Etude de Microsoft

Productivité et travail hybride: éviter la défiance et la paranoïa

Avec des managers ne voyant plus leurs équipes au quotidien, le travail hybride peut conduire à une spirale toxique, avec des cadres qui doutent de la productivité de leurs collaborateurs et des employés qui surjouent leur activité mesurée sur les dispositifs numériques.

(Source: Raj Rana sur Unsplash)
(Source: Raj Rana sur Unsplash)

De plus en plus d’organisations adoptent un mode de travail hybride, les collaborateurs travaillant une partie du temps à domicile avec plus ou moins de flexibilité. Pour être précis, ce «new work» ne concerne que certains secteurs et de nombreux métiers en sont exclus. Pour les autres, en général les cols blancs, le travail hybride devient la norme et une exigence des collaborateurs. Et comme avec toute nouvelle organisation, les entreprises ont encore beaucoup à apprendre, à commencer par la gestion de la productivité des employés.

Défiance croissante

La généralisation du télétravail consécutive à la pandémie a en effet mené à une explosion de l’activité des employés sur les outils numériques. Selon le Work Trend Index de Microsoft, le nombre de réunions Teams a bondi de 153% et le temps qui y est consacré de 252% à l’échelle mondiale entre les premiers trimestres 2020 et 2022. Les collaborateurs ont aussi toujours davantage de meetings agendés simultanément et 42% des participants envoient des mails et autres messages pendant les réunions. Les gens sont hyper-occupés, ils travaillent davantage et ils estiment dans leur écrasante majorité (87%) qu’ils sont devenus plus productifs.

Sauf que les managers en doutent, car ils ne voient plus leurs collaborateurs affairés sur leur ordinateur ou en salle de réunion avec leurs collègues. Selon une enquête récente d’Edelman pour Microsoft auprès de 20’000 professionnels, 49% des managers hybrides ont du mal à faire confiance que leurs collaborateurs donnent le meilleur d’eux-mêmes, contre 36% pour les managers «de bureau». A cela s’ajoute que les employeurs recourent toujours davantage à des outils pour mesurer l’activité des collaborateurs - plutôt que l’impact de leur travail - ce qui mine la confiance. 

Théâtre et paranoïa de la productivité

Ce cocktail mène à des situations paradoxales: les employés  en télétravail se livrent à un théâtre de la productivité - sorte de présentisme numérique où l’on surjoue son activité sur les outils IT -, tandis que les managers sombrent dans la paranoïa de la productivité et craignent que les collaborateurs ne chôment, quoi qu’en disent les heures travaillées, le nombre de réunions et d’autres mesures de l’activité en augmentation.

Alors que 48% des employés et 53% des cadres sont déjà épuisés, les auteurs de l’étude avertissent: «Nous avons atteint un point de rendement décroissant en raison du surmenage et de l’accablement - si les dirigeants n’interviennent pas, ils mettent la productivité en péril».

Pour sortir de cette spirale, ils recommandent d’être davantage à l’écoute des collaborateurs et de s’attacher à clarifier les missions et objectifs au lieu de mesurer l’activité. Selon l’étude, 81% des employés déclarent qu’il est important que leurs managers les aident à hiérarchiser leur charge de travail, mais moins d’un tiers (31%) disent que leurs managers leur ont déjà donné des conseils clairs lors de tête-à-tête.

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