Confidential computing

Maximilian Groth, Decentriq: «Nous offrons un terrain neutre pour collaborer sur les data»

La start-up alémanique Decentriq a levé 3,5 millions de francs en novembre 2020 pour sa plateforme informatique confidentielle s’appuyant sur Azure. En entretien avec ICTjournal, Maximilian Groth, l’un de ses cofondateurs, explique les projets de la jeune pousse et les business case auxquels répond sa technologie.

Maximilian Groth, cofondateur de Decentriq.
Maximilian Groth, cofondateur de Decentriq.

>> Lire notre dossier Confidential computing

Vous êtes une des rares start-up au sein du Confidential Computing Consortium. Où en est le développement de votre société et de votre technologie?

En tant que jeune pousse suisse, c’est une fierté de compter parmi les membres fondateurs du Confidential Computing Consortium, aux côtés de géants comme Google ou Alibaba, et cela nous permet de participer activement et étroitement au développement de ce domaine. Notre société n’a que deux ans et compte une quinzaine de collaborateurs principalement à Zurich. Nous venons de boucler une première levée de fonds de 3,5 millions de francs. Nous sommes spécialisés dans la sécurité et la privacy, notre solution permet aux entreprises de participer à des écosystèmes de données, à grande échelle et sans restriction. Pour le dire autrement, avec notre technologie, les organisations peuvent combiner, analyser et partager des informations sensibles tout en maintenant leur confidentialité.

Qui sont vos partenaires? Quels marchés visez-vous?

Nous collaborons avec de grandes sociétés technologiques, comme Microsoft, Intel ou Swisscom. Notre technologie est particulièrement intéressante pour des industries ayant à traiter des données sensibles dans leur activité principale, comme l’assurance, la finance ou la pharma. Nous travaillons d’ailleurs déjà sur des projets avec de grandes sociétés suisses dans le secteur de l’assurance.

A quels business cases, votre technologie répond-elle?

Nous ciblons en particulier les situations où des organisations souhaitent collaborer en matière de données avec des partenaires, sans pour autant dévoiler leurs informations. Il peut notamment s’agir d’entreprises collaborant au sein d’un écosystème et qui veulent partager des insights basés sur leurs données respectives. Ou encore d’une société détenant des data et souhaitant exploiter l’algorithme d’une autre société, en préservant tant la confidentialité des données de l’une que le secret du modèle d’intelligence artificielle de l’autre.

Comment votre solution s’articule-t-elle avec celles proposées depuis peu par les géants du cloud?

L’informatique confidentielle repose sur une enclave sécurisée côté hardware, qui garantit que non seulement les données stockées et en transit sont chiffrées, mais aussi celles en traitement. Notre technologie ajoute une couche logicielle qui simplifie l’emploi des éléments sécurisés et permet de le faire à grande échelle. Aujourd’hui, notre solution s’appuie sur la plateforme de confidential computing de Microsoft Azure, qui intègre la technologie SGX d’Intel. Nous avons la chance de collaborer étroitement avec ces deux sociétés au sein du consortium, mais il est tout à fait envisageable que notre solution opère sur d’autres environnements cloud confidentiels à l’avenir. Le fait que les autres hyperscalers - comme AWS et Google - lancent eux aussi des offres dans le domaine est une excellente nouvelle pour nous: d’une part, il est impératif pour nos clients de pouvoir disposer d’une infrastructure cloud globale, d’autre part, cela popularise le concept et nous épargne d’avoir à évangéliser le marché.

Vous avez bouclé un premier tour de financement et rejoint plusieurs programmes d’accélération. Quelle est votre stratégie de développement de la société?

Un premier axe concerne nos équipes: nous recrutons des talents tant côté produit et ingénierie que côté marketing et vente. Un autre axe touche au développement de notre solution vers un produit déployable à grande échelle. Côté soutien, nous participons effectivement à deux accélérateurs: le programme Tech4Trust de l’EPFL focalisé sur la cybersécurité et la privacy, et le programme StartX de l’Université de Stanford davantage centré sur l’entrepreneuriat. Même s’il est virtuel vu les circonstances, c’est un beau succès d’avoir été admis dans ce programme réputé sachant que rares sont les start-up européennes sélectionnées et que ni moi ni mon co-fondateur n’avons étudié à Stanford. Cela nous permet aussi de nous frotter à la scène US, un marché clé pour un éditeur de logiciel, même si nous concentrons pour l’heure nos efforts commerciaux sur l’Europe où nous comptons nos premiers clients référence.

L’étiquette suisse est-elle un atout sur le marché?

C’est sans conteste un atout pour notre développement à l’international. Je pense que, pour beaucoup de start-up, la Suisse n’est pas la bonne place. Mais pour nous c’est le bon endroit, tant pour démarrer que pour y rester. Notre solution se veut un terrain neutre où les entreprises peuvent collaborer sur leurs données et cela se marie parfaitement avec les valeurs associées à la Suisse. Le fait que nous soyons basés ici a d’ailleurs été un facteur important pour nos investisseurs étrangers.

Lire aussi >> L’informatique confidentielle se dévoile

Tags
Webcode
DPF8_205520