Réseau neuronal convolutif

L’IA d’une start-up suisse conclut que le tableau «Samson et Dalila» de Rubens est un faux

Spécialisée dans l’authentification d’œuvres d’art à l’aide de l’intelligence artificielle, la start-up zurichoise Art Recognition arrive à la conclusion que le tableau «Samson et Dalila» détenu par la National Gallery n’est pas l’œuvre de Rubens.

Selon l'IA, "Samson et Dalila" n'est pas l'oeuvre de Rubens.
Selon l'IA, "Samson et Dalila" n'est pas l'oeuvre de Rubens.

L’espace Pavilions de l’EPFL propose depuis quelques semaines une exposition invitant à explorer la relation entre les œuvres d’art et leurs doubles numériques. On peut notamment y voir The Next Rembrandt, une peinture générée à partir des œuvres de l’artiste hollandais. Mais, si l’IA peut créer des répliques, elle peut aussi aider à distinguer les œuvres authentiques des faux. Un domaine dans lequel s’illustre la start-up suisse Art Recognition, qui vient de faire un coup retentissant.

Selon un article du Guardian, la jeune pousse zurichoise a en effet soumis le tableau «Samson et Dalila» de Rubens à ses algorithmes. Et leur verdict est sans appel: il s’agit d’un faux. «Nous avons répété les expériences pour être vraiment sûrs que nous ne faisions pas d'erreur et le résultat était toujours le même. Chaque parcelle, chaque carré, est apparu comme faux, avec une probabilité de plus de 90%», commente Carina Popovici, CEO d’Art Recognition à la rédaction du Guardian. Le coup est dur pour la National Gallery qui a fait l’acquisition du tableau du maître flamand en 1980 pour 2,5 millions de livre sterling, sachant que sa valeur pourrait être aujourd’hui bien supérieure.

Verdict algorithmique

Considéré comme un chef d’œuvre, la peinture attribuée à Rubens représente Samson, la tête sur les cuisses de son amante Dalila, pendant que les complices de cette dernière lui coupent ses cheveux dont il retire sa force. Art Recognition a comparé l’œuvre à 148 tableaux de Rubens non contestés. Les algorithmes arrivent à la conclusion que le tableau n’a pas été peint par Rubens à 91,78%, soit l’une des probabilités les plus élevées jamais obtenues par la start-up qui a analysé plusieurs centaines de tableaux avec sa technologie. Celle-ci s’appuie sur un réseau neuronal convolutif pour analyser les caractéristiques des œuvres et notamment les le coup de pinceau de l’artiste. L’IA serait ainsi suffisamment robuste pour pouvoir authentifier une œuvre en dépit des changements de style au cours de la carrière d’un artiste.

Le verdict algorithmique pourrait donner du crédit aux critiques qui affirment depuis longtemps que le tableau «Samson et Dalila» est la copie d'un original de Rubens dont on a perdu la trace. «L’importance de cette nouvelle méthode d'authentification par l'IA est potentiellement révolutionnaire. Dépourvu de subjectivité humaine, d'émotions et d'intérêts commerciaux, le système est froidement objectif et scientifiquement précis. De nombreuses œuvres douteuses ont été attribuées à Rubens au début du 20e siècle... Il existe aujourd'hui un besoin évident de méthodes plus fiables pour les connaisseurs», commente l’historienne de l’art Kasia Pisarek dans l’article du Guardian. La National Gallery, qui a jusqu’alors rejeté les critiques sur l’authenticité du tableau, a indiqué qu’elle ne ferait pas de commentaire avant la publication complète des recherches.

> L’exposition «Deep Fakes: Art and Its Double» est à voir à EPFL Pavilions jusqu'au 6 février 2022

Tags
Webcode
DPF8_232075