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Capteurs de santé: le comportement paradoxal des Suisses à l’égard de leurs données personnelles

Intenses collecteurs de données au quotidien et utilisateurs avides de services numériques gratuits, les Suisses se méfient pourtant de l’exploitation de leurs données par les grandes entreprises internationales. Une attitude paradoxale mise en lumière par une étude publiée par Sanitas.

(Source: Pexels)
(Source: Pexels)

Les Suisses ont une attitude ambiguë face aux problématiques de protection des données personnelles. Un constat issu d’une étude récente publiée par l’assurance maladie Sanitas. Tandis qu’ils voient plutôt d’un mauvais œil les entreprises qui fondent leur business sur la récolte de données numériques, environ la moitié des citoyens helvétiques utilisent malgré tout fréquemment des smartphones ou autres appareils connectés pour enregistrer activités et états de forme (tendance à l'automesure ou «quantified-self»). Les Suisses font particulièrement appel au décompte du nombre de pas, au calcul d’itinéraire et à la mesure de performances sportives. Une large majorité souhaiterait même pouvoir bénéficier de davantage d’outils d’automesure, notamment pour un suivi de leur consommation électrique, de leurs dépenses caloriques et de la qualité de leur alimentation.

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L’étude de Sanitas montre que les Suisses sont parfaitement conscients de l’exploitation qui est faite de leurs données personnelles. Une majorité estime que les entreprises internationales tirent davantage de bénéficies de la collecte des données que les utilisateurs. Pour cette raison, plus de deux tiers des adeptes de l’automesure manifestent une certaine crainte vis-à-vis de l’exploitation de leurs données et désactivent parfois certaines fonctions, notamment la géolocalisation, le stockage automatique des données dans le cloud et l’accès à leurs contacts.

Méfiance au second plan sur le web

L’étude montre en revanche que quand il s’agit d’un service quotidien considéré comme particulièrement utile, les craintes relatives à la protection des données sont reléguées au second plan. Très peu de personnes limitent ainsi leurs activités web pour des raisons liées aux aspects de confidentialité. Cette forme d’insouciance sur la Toile s’exprime notamment dans le recours aux moteurs de recherche, que plus de trois quarts des citoyens interrogés utilisent sans la moindre restriction. En outre, pratiquement personne ne renonce aux services d’e-banking dans le but de protéger ses données personnelles. Il en va de même concernant les services d’e-mails et de messageries instantanées gratuits. Or, si les Suisses se servent en masse de ces services, ils ne semblent pas avoir conscience de l’échange commercial implicite qui assure leur gratuité. Ou du moins ils font semblant de l’ignorer, puisque que seulement 14% des personnes interrogées disent être d’accord que leurs données soient utilisées pour recevoir en contrepartie des offres avantageuses ou gratuites. Un résultat qui contraste avec celui de l’étude «Sophia 2017», selon laquelle la moitié de la population serait prête à partager ses données avec les caisses maladies pour faire baisser leurs primes d’assurance. Les Suisses ne sont décidément pas à un comportement paradoxal près en matière de protection des données.

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