L’IA met toujours plus à l’épreuve les ambitions climatiques de Google
Malgré d’importants contrats d’énergie non fossile, Google peine à contenir l’empreinte carbone de ses datacenters, en forte croissance sous l’effet de l’IA. L’entreprise reconnaît que ses objectifs de neutralité carbone pour 2030 seront difficiles à atteindre.

Malgré d’importants investissements dans les énergies peu carbonées, Google admet que ses ambitions climatiques pour 2030 sont de plus en plus difficiles à atteindre, en particulier face à l’envolée de la consommation énergétique de ses centres de données, fortement sollicités par les usages liés à l’IA.
Dans l’édition 2025 de son rapport environnemental, Google détaille les progrès et les limites de sa stratégie climatique. En 2021, la firme de Mountain View avait promis de réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à leur niveau de 2019), avec pour objectif final d’atteindre la neutralité carbone cette même année. Le bilan intermédiaire est contrasté.
En 2024, la consommation électrique des datacenters de Google a atteint 30,8 millions de mégawattheures, soit plus du double qu’en 2020. Cette hausse s’explique par l’essor de l’intelligence artificielle, mais aussi par la croissance de Google Cloud, des services de recherche et de YouTube, selon les précisions du rapport. Rien qu’entre 2023 et 2024, la consommation a progressé de 27%, contre 17% l’année précédente.
Contrats d’énergie non fossile en hausse
Google indique toutefois avoir réduit de 12% les émissions liées à ses centres de calcul sur un an, malgré cette hausse de la demande énergétique. Ce résultat s’expliquerait par la mise en service, en 2024, de plus de 25 projets d’électricité peu carbonée contractés au cours des dernières années, représentant au total 2,5 gigawatts injectés dans les réseaux qui alimentent ses infrastructures. L’entreprise affirme également avoir procédé à ses plus importants achats annuels d’énergie non fossile en 2024, avec 8 gigawatts ajoutés à son portefeuille.
Google souligne également avoir trouvé de nouveaux accords avec des fournisseurs d’électricité non fossile (incluant le renouvelable, le nucléaire et la géothermie). L’entreprise estime que ces approvisionnements permettront de compenser près de quatre fois l’augmentation de sa consommation entre 2023 et 2024. Elle précise néanmoins que le développement de technologies de nouvelle génération (comme la géothermie renforcée ou le nucléaire avancé) reste limité par le manque d’infrastructures et les coûts élevés de mise en œuvre.
Côté émissions, les chiffres publiés par Google montrent une hausse généralisée. En 2024, les émissions totales dites «ambition-based» s’élevaient à 11,5 millions de tonnes équivalent CO2, soit une augmentation de 51% par rapport à 2019. Les émissions opérationnelles (scopes 1 et 2) représentaient 3,1 millions de tonnes, en hausse de 241%. Les émissions issues de la chaîne d’approvisionnement (scope 3) atteignaient quant à elles 8,4 millions de tonnes, soit 25% de plus qu’en 2019.
Un rapport indépendant met en doute les chiffres annoncés
Un rapport indépendant publié par le groupe Kairos Fellowship dresse un constat plus critique. Cette organisation à but non lucratif affirme que les émissions de gaz à effet de serre de Google ont en réalité augmenté de 65% entre 2019 et 2024. En outre, l’énergie consommée par l’entreprise aurait progressé de 157% sur la même période.
Le rapport de Kairos Fellowship reproche aussi à Google d’avoir modifié sa méthodologie de suivi en introduisant la nouvelle métrique «ambition-based», qui exclurait plus de 3,6 millions de tonnes de CO2 du calcul officiel des progrès vers son objectif climatique. Toujours selon l’organisation, l’objectif de neutralité carbone a été relégué dans l’annexe du rapport 2025 et renommé «carbon reduction moonshot». Une requalification qui réduirait la portée de l’engagement initial de Google et rendrait improbable l’atteinte de l’objectif d’ici 2030.