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Microsoft appelle les gouvernements à réglementer la reconnaissance faciale

Dans un texte fleuve, le directeur juridique de Microsoft invite les gouvernements, et particulièrement le congrès américain, à se saisir du sujet de la reconnaissance faciale. Selon lui les mauvais usages qui peuvent en être faits et les biais qu’elle peut susciter doivent être encadrés.

(Source: Niv Singer on Unsplash)
(Source: Niv Singer on Unsplash)

Dans un billet de blog XXL, le directeur juridique de Microsoft appelle les gouvernements a encadré l’usage de la reconnaissance faciale. Alors que les tests d’utilisation de cette technologie se multiplie, de l’aéroport de Zurich aux gares chinoises en passant par les bureaux d’UBS, Brad Smith alerte sur un éventuel emploi «à mauvais escient par des entreprises privées et des autorités publiques.»

Selon lui «la technologie de reconnaissance faciale soulève des questions qui sont au cœur de la protection des droits fondamentaux de la personne, comme la protection de la vie privée et la liberté d'expression.» S’il reconnaît l’utilité de cette avancée pour trier des images en fonction de ce qu’un logiciel est capable d’identifier dessus, il s'inquiète de la capacité de certaines caméras à faire de la reconnaissance faciale en temps réel, sur la base des immenses quantités de photos désormais disponibles en ligne. «Imaginez un gouvernement qui enregistre tout vos déplacements à votre insu. Imaginez une base de données de tous ceux qui ont assisté à un rassemblement politique, ce qui constitue l'essence même de la liberté d'opinion. Imaginez les magasins d'un centre commercial utilisant la reconnaissance faciale pour partager entre eux des informations sur chaque étagère que vous parcourez et les produits que vous achetez, sans votre autorisation», alerte le dirigeant qui a déjà appelé à plusieurs reprises à la création d’une «convention de Genève du numérique».

La balle dans le camp du régulateur

Brad Smith met également en garde contre le risque de biais: «Les technologies fonctionnent mieux pour les hommes blancs que pour les femmes blanches et étaient plus précises dans l'identification des personnes ayant un teint clair que sur les personnes de couleur.» Sur ce sujet, il invite toutes les entreprises tech à «poursuivre l'important travail nécessaire pour réduire le risque de biais» arguant que «personne ne bénéficie du déploiement d'une technologie [...] immature, qui présente un taux d'erreur plus élevé pour les femmes et les personnes de couleur.»

Mais selon lui, il est du ressort des gouvernements, en tant que représentant du peuple, de dicter aux entreprises technologiques ce qu’elles peuvent et surtout ce qu’elles ne peuvent pas faire à l’aide de la reconnaissance faciale. S’appuyant sur les exemples automobile et aéronautique, Microsoft assure par la voix de son directeur juridique qu’il «existe de nombreux marchés où une réglementation réfléchie contribue à une dynamique plus saine pour les consommateurs et les producteurs.»

Cette demande de la part de l’entreprise de Redmond est-elle aussi un besoin du grand public? Sur la question de l’essor de la biométrie, les américains sont pour le moins partagés. Selon un sondage réalisé par TSheets auprès de 500 citoyens des Etats-Unis, 50% ne sont pas à l’aise avec l’utilisation de leurs données biométriques, quelle que soit la situation. De son côté, une enquête de l’acteur de la reconnaissance faciale FaceFirst a montré que 46,1% des internautes US n’étaient pas prêts à acheter un appareil mobile doté de cette technologie alors que 7,7% en ont déjà un et les autres n’auraient rien contre.

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