L’État de Genève amorce un déploiement progressif de Microsoft 365 dans le cloud
L’administration cantonale genevoise pourra activer certaines applications de Microsoft 365 hébergées dans le cloud. De quoi alimenter le débat autour de la protection des données et de la souveraineté numérique en Suisse.

Le Conseil d’État genevois a été informé le 4 juin par le Département des institutions et du numérique (DIN) du recours progressif à certaines applications de la suite bureautique Microsoft 365 nécessitant une connexion aux serveurs du géant américain, selon une information exclusive du quotidien Le Temps (paywall). L'Office cantonal des systèmes d’information et du numérique (Ocsin) est désormais autorisé à activer ces nouvelles fonctionnalités cloud, sous réserve de garanties juridiques et techniques, notamment le chiffrement des données sensibles, afin de respecter le cadre légal.
Jusqu’à présent, les outils Microsoft utilisés par l’administration cantonale étaient exclusivement hébergés dans les centres de calcul de l’État. Contacté par Le Temps, le DIN n’a pas souhaité commenter ce qu’il qualifie de «choix opérationnel qui n’a pas fait l’objet d’une décision formelle de la part du Conseil d’État». Il précise toutefois qu’il s’agit d’«une mesure dans une stratégie plus globale consistant également à explorer des alternatives visant à renforcer la souveraineté numérique».
En Suisse, le recours à des services cloud étrangers dans les administrations publiques est débattu depuis plusieurs années. En 2022, le canton de Zurich considérait possible l’utilisation de Microsoft 365 dans le cloud. Fin 2024, la Confédération a entamé la migration de près de 40’000 postes de travail vers cette suite en ligne. Plus récemment, le Conseil d’État de Bâle-Ville a choisi d'adopter Microsoft 365, une décision vivement critiquée par la Préposée cantonale à la protection des données, qui y voit une menace pour les droits fondamentaux et un affaiblissement marqué de la souveraineté numérique.
Face aux prises de position en faveur d’une plus grande autonomie numérique, Microsoft met désormais en avant des solutions présentées comme conformes aux exigences de souveraineté européenne. Dans le cadre de ses engagements numériques en Europe, l’entreprise américaine vient de dévoiler une nouvelle offre garantissant à ses clients que leurs données seront traitées et hébergées localement, avec la promesse que seuls des collaborateurs Microsoft basés en Europe y auront accès.