Bluetooth

L’API de contact tracing d’Apple et Google est opérationnelle

Apple et Google ont mis à jour leur OS mobile, désormais compatible avec l’API fournie aux applications de contact tracing, dont l’app SwissCovid. Une solution basée sur le Bluetooth, dont les limites pour le calcul des distances sont soulevées par certains chercheurs.

(Source: ©pixtural - stock.adobe.com)
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Apple et Google ont mis à jour leur système d'exploitation mobile pour permettre l’utilisation du Bluetooth à des fins de traçage des contacts dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. Mi-avril, les deux géants de la tech avaient fait savoir qu’ils développaient une API en collaboration avec des gouvernements, chercheurs et autorités de santé publique. Nommée «Exposure Notification», la solution peut dès à présent être intégrée aux différentes applications de contact tracing déployées par de nombreux pays. Dont la Suisse, qui teste actuellement son app SwissCovid, développée par l’agence digitale Ubique à partir de l'architecture DP-3T imaginée du côté de l’EPFL et de l’EPFZ.

Pour en savoir plus >> App pour tracer les contacts: utilité, fonctionnement, arbitrages, applicabilité, risques

Une API pour des traçages «plus robustes»

«Nous sommes les premiers au monde à utiliser le protocole de contact Covid-19 d'Android et iOS en production dans le cadre d'un projet pilote de plus grande envergure», explique l’agence Ubique sur son blog. Et de préciser que l’accès direct aux fonctions au niveau du système offert par l’API permet de développer des applications de traçage de proximité plus robustes et plus économes en énergie. A noter que beaucoup de pays ont finalement opté pour l'architecture DP-3T car son approche passablement décentralisée est favorisée par Apple et Google. Les deux Gafa ont en effet décidé de ne pas fournir leur API à des systèmes davantage centralisés (au grand dam de la France, notamment).

Les limites du Bluetooth dans le contact tracing

Si le Bluetooth a été privilégié dans le développement de ces apps de traçage, c’est pour des enjeux de confidentialité: cette technologie peut en effet mesurer une distance sans faire appel à la géolocalisation. Sa précision et le spectre des informations utiles fournies restent toutefois limités, de l’avis de certains chercheurs. A l’instar de Paul-Olivier Dehaye, expert en Big Data et en protection des données, qui a examiné de près dans un billet de blog les capacités du Bluetooth pour déduire la distance. L’expert partage en outre une vidéo instructive du MIT (à visionner ci-dessous), dans laquelle un groupe de chercheurs se penche sur la question, signalant plusieurs causes d’erreur du calcul des distances par Bluetooth. Il s’avère que selon les circonstances et l'emplacement du smartphone, le signal subit d’importantes perturbations. Le corps humain pourrait par exemple absorber environ 15 dB de signal. En outre, le signal pourrait perdre environ 5 dB selon l’orientation du smartphone (et donc de l’émetteur Bluetooth). La puissance du signal fluctuerait aussi passablement selon le modèle de smartphone.

Les chercheurs relèvent toutefois des possibilités d’améliorer le calcul de la distance entre deux smartphones en combinant différentes données aux mesures inférées via le Bluetooth. L’écran actif pourrait par exemple indiquer que le smartphone ne se trouve pas dans une poche. Les données de l’accéléromètre ou de la luminosité ambiante pourraient aussi fournir des informations utiles sur l’environnement d’émission du signal.

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