en collaboration avec Alp ICT

KeyLemon, de la jeune pousse aux premiers bourgeons

| Mise à jour
par Hélène Lelièvre

De l’idée de départ à l’entreprise prospère, le chemin des startups vers la voie de la réussite est souvent semé d’embûches et de (bonnes ou moins bonnes) surprises. Avec sa solution de reconnaissance faciale, la startup KeyLemon est une illustration emblématique d’une entreprise qui a su franchir avec brio quelques unes de ces étapes.

KeyLemon a réussi à diffuser largement sa solution de reconnaissance faciale grâce à des partenariats avec des constructeurs, et notamment Fujitsu pour équiper la gamme Esprimo X. (Source: KeyLemon) (Quelle: KeyLemon)
KeyLemon a réussi à diffuser largement sa solution de reconnaissance faciale grâce à des partenariats avec des constructeurs, et notamment Fujitsu pour équiper la gamme Esprimo X. (Source: KeyLemon) (Quelle: KeyLemon)

Une idée, un projet né parfois dans une grande école et voilà la création d’une nouvelle startup. Chaque année, en Suisse, environ 40 000 nouvelles entreprises sont inscrites au registre du commerce, dont environ un quart en Suisse romande. Née en 2008, KeyLemon développe, au sein du centre de recherches Idiap à Martigny, une solution de reconnaissance faciale et vocale pour l’ouverture d’une session sur PC ou Mac. Pour diffuser sa technologie le plus largement possible, la startup offre d’abord la première version de sa solution gratuitement. Mais ce n’est pas suffisant pour obtenir la masse critique nécessaire à son développement.

Se développer grâce à des partenariats

La startup décide donc de se tourner vers les constructeurs. En 2010, KeyLemon signe  un partenariat OEM avec Semp Toshiba, constructeur brésilien qui fabrique les ordinateurs Toshiba sous licence. Autre partenaire: Intel, qui non seulement présente la solution à des constructeurs mais identifie également d’éventuels bugs. En échange, la solution de la jeune pousse est utilisée pour tester les puces d’Intel. KeyLemon rend aussi disponible son API sur Amazon. «Cela devenait nécessaire parce que beaucoup de sociétés voulaient avoir leur propre solution de reconnaissance faciale», précise Gilles Florey, fondateur et CEO de KeyLemon. Et c’est ainsi que parfois, les marchés s’ouvrent dans des domaines totalement inattendus: «Nous avons été surpris de constater que les entreprises de e-learning s’intéressaient à notre solution. Sans la demande de nos clients nous n’y aurions pas pensé.» La solution de KeyLemon doit en effet permettre aux sociétés qui proposent des examens en ligne de s’assurer que c’est la bonne personne qui passe l’examen. Actuellement, des personnes sont payées pour surveiller les étudiants. A l’avenir, KeyLemon proposera non seulement l’authentification grâce à une photo, mais sera aussi capable de détecter si un deuxième visage entre dans le champ de la caméra et enverra alors une alerte à la société de e-learning. La startup travaille aussi actuellement à développer des solutions authentification pour le e-banking. Plus récemment, fin 2012, KeyLemon signe en outre un autre partenariat très prometteur: Fujitsu équipera la gamme Esprimo X de la solution de la startup. Si la version de base d’ouverture de session est disponible gratuitement, les utilisateurs peuvent acheter sur le site de la startup des fonctionnalités supplémentaires visant à améliorer l’expérience utilisateur.

Choisir de rester en Suisse ou de s’expatrier

Régulièrement, la presse se fait l’écho de startups qui ont choisi de quitter la Suisse pour s’installer à l’étranger ou au moins elles déplacent leur siège social. Parmi les exemples récents, on peut citer le cas d’Housetrip. La startup créée par une ancien étudiant de l’Ecole hôtelière de Lausanne et active dans la location de vacances sur internet est désormais basée à Londres. Autre exemple: Poken, spécialiste des technologies NFC et du touch marketing, qui après avoir réussi sa deuxième levée de fonds s’expatrie en Californie avec pour ambition de concentrer ses efforts de croissance sur le marché nord-américain. Pour KeyLemon, la question se pose aussi à l’heure où le marché commence à se développer aux Etats-Unis. Néanmoins, Gilles Florey se montre catégorique, «une partie de l’entreprise sera toujours basée à Martigny. Il est vrai que les opportunités sont plus importantes aux Etats-Unis, mais le savoir-faire est ici. En ce qui nous concerne, nous créerons peut-être une filiale aux Etats-Unis avec le siège qui restera en Suisse, ou l’inverse.» Des départs qui s’expliquent non seulement par la taille du marché suisse mais aussi par le manque de disponibilité des développeurs et des investisseurs.

Se financer 

Le financement est en effet une question cruciale dans la vie de l’entreprise. En 2012, les startups suisses ont, selon startupticker.ch, reçu plus de 400 millions de francs d’investissements de capital risque. «Jusqu’ici, nous nous sommes toujours autofinancés, mais maintenant, nous aimerions trouver deux ou trois partenaires, aux États-Unis et en Suisse, pour pouvoir financer la croissance de l’entreprise.» Gilles Florey s’étonne de constater que la mentalité des investisseurs est différente entre les deux pays: «Aux Etats-Unis, pour décider si une startup est intéressante, les potentiels investisseurs se demandent qui dans leur réseau peut faire en sorte que la solution se développe de manière exponentielle. Ils s’interrogent moins sur les coûts réels. Nous sommes justement à un stade où nous avons besoin de partenaires financiers pour pouvoir servir les demandes clients.»


Tags

Kommentare

« Plus