Intégrateur de SaaS, un nouveau modèle d’affaires?

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par Hélène Lelièvre

L’utilisation de logiciels hébergés doit permettre aux entreprises d’éliminer des tâches opérationnelles et d’intégration. En théorie, car au moment de migrer sur un SaaS, les entreprises se font souvent accompagner. Rencontre avec des intégrateurs romands qui se sont spécialisés dans le domaine de Google Apps.

Les entreprises sont toujours plus nombreuses à passer sur des logiciels hébergés. On peut citer comme exemples récents le groupe pharmaceutique Roche et la banque espagnole BBVA, qui ont toutes deux adopté la solution collaborative de Google pour une centaine de milliers de postes de travail. En Suisse romande aussi, les Google Apps font de plus en plus d’adeptes. C’est par exemple le cas de Logitech, de Terre des Hommes ou de l’école de commerce de Martigny. Théoriquement, Google Apps peut être installée par le client directement depuis le site de Google. Toutefois, la firme de Mountain View recommande de passer par un revendeur ou intégrateur agréé. «L’avantage des solutions cloud, c’est qu’elles sont simples à administrer. Mais ce n’est pas parce que c’est simple qu’il suffit d’un clic pour passer sur ces solutions.» C’est ainsi que Didier Gabioud, fondateur de la société valaisanne Yoocloud explique la nécessité pour les entreprises de faire appel à un intégrateur avant de passer à Google Apps. Roman Bourquin, CEO de l’hébergeur Easygiga, qui inclut la version gratuite de Google Apps à son service, ajoute: «Si l’on prend le cas d’un particulier, c’est effectivement assez simple de le déployer seul mais pour une entreprise, il y a un certains nombres d’éléments techniques à mettre en place pour rediriger les e-mails et conserver l’ensemble de l’historique». C’est cette technicité qui fait des intégrateurs un intermédiaire quasiment indispensable, juge Sébastien Guillet, directeur commercial d’Ilem: «L’entreprise n’a jamais intérêt à développer une compétence de migration en interne dans la mesure où cette opération n’est faite qu’une seule fois». Concrètement, ces prestataires se chargent notamment de la redirection des e-mail et, de la migration des données, à savoir, les archives d’e-mails, les contacts, les rendez-vous d’agenda, les documents… Ils définissent aussi, avec l’entreprise les paramètres par défaut et les droits d’administration, mettent en place les filtres anti-spam. Outre l’intégration, les prestataires proposent souvent des formations aux collaborateurs chargés de l’administration de ce nouvel outil dans l’entreprise. «Certains utilisateurs nous demande aussi un suivi des évolutions de la solution, confie Christophe Gaget, Regional manager Suisse romande chez PARX, car Google est une entreprise très innovante et il est difficile de suivre toutes les mises à jour.» Ce service est facilité par le fait que les revendeurs autorisés ont accès à la roadmap de Google.

Devenir un intégrateur Google Apps

A travers le monde, plus de 6000 prestataires implémentent la solution Google Apps. Pour pouvoir offrir ce service d’intégration, ils doivent commencer par s’inscrire au programme revendeur de Google. Une fois les 25 premiers clients signés, Google procède à des vérifications financières sur l’entreprise et forme les futurs intégrateurs. La formation est dispensée dans les locaux de Google à Zurich pour les revendeurs suisses. Alors seulement, le prestataire peut obtenir le titre d’authorized reseller. Outre la vente de services, les intégrateurs une commission sur les abonnements des entreprises. Les quatre prestataires installés en Suisse romande que nous avons interrogés, restent cependant muets quant à la hauteur de cette commission. Quant à savoir si Google leur fournit des clients, ils s’accordent à dire que la Suisse romande n’est pas assez grande pour cela. Didier Gabioud de Yoocloud explique que Google a déjà recommandé des clients à ses partenaires français, mais qu’elle le fait moins souvent que Microsoft. Quant à Sébastien Guillet d’Ilem, il précise que pour les grandes entreprises, les revendeurs sont tenus d’impliquer Google dans le processus de vente, sans qu’il y ait d’impact sur leur rémunération.

Des craintes infondées

Selon l’expérience des prestataires, les clients sont d’abord intéressés par la messagerie de Google, mais ils utilisent par la suite d’autres fonctions collaboratives, à l’instar de l’agenda et du partage de documents. Quant à savoir ce qui pousse des entreprises à passer sur Google Apps, les prestataires romands s’accordent à dire que cela tient non seulement à la simplicité de l’offre mais aussi à son coût (4 € par utilisateur et par mois). Ainsi Roman Bourquin estime même qu’il s’agit de la meilleure solution du marché: «Il n’existe à l’heure actuelle aucune solution qui arrive à la cheville de Google Apps. Toutes les autres solutions existantes ont un coût beaucoup plus élevé. Le jour où cela change, nous envisagerons de proposer une autre solution.» 
Comme pour les autres SaaS, les réticences sont aussi nombreuses. «En Suisse, il y a une appréhension à adopter ce type de solution liée à la confidentialité de l’information, explique Christophe Gaget. Ce qui est surprenant, c’est qu’on touche ici à quelque chose de très émotionnel. Et ce phénomène est encore plus important avec Google. Les gens ont l’impression que Google s’immisce dans leur vie privée. Il y a aussi une sorte de protectionnisme des CIO qui ont une appréhension du changement. Surtout un changement majeur comme celui-là.» Et Sébastien Guillet de compléter: «Ils craignent de perdre le contrôle sur leurs données. Mais c’est un faux sentiment de sécurité que de conserver ses données chez soi. Souvent, il faut que leur entourage leur en parle pour qu’ils se décident à changer.» Pour Roman Bourquin, il y a un certain mysticisme autour de Google: «A partir du moment où votre connexion n’est pas cryptée, le premier qui peut savoir ce que vous faites sur internet, c’est votre fournisseur d’accès. Et lui, que fait-il avec vos données? Si vous avez peur pour la sécurité de vos données, regardez des entreprises, qui ont opté pour cette solution, comme L’Oréal elles savent où elles mettent les pieds. Selon moi, un directeur informatique qui passe à Google Apps, il a fait son travail.» 

Le marché romand démarre

Malgré ces réticences, les intégrateurs romands s’accordent à dire que le marché romand se développe. Didier Gabioud: «Je suis un peu déçu parce que cela fait deux ans que l’on fait de l’évangélisation. Pour le moment, il faut avoir une autre activité pour s’en sortir. Mais je suis convaincu que c’est un marché d’avenir.» De son côté, Christophe Gaget constate un véritable démarrage en Suisse romande: «La solution Google Apps s’impose peu à peu en Suisse romande, pas dans des grosses sociétés bien établies, mais plutôt dans des PME.» Et étant donné le nombre de PME que compte la Suisse romande, les quatre prestataires se disent confiants sur le développement de ce marché.


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