Pénurie de personnel qualifié

En Suisse, un professionnel IT sur quatre est européen

par Rodolphe Koller et Yannick Züllig

Un nouveau rapport du Seco montre l’importance de la main d’œuvre étrangère pour répondre à la pénurie de personnel qualifié dans l’IT. Aujourd'hui, un informaticien sur trois est étranger.

Dans son 18e rapport d'observation de l'accord sur la libre circulation des personnes avec l'UE/AELE, le Seco met particulièrement l'accent sur l'influence de la libre circulation sur la pénurie de main-d'œuvre spécialisée dans l’informatique. Le potentiel de main-d'œuvre indigène est pratiquement épuisé dans ces professions. Le taux d'activité dans le domaine IT était de 92,2 % en 2021, le taux de chômage de 1,6 %. De plus, les salaires sont élevés.

Par rapport à l'ensemble de l'économie, où 26% des postes sont occupés par des spécialistes étrangers, la proportion est d'un bon tiers dans les domaines professionnels de l'informatique. Outre l'immigration dans le cadre de la libre circulation des personnes, la main-d'œuvre en provenance de pays tiers, notamment d'Inde, du Royaume-Uni et des Etats-Unis, joue un rôle important dans le maintien de la main-d'œuvre qualifiée dans le domaine IT.

79’000 nouveaux actifs depuis 2010

Selon l'enquête de l'Office fédéral de la statistique (OFS), environ 211'000 personnes travaillaient dans l'informatique en 2021. Par rapport à 2010 (131'000), la branche a connu une croissance de 60%. Une augmentation nettement supérieure à celle de l'ensemble de l'économie (+11%).

Sur les quelque 79’000 nouveaux actifs dans l'informatique, près de la moitié (35’700) ne sont pas originaires de Suisse. La plus grande partie des travailleurs immigrés provient d'un pays de l'UE ou de l'AELE. Près de la moitié viennent de pays voisins, en premier lieu d'Allemagne (23%) puis de France (10%) et et d’Italie (10%). Seules 4700 personnes sont venues d'un pays tiers.

(Source: Secrétariat d'Etat à l'économie)

22’500 développeurs étrangers

Les développeurs logiciels (22’500) suivis des analystes systèmes (7’600) sont les métiers comptant le nombre le plus élevé de spécialistes étrangers. Selon le rapport, il s'agit également des deux professions pour lesquelles la croissance de l'emploi a été particulièrement forte. Dans les professions ayant enregistré une croissance moindre, les besoins en main-d'œuvre qualifiée ont pu être couverts en grande partie par les nationaux.

Disparités entre métiers

Le conseil (analyse système) est la seule profession informatique dans laquelle plus de la moitié des postes sont occupés par des étrangers. Bien que près des deux tiers des immigrés travaillent comme développeurs de logiciels, on n'atteint que 44% dans ce domaine.

A 45%, la proportion d'ingénieurs informatiques immigrés est également élevée. Au total, cinq spécialités ont un taux de couverture étrangère plus élevé que la moyenne de l'économie (26%).

(Source : Secrétariat d'Etat à l'économie)

Une main d’œuvre essentielle

Pour le Seco, nul doute que la numérisation va se poursuivre, que le besoin de main-d’œuvre qualifiée demeurera élevé et que la capacité d’attirer des spécialistes étrangers sera essentielle: «À l’échelon national, il s’agit de former des spécialistes supplémentaires. Des efforts concrets vont déjà dans ce sens. Mais notre capacité d’adaptation aux défis futurs dépendra aussi, dans une large mesure, de la manière dont la Suisse parviendra, outre le développement et l’exploitation des potentiels nationaux, à continuer à assurer une main-d’œuvre qualifiée dans ce domaine via l’immigration. Les efforts allant actuellement dans ce sens sont d’autant plus importants que la main-d’œuvre informatique étrangère ne s’installe souvent pas durablement en Suisse et que la concurrence mondiale pour cette main-d’œuvre va encore s’intensifier au cours des prochaines années».

>Le rapport du Seco peut est consulté ici.

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