution de collaboration utilisée au bureau. Mais ensuite, le navigateur laisse le contrôle à l'utilisateur: celui-ci doit se connecter lui-même et copier le message (Perplexity envoie tout de même un brouillon) dans la bonne fenêtre de chat.

Après s’être connecté manuellement et avoir redonné la même instruction, l’expérience réussit: après environ 90 secondes, Comet envoie l’invitation dans le bon groupe de discussion.

Le problème de connexion manuelle s’est d’ailleurs reproduit lors des autres tests.

Test 3 – Billets: un peu trop d’enthousiasme?

Le test suivant visait à évaluer les capacités d’achat du navigateur. ChatGPT est censé être aussi performant dans ce domaine —, le chatbot d’OpenAI sait rechercher, recommander et depuis peu même acheter des produits en ligne. René Jaun, fan du groupe de metal August Burns Red, demande donc au navigateur s’il reste des billets VIP (avec option Meet & Greet) pour le concert «Christmas Burns Red» prévu en décembre, et si c’est le cas, lui ordonne d’acheter un pass deux jours..

L’application se met au travail. À plusieurs reprises, elle reformule la requête. À un moment donné, l’instruction devient «acheter un billet avec option Meet & Greet, si possible», ce qui contredit la commande initiale. Heureusement, l’IA finit par trouver des billets VIP avec l’option souhaitée. De sa propre initiative — là où un utilisateur voyant serait sans doute intervenu —, elle sélectionne l’un des deux jours proposés pour le Meet & Greet et annonce avoir ajouté deux pass deux jours au panier.

Lors d’une seconde tentative, le rédacteur insiste: il ne veut qu’un seul pass deux jours. Mais une fois encore, le navigateur place deux exemplaires dans le panier. Il faut de nouveaux messages de clarification pour que l’IA corrige la quantité.

René Jaun n’a pas testé l’étape d’achat finale. L’expérience aurait probablement abouti à une nouvelle demande de connexion manuelle à PayPal.

Test 4 – Parfum: quand moins… ce n’est pas mieux

Pour conclure, le rédacteur demande au navigateur de trouver le parfum «Aigner No. 2 for Men». Ce parfum de la marque Etienne Aigner n’est plus disponible auprès des canaux officiels — ce que l’IA de Perplexity identifie correctement — et elle propose plusieurs sources alternatives. Le rédacteur choisit la plateforme d’enchères eBay.

Au cours du test, Comet change brièvement la langue de l’interface, passant de l’allemand à l’anglais. De plus, il faut deux rappels pour que le navigateur n’émette pas seulement des instructions de recherche, mais exécute réellement la commande. 
Finalement, ce ne sont malheureusement pas les deux flacons souhaités qui se retrouvent dans le panier virtuel, mais un seul.

Conclusion: à essayer, mais avec humour et prudence

Pour le rédacteur de la Netzwoche, ces tests ne sont qu’un début.
Laisser le navigateur Comet  travailler est parfois fascinant (quand il réussit ses tâches), parfois amusant (quand il se trompe), mais toujours divertissant.
De quoi donner envie d’en voir plus — et une expérience globalement recommandable.

Le bilan reste toutefois mitigé: l’outil sait faire beaucoup, mais commet encore de nombreuses erreurs. Le rédacteur a d’ailleurs vécu des situations similaires avec d’autres solutions d’IA. Il rappelle également que ces outils d’IA ne sont pas exempts de risques pour la protection des données.