Identification biométrique

Reconnaissance faciale: les passagers oui, les sans-abris non

Air France et les Aéroports de Paris pourraient bientôt tester la reconnaissance faciale pour remplacer les cartes d’embarquement. De son côté, Google est sur la sellette à cause d’une probable collecte abusive de photos de sans-abris pour entraîner ses algorithmes à mieux reconnaître les visages à la peau foncée.

(Source: Unsplash)
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Les systèmes biométriques permettront-ils bientôt de se passer de carte d'embarquement? C’est une éventualité, à l’heure où la reconnaissance faciale est testée dans ce but par Air France et les Aéroports de Paris, selon une information exclusive de l’Express. L'hebdomadaire français rapporte qu’Air France et une autre compagnie aérienne (dont l’identité n’est pour l’heure pas connue) s’apprêtent à proposer un tel système pour remplacer les cartes d'embarquement traditionnelles sur trois vols réguliers en partance de Paris Orly. Les passagers n'auront qu’à s’identifier à l’aide d’une borne qui scannera leur visage. D’une durée de 18 mois, le test ne prévoirait pas de croisement avec la base de données du ministère de l'Intérieur, précise l’Express. RGPD oblige, les passagers devront donner leur consentement explicite. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) suit de près le développement de ce système et va imposer que les données faciales ainsi capturées soient détruites après le décollage de l’avion.

Promesses et craintes

A l’image de ce projet aéroportuaire, la reconnaissance faciale suscite autant de promesses que de craintes. Alors que la ville de San Francisco a récemment banni cette technologie associée aux dispositifs de vidéosurveillance, son exploitation dans ce cadre est en revanche plutôt acceptée à Genève et à Zurich. En 2018, Microsoft appelait les gouvernements à se saisir du sujet, mettant en garde contre les mauvais usages potentiels et les biais qu’elle peut susciter, pointant du doigt une capacité de reconnaissance moins fiable pour les personnes de couleur. Une spécificité due au nombre plus élevé de photos de personnes à la peau blanche utilisé pour entraîner les intelligences artificielles au coeur de ces systèmes. Un problème auquel a décidé de s’attaquer Google.

Probable collecte abusive de photos de sans-abris

Pour que le système de reconnaissance faciale de son smartphone Pixel 4 soit suffisamment performant pour les personnes de couleur, Google a lancé une campagne de collecte publique de portraits. Des passants arrêtés dans la rue peuvent dans ce cadre vendre leurs données faciales en échange d’un chèque-cadeau d’une valeur de 5 dollars. Une initiative qui n’a pas tardé à se retourner contre le géant de la tech... Selon des informations du New York Daily News, l'agence d’intérim Randstad, par qui est passé Google, aurait envoyé des équipes dans plusieurs villes US pour tirer le portrait de sans-abris et d’étudiants à la peau foncée, sans nécessairement les informer de l'utilisation qui serait faite de ces données. Selon un contractant, il s’agissait de cibler des personnes plus susceptibles d’être attirées par la récompense. Le New York Times rapporte que ces révélations ont alerté la procureur d'Atlanta, qui a demandé des explications à Google. Un porte-parole précise que la firme, qui prend ces allégations très au sérieux, a décidé de suspendre immédiatement cette collecte de photos de visages.

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