Marché des tablettes: révolution des usages ou bulle?

L'engouement des consommateurs pour les tablettes multimédia ne paraît pas s'essouffler depuis qu’Apple a sorti la sienne en avril aux Etats-Unis et fin mai au niveau mondial (un iPad écoulé toutes les 3 secondes). Les ventes de tablettes pourraient atteindre 19,5 millions d'unités dans le monde en 2010 et dépasser les 208 millions en 2014, avançait en octobre dernier le cabinet d’analyse Gartner. Dans une récente étude du marché des tablettes numériques, la société d’audit Deloitte temporise toutefois cet engouement. Si ce dernier cabinet prévoit également des ventes d’iPad spectaculaires au niveau mondial, notamment dopées en Europe par les subventions d’opérateurs, il estime que le potentiel de ce marché se comptera plutôt en dizaines de millions d’unités vendues à l'horizon 2013.

Succès incertain en entreprise

Deloitte distingue plusieurs freins potentiels au développement des tablettes. Globalement, les fonctionnalités, le contenu et le niveau de confort d’utilisation de ces appareils seraient en retrait par rapport aux smartphones et aux ordinateurs traditionnels, et ce aussi bien pour le marché professionnel que grand public, selon le groupe d’audit.

Si les usages professionnels se développeront, ils le feront néanmoins à un rythme plus lent qu’attendu et limité à certaines applications, prévoit Deloitte. Parmi les facteurs défavorables au succès en entreprise, le cabinet cite en outre une sécurité et une compatibilité avec les systèmes en place limitées. Les tablettes offrent cependant une facilité d’emploi et des opportunités pour le cloud computing. La santé (télémédecine), l’éducation (cours interactifs tactiles) ou encore le business (messagerie et collaboration mobile, suivi des équipes sur le terrain, reporting, gestion de stocks, saisie des données, etc.), tous sont des domaines où les ardoises numériques pourraient se développer professionnellement.

Au niveau du grand public, les atouts sont à trouver au niveau de la largeur de l’écran, qui donne notamment une meilleure visibilité pour un prix relativement bas. Le besoin de posséder une telle tablette se justifie par contre difficilement, considère l’étude de Deloitte. De même, gourmande en bande passante, elle risque de congestionner les réseaux 3G. Aux niveaux des applications privées, le cabinet distingue les jeux interactifs, le multimédia (TV, films et musique à la demande), les e-readers (e-books, e-magazines, e-journaux), l’accès internet (réseaux sociaux, surf, e-commerce, chat) ou encore l’e-mail et l’agenda.

Forme d’euphorie collective

Si les études des cabinets d'analystes se contredisent sur les tablettes, l’iPad a incontestablement ouvert une brèche qui débouchera peut-être sur une évolution des usages. L’écran d’Apple dispose d’atouts qui lui permettront probablement de conserver son leadership sur le marché, entre 40 et 50% de part de marché en 2012, explique Deloitte. Et ce notamment grâce à l’effet de cannibalisation des ventes d'autres équipements comme les netbooks et les consoles de jeux.