Open banking

Les banques suisses auront-elles des API standardisées? Oui, mais…

Une association regroupant des banquiers et éditeurs de logiciels bancaires travaille au développement d’API standardisées pour stimuler l’innovation dans le secteur fintech suisse. Une ouverture reposant toutefois sur le bon vouloir des établissements.

Photo: rawpixel sur Unsplash
Photo: rawpixel sur Unsplash

La Swiss Fintech Innovations Association (SFTI) veut pousser les acteurs suisses de la finance à se doter d’interfaces standardisées. L’association qui regroupe principalement des banques et des éditeurs de logiciels bancaires explique sa démarche par le fait que des API communes sont indispensables à l’innovation dans le secteur. «Plus ces API sont conçues de manière uniforme entre les institutions bancaires et plus elles sont répandues, plus on verra rapidement des modèles d’affaires innovants s’en servant», explique la SFTI. L’association a ainsi mis en place un groupe de travail chargé d’élaborer ces interfaces, qui intègre les éditeurs des principales solutions bancaires utilisées en Suisse: Avaloq, Finnova, Finstar et Temenos.

«Nous voulons standardiser les spécifications d’interface au sein même des systèmes de backend des banques. Elles peuvent ainsi choisir librement leurs prestataires, ainsi que les services qu’elles souhaitent elles-mêmes proposer, qu’il s’agisse de développements propriétaires ou de solutions achetées en marque blanche», explique Jürgen Petry, New Business Innovator chez Raiffeisen Suisse et responsable du Common API Working Group de l’association, dans un entretien au site fintechnews.ch

Ouverture à la carte

Soutenue par de nombreuses banques - Crédit Suisse, BCV, ZKB, Lombard Odier, Raiffeisen - l’initiative a de quoi surprendre. L’Association suisse des banquiers s’est en effet montrée hostile à l’introduction d’une règlementation analogue à PSD2 au niveau européen, qui oblige les établissements financiers à s’ouvrir aux applications tierces via des API standardisées. Une position qui est d’ailleurs un motif de discorde entre les banques et les start-up fintech suisses.

Assiste-t-on à un revirement des banquiers suisses, alors que 40% de la population est en faveur de l’open banking? Pas vraiment. Contrairement à PSD2, l’initiative de la SFTI n’est en rien contraignante. Elle propose uniquement de développer des API communes donnant la capacité technique aux banques, fintech et éditeurs de connecter plus simplement leurs services, pour autant qu’ils le souhaitent...

Contacté par ICTjournal, Gian Reto à Porta, CEO Contovista et Président du comité de l’association Swiss Finance Startups qui regoupe des jeunes pousses fintech, juge toutefois que l’initiative va dans la bonne direction: «Il est utile de disposer de spécifications d’interface standardisées auxquelles les banques se tiennent. Cela simplifie la tâche des start-up qui souhaitent connecter leur service à une banque». Mais il tempère: «L’initiative apportera vraiment quelque chose si les banques implémentent et ouvrent ces interfaces.»

Les banques établies conservent en fin de compte leur pouvoir de verrouillage. Et elles auront beau jeu d’expliquer qu’elles n’ont pas besoin de réglementation pour agir…

Les premiers éléments de spécification sont disponibles sur le site de SFTI.

Webcode
DPF8_111030