L’Evénement Connecté

Disruption, cybersécurité et numérisation au menu du salon LEC

L’Evénement Connecté (le LEC) a pu se dérouler à nouveau en présentiel, les 21 et 22 septembre à Genève. Avec un programme riche de conférences et tables rondes. Focus sur trois d’entre elles, dédiées à la cybersécurité, à la transformation digitale et à la disruption.

Alors que la pandémie de Covid-19 avait eu raison de l’édition 2020, L’Evénement Connecté (le LEC) a fait son retour en format présentiel en ce début d'automne. Les 21 et 22 septembre à Palexpo (Genève), le salon a réuni 153 sociétés exposantes et proposé 110 prises de parole. Organisateur de l’événement, Yannick Bazin déplore une forte baisse de la fréquentation, qu’il attribue notamment à l’obligation des participants de présenter un passe sanitaire, à l’heure où seule un peu plus de la moitié de la population suisse est complètement vaccinée.

«Si cette baisse de fréquentation (prévisible) est évidemment décevante, les retours des exposants sont plutôt positifs surtout sur les qualités des rencontres faites sur les stands et sur un réel plaisir de se retrouver enfin en présentiel. C'est une véritable énergie positive que j'ai pu ressentir sur les deux jours. La qualité de programme de conférences et tables rondes proposée a été soulignée par tous», confie l’organisateur. En témoignent deux tables rondes et une keynote auxquelles la rédaction a assisté lors de la première journée.

Le cloud est sûr… si l’on s’y prend bien

Thématique imprégnant toujours plus le quotidien des entreprises, la cybersécurité a notamment été abordée sous l'angle de la migration vers le cloud, dans le cadre d’une discussion animée par Mauro Verderosa, fondateur de l’association Swiss-CyberSecurity. Venus partager leur expérience, Ivan Mezui-Minko (Senior IT Project et Audit Manager chez Sommet Education) et Florian Widmer (responsable cybersécurité à la banque Pictet) sont du même avis: passer sur le cloud permet de garantir une sécurité plus élevée qu’en gérant soi-même l’entier de son environnement IT. Encore faut-il bien l’utiliser et prendre les mesures de contrôle adéquates.

«La question n’est pas de savoir si le cloud est sûr ou sécurisé, mais de savoir si on l'exploite et le configure de manière sécurisée», a déclaré Florian Widmer. Avant de souligner l'obligation de bien paramétrer les services IaaS, évoquant les nombreux incidents ayant touchés des firmes employant des serveurs Amazon S3 ouverts à tous vents car piètrement configurés. Ivan Mezui-Minko a de son côté insisté sur la nécessité de contrôler les certifications obtenues par les fournisseurs auxquels on envisage de faire appel. Par exemple selon les standards SOC 2, SOC 3 ou ISO 27001, en fonction du secteur d’activité et des différents cas d’usage.

Décloisonner les métiers et mesurer la transformation numérique

La table ronde «Les points clés pour réussir sa transformation digitale» a donné l'opportunité d'entendre les témoignages de Ralph Blasius, chef de projet digital dans le programme non-vie chez Vaudoise Assurances, et Hugo Roche, Digital Transformation & Marketing Director au sein du groupe Brunschwig (les boutiques Bongénie). Ce dernier a évoqué l’importance d'insuffler une véritable culture d'entreprise favorable au numérique, à l'heure où les tâches de collecte des données clients deviennent transversales. Bongénie s'applique ainsi à décloisonner les métiers, avec la mise en place d’équipes hybrides, par exemple 50% IT et 50% marketing digital.

A l’instar de Bongénie, la Vaudoise se focalise désormais sur une stratégie omnicanal et le besoin d’avoir une vue à 360 degrés sur le parcours client. L’assureur teste de nouveaux projets et outils numériques en s'appuyant sur des hackathons, ainsi que sur les équipes d’Animalia, une assurance pour chiens et chats rachetée en 2016 et qui continue apparemment de fonctionner en mode start-up. Cette business unit fait en quelque sorte office de lab d’innovation à la Vaudoise. La discussion a par la suite abordé les KPI, pour lesquelles il apparaît crucial de disposer de données fiables pour mener un projet de transformation et, surtout, en mesurer les avancées et le succès. «Il n'y a pas de transformation digitale si l’on n'arrive pas à mesurer le progrès», a résumé Ralph Blasius.

Optimiser les processus ne servirait à rien, il faudrait disrupter

Conférencier et auteur se focalisant sur l’impact sociétal des technologies émergentes, Stéphane Mallard a tenu un discours aussi provocateur que peu nuancé, avare de conditionnel mais assurément apte à stimuler la réflexion. De quoi bousculer l’auditoire et susciter de nombreuses questions. L’expert est persuadé que les algorithmes d'intelligence artificielle finiront par rendre obsolète la plupart des domaines d’expertise humaine, notamment en modélisant efficacement toujours plus de fonctions cognitives. Emotions et créativité comprises.

Pour Stéphane Mallard, il est inutile, pour une entreprise, de se concentrer sur l'optimisation et l'accélération de ses processus. «Oubliez tout ça. Ce n’est pas du tout le sujet. Si c’est ce que des consultants vous vendent, mettez-les dehors, a-t-il asséné. La transformation digitale - ce que les Américains appellent la disruption - cela ne signifie pas optimiser mais rendre obsolète en inventant quelque chose au passage. Même en optimisant ses processus et en réduisant ses coûts, Kodak serait de toute façon mort car il fallait inventer Instagram.» A méditer… Sauf que ces propos n'avaient peut-être rien de réel: le conférencier a conclu son intervention en questionnant la nature du monde qui nous entoure. Car si nous sommes bientôt capables de créer des technologies répliquant à s’y méprendre notre environnement, nos capacités et notre comportement, qui nous dit que nous ne vivons pas déjà dans une simulation, par exemple créée par des civilisations bien plus avancées que nous? Une keynote tout à fait surprenante, tant sur le fond que sur la forme.

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