Logiciels de gestion

Bexio et Accounto vivifient le marché suisse des solutions de comptabilité

Le marché suisse des logiciels de gestion est secoué par l’émergence de nouveaux venus. Dont la solution cloud de Bexio et la jeune pousse Accounto, qui se profile comme une fiduciaire de l’ère digitale.

Le management de Bexio: Rouven Mayer, Jeremias Meier, Michael Loos et Christopher Jarke. (Source: Bexio)
Le management de Bexio: Rouven Mayer, Jeremias Meier, Michael Loos et Christopher Jarke. (Source: Bexio)

Editeurs établis sur le marché des logiciels de gestion en Suisse, Abacus et Sage ont tous deux dégainés en 2016 et 2017 des déclinaisons de leurs solutions pour cibler les petites entreprises: AbaNinja et Sage Start. De nouvelles offres taillées pour venir marcher sur les plates-bandes de certaines start-up venues secouer un marché qui, il n’y a pas si longtemps, ne proposait pas de solutions en ligne et adaptées aux petites structures. Parmi ces nouveaux venus, Bexio, tout récemment racheté par La Mobilière. Fondé en 2013, la jeune pousse qui reste autonome et devient une filiale de l’assureur a aujourd’hui passé la barre des 15’000 clients. «Ce chiffre a doublé en un an», confie à ICTjournal le CEO Jeremias Meier, qui espère continuer sur ce rythme de croissance au cours des douze prochains mois.

Ciblant en particulier les petites structures de moins de 10 collaborateurs, le logiciel de gestion de Bexio a été pensé dès le départ pour se différencier en se profilant comme une solution native sur le cloud. Outre la création d'offres, d'ordres et de factures, ainsi que la gestion des stocks, des produits et des contacts, Bexio automatise les processus de comptabilité via des interfaces se connectant à l’e-banking de certaines banques suisses. C’est pour l’heure le cas d’UBS, de Crédit Suisse, de Postfinance, de Raiffeisen et de trois banques cantonales suisses alémaniques. «Les banques en Suisse romande sont très intéressées à être intégrées à Bexio. Nous prévoyons de lancer un partenariat cette année», confie Jeremias Meier. Le CEO précise qu’environ 10% de la clientèle de Bexio est basée en Suisse romande. La start-up a également constitué un réseau de plus de 500 sociétés fiduciaires, qui collaborent avec les utilisateurs directement via la plateforme. Un app store permet à des apps tierces d’être connectées à la solution en tant qu’add-ons. Jeremias Meier souligne que la stratégie de croissance de la start-up continuera notamment à passer par le développement de cet écosystème: «En ce moment nous travaillons à l’intégration d’offres d’assurances avec Swiss Life [devenu actionnaire de Bexio fin 2017, NLDR].»

Pas une menace aux yeux des éditeurs établis

Contacté par la rédaction, le porte-parole de Sage Patrick Ottiger explique qu’aux yeux de l’éditeur, les start-up comme Bexio constituent de nouvelles impulsions et vivifient le marché. Elles ne sont toutefois pas perçues comme une menace. Il précise notamment: «Un grand avantage des solutions suisses de Sage, telles que Sage Start, Sage 50 Extra ou Sage 200 Extra, est que la connexion à l'e-banking est possible avec n'importe laquelle des quelques 220 banques suisses.» Même son de cloche du côté d’Abacus, dont les outils traditionnels d’e-banking peuvent opérer un échange automatique des paiements et encaissements avec les banques cantonales et principaux établissements bancaires suisses. Pour AbaNinja, application purement cloud, une connexion est proposée avec Raiffeisen, la Banque Cantonale de Saint-Gall va suivre et des négociations sont en cours avec d’autres établissements, précise Laurent Gfeller. Le responsable des activités de l’éditeur en Suisse romande salue en outre le succès de Bexio, qui selon lui a su exploiter tout le potentiel d’un modèle cloud couplé à un service de support/vente interactif et efficace. Il juge par ailleurs intéressant le business modèle d’autres firmes du cloud, notamment Run my Accounts et Klara, dont les solutions exploitent intelligence artificielle et machine learning pour proposer des fonctionnalités de reconnaissance des documents et de saisie automatisée.

L’émergence des fiduciaires digitales

Run my Accounts et Klara se situent à mi-chemin entre la solution de gestion et le prestataire de services fiduciaires. C’est aussi le cas de la jeune pousse alémanique Accounto, créée fin 2016, qui se définit explicitement comme une «fiduciaire digitale». Son CEO Alessandro Micera explique à la rédaction que l’offre d’Accounto ne s’adresse pour l’heure qu’au marché suisse allemand et compte plusieurs centaines d’utilisateurs. La start-up propose à un prix fixe mensuel à la fois pour le logiciel de gestion et les services qu’accomplirait une fiduciaire traditionnelle. «Accounto ne vient pas tant disrupter les logiciels de comptabilité du marché, mais s’inscrit dans une nouvelle catégorie de solutions qui puisent dans le potentiel de technologies permettant une automatisation radicale des tâches qu’accompliraient les fiduciaires traditionnelles peu portées sur les outils numériques et dont les services sont généralement très lents», confie le CEO. Accounto a d’ailleurs suscité l’intérêt de fiduciaires souhaitant digitaliser leurs processus, la start-up envisage ainsi de développer une offre les ciblant spécifiquement.

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