Cryptoéconomie

A contre-courant, la BNS voit d'un bon œil la cryptomonnaie de Facebook

Un responsable de la BNS juge la cryptomonnaie de Facebook intéressante et pense que la firme va se plier aux règles. Un discours qui contraste avec la plupart des réactions des banques centrales et autres institutions en charge des politiques monétaires.

Antoine Martin (Bank of New York), Thomas Moser (BNS), Harald Stieber (Commission de l’UE), Michael Kumhof, Bank of England, Domenico Gammaldi, Bank of Italy. (Source: Netzmedien)
Antoine Martin (Bank of New York), Thomas Moser (BNS), Harald Stieber (Commission de l’UE), Michael Kumhof, Bank of England, Domenico Gammaldi, Bank of Italy. (Source: Netzmedien)

L’annonce de la cryptomonnaie libra, créée par Facebook, n’a pas été accueillie avec le sourire par les institutions étatiques en charge des politiques monétaires. Cryptomonnaie qui cible des milliards d'utilisateurs, la libra suscite la méfiance des banques centrales... mais pas en Suisse. Présente à la Crypto Valley Conference à Zoug, la Netzwoche rapporte que le membre du directoire de la Banque nationale suisse (BNS), Thomas Moser, ne voit pas la libra d’un mauvais œil. Jugeant le projet intéressant, il estime que Facebook semble prêt à se plier aux règles: «Le livre blanc fait une impression très professionnelle et montre que Facebook veut suivre les règles et coopérer avec les régulateurs». Des déclarations qui contrastent fortement avec les réactions de ses paires.

Crainte de blanchiment de capitaux

Egalement présent à la Crypto Valley Conference, un représentant de la Banque d'Italie a jugé que le white paper de la libra ne fournissait pas assez d'informations. En France, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a été l’un des premiers à réagir, rappelant que la libra ne pourra être une monnaie souveraine. Le gouverneur de la Banque de France a par la suite expliqué à L’Obs que le projet devra appliquer la réglementation anti-blanchiment et être régulé en tant que banque pour être en mesure de proposer des services bancaires. Créé à l'initiative de la France, un groupe de travail mené par un membre du conseil d'administration de la Banque centrale européenne va ainsi examiner la manière dont les cryptomonnaies sont réglementées pour éviter le blanchiment de capitaux et assurer la protection des consommateurs. Dans son Rapport économique annuel, la Banque des Règlements Internationaux (BRI) a de son côté souligné que l’entrée des Big Tech dans la finance introduit des éléments supplémentaires dans l’équation risque/avantage. La BRI ajoute que le sujet nécessite de parvenir à un équilibre entre la stabilité financière, la concurrence et la protection des données.

Facebook convoqué par les parlementaires US

Aux Etats-Unis, les parlementaires ont convoqué les responsables de la cryptomonnaie de Facebook pour une audition prévue 17 juillet. La présidente de la commission des services financiers de la Chambre des représentants a déjà fait savoir qu’elle ne voyait pas le projet d’un bon œil, déclarant à CNBC: «Nous devons protéger nos consommateurs. Nous ne pouvons tout simplement pas leur permettre d'aller en Suisse avec tous leurs associés et commencer à concurrencer le dollar.» En revanche du côté de la Fed (la Réserve fédérale américaine), le ton se veut moins alarmiste et fait écho au propos de Thomas Moser de la BNS. «Vous savez, Facebook s’est largement déplacé à travers le monde pour parler de ses plans avec des régulateurs, des superviseurs et beaucoup de gens, et cela nous inclut certainement», a expliqué lors d’une conférence de presse le Président de la Fed Jerome Powell.

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