Le système Skyview de l'armée coûte deux fois plus cher que prévu
Le système de surveillance de l'espace aérien Skyview, destiné à l'armée suisse, sera nettement plus cher que prévu. Au lieu des 155 millions de francs initialement approuvés, le projet devrait coûter 314 millions de francs, soit plus du double. Le DDPS a mandaté un audit externe.

En 2019, le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) a opté pour le logiciel français Skyview pour la surveillance de l'espace aérien du pays. Un choix qui devrait coûter bien plus cher que prévu… Aux 155 millions de francs initialement accordés devraient s'ajouter 159 millions supplémentaires, selon une enquête de la télévision alémanique SRF. Justification du DDPS: le système en temps réel pose des défis plus importants que prévu aux centres de calcul. D’où les coûts supplémentaires, dans les domaines du réseau et du chiffrement, mais aussi pour du matériel additionnel.
Les risques étaient connus
En 2020, le DDPS avait lui-même mentionné les risques du projet. Ainsi, on ne savait pas encore si le système pourrait fonctionner entièrement sur les centres de calcul du département lors de son déploiement. Et le faire sans interruption était identifié comme un grand défi. Le DDPS a anticipé que des retards ou des adaptations du logiciel pourraient entraîner des coûts supplémentaires. Pour s’y préparer, une prime de risque de 10 millions de francs avait été prévue à l'époque. Les coûts additionnels seraient donc finalement 16 fois plus élevés que la prime de risque, note la SRF.
Ce n'est pas le premier cas de problèmes d'acquisition concernant l'informatique de l'armée: en 2019, deux projets de datacenters sécurisés de l'armée suisse ont pris cinq ans de retard à cause d’une grave erreur de construction et d’un emplacement peu approprié.
Les F-35 en cause?
Par ailleurs, la SRF se demande si l'avion de combat controversé F-35 et le système de défense aérienne Patriot sont impliqués dans ces surcoûts. Le F-35 serait un «aspirateur de données». La gigantesque quantité de données collectées via ses capteurs doivent être transmises au sol pour y être traitées. Le système de défense aérienne a également besoin de beaucoup de données et d'une grande puissance de calcul en raison de ses puissants radars.
Le Parlement devrait approuver le crédit
Le DDPS devrait prochainement demander les 159 millions de francs supplémentaires. Le département a indiqué à la SRF que 61 millions de ce montant seraient consacrés à Skyview. Les 98 millions restants seront investis dans du nouveau matériel et dans l'extension des centres de calcul, donc indirectement dans le système de surveillance. Le Parlement approuvera bon gré mal gré le crédit supplémentaire, estime la SRF. Qui ajoute que la conseillère fédérale Viola Amherd, cheffe du DDPS, a demandé un audit externe du projet à la société BDO.