Muséologie

Conçue à l’EPFL, cette app promet de collecter l’expérience des visiteurs des musées

A la fois application ludique permettant aux visiteurs de saisir leur expérience d’une exposition et outil aidant les musées à comprendre leur public, la solution «muse» développée à l’EPFL va être expérimentée dans huit musées suisses.

Le Laboratoire de muséologie expérimentale de l’EPFL lance «muse», une application mobile pour aider les musées à en savoir plus sur leurs visiteurs. L’idée, remplacer les enquêtes effectuées au moment de quitter le musée par une app au design étudié à utiliser cette fois durant la visite et permettant au public de renseigner non seulement des données démographiques mais aussi son expérience via des éléments interactifs. Equipés de leur iPad, les collaborateurs du musée peuvent par exemple inviter les visiteurs à prendre une photo, à décrire ce qu’ils aimeraient voir une prochaines fois ou encore à dessiner leur objet favori.

L’app ne risque-t-elle pas de distraire les visiteurs des œuvres exposées? Contactée par ICTjournal, Sarah Kenderdine, directrice du laboratoire eM+ à l’EPFL, y voit plutôt un support à leur expérience: «Grâce à cet outil, les visiteurs développent un langage plus riche et plus varié sur leur expérience. Ils entrent en dialogue avec le musée et cette expérience enrichissante est centrale à la nouvelle muséologie». Pour la chercheuse, l’application permet par ailleurs de pointer sur des éléments particuliers de l’exposition et facilite le dialogue avec les collaborateurs du musée tout au long de la visite.

Outils d’administration

Côté musée, la solution développée à l’EPFL offre aux responsables un outil pour créer des questions et sondages, ainsi qu’un tableau de bord permettant de consulter les données recueillies en temps réel. «L’objectif de muse est de donner accès à des outils d’analyse susceptibles d’aider les musées à se concentrer sur les visiteurs en tant qu’individus, et à utiliser la qualité d’engagement du visiteur pour définir, mesurer et programmer de meilleures expériences muséales», explique Sarah Kenderdine. Pour la responsable du laboratoire de muséologie, les contenus non-structurés saisis par les visiteurs pourraient eux aussi faire l’objet d’analyses, en dégageant par exemple des patterns dans les dessins ou en recourant à l’analyse de sentiment sur les contenus texte et audio.

Collaboration avec des musées suisses

Entièrement développée à l’EPFL, l’application s’appuie sur des travaux préalables menés par Sarah Kenderdine, alors qu’elle était en Australie, et bénéficie du soutien financier d’Engagement Migros. «De nombreuses fonctionnalités additionnelles ont été ajoutées suite aux échanges avec des musées suisses. Nous bâtissons cette outil collectivement pour être au plus près des besoins des musées», explique Sarah Kenderdine à notre rédaction.

Les musées justement seront huit à expérimenter dans un premier temps l’outil: le Château de Morges, le Musée international de la Croix- Rouge à Genève, le Musée d’ethnographie de Genève, le Musée Rietberg à Zurich, le Musée olympique à Lausanne et la Maison des arts électroniques à Bâle, qui a déjà commencé à employer l’application (voir photo). A terme, 16 musées supplémentaires rejoindront l’initiative, les expériences devant notamment servir à développer un modèle commercial pour l’outil au-delà de la Suisse.

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