Sustainable IT Day 2025

Numérique responsable: convaincre, structurer et transformer

Alors que les entreprises cherchent à rendre leur transformation numérique plus durable, le Sustainable IT Day 2025, tenu le 27 mai à l’Impact Hub de Lausanne, a livré des clés concrètes pour structurer une démarche numérique responsable. DSI, responsables RSE, fournisseurs cloud, institutions publiques et consultants ont partagé leurs retours d’expérience pour aider les organisations à passer à l’action, sans perdre de vue leurs contraintes opérationnelles.

La deuxième édition du Sustainable IT Day, organisée le 27 mai 2025 à l’Impact Hub de Lausanne par l’Institut du numérique responsable suisse et IT4Future, a rassemblé un écosystème d’acteurs engagés dans la transition numérique durable. Professionnels IT, responsables RSE, dirigeants et prestataires sont venus partager leurs approches, leurs doutes et les moyens concrets de faire progresser leur organisation sur ces enjeux. L’objectif: structurer des stratégies numériques à la fois performantes, sobres et éthiques. Les échanges ont montré qu’au-delà des intentions, ce sont la capacité à embarquer les équipes, la mesure des impacts et l’encadrement des usages qui font la différence.

Structurer à partir du concret

Les interlocuteurs ont rappelé que les démarches numériques responsables ne partent pas toujours d’une volonté stratégique descendante. Dans plusieurs cas, ce sont les équipes qui initient le mouvement. C’est ce qui s’est passé chez Oodrive, où des collaborateurs issus de différents services ont formé un collectif pour faire avancer les questions environnementales, sociales et de gouvernance. Face à cette dynamique interne, la direction a choisi de structurer la démarche en créant un poste de responsable RSE à plein temps, aujourd’hui occupé par Marie-Céline Plourin. «La confiance numérique ne peut plus se limiter à la sécurité ou à la conformité. Elle passe aussi par nos choix sociaux et environnementaux», souligne-t-elle.

Au Groupe Mutuel, des actions concrètes ont fait levier: rationalisation des impressions, prolongation des cycles de renouvellement, collecte de téléphones inutilisés. Ces ajustements ont ouvert un espace de dialogue pour aller vers une approche structurée. Formations, diagnostics et feuilles de route sont désormais à l’agenda. «On s’est rendu compte qu’il y avait déjà un bon terreau, il fallait simplement canaliser cette énergie», confie Steve Vaquin responsable des processus IT au sein du domaine Technologie du Groupe Mutuel.

Une méthode, des outils, un cap

Pour d’autres structures, l’enjeu est de transformer des engagements politiques ou institutionnels en plans d’action concrets. C’est le cas des Transports publics genevois (TPG), engagés dans le plan climat cantonal. Pour Phyo Aung, chargé de la transformation digitale aux TPG, il fallait absolument intégrer le numérique responsable dans la stratégie informatique globale. Une feuille de route a été construite à partir d’un diagnostic de maturité, avec des indicateurs de suivi, un tableau de bord et des objectifs à moyen terme. Certaines mesures ont déjà porté leurs fruits, comme la réduction de l’impact lié aux écrans, qui a chuté de 30% en quelques mois. Plusieurs des intervenants ont insisté sur la nécessité d’éviter les démarches symboliques, en privilégiant des leviers visibles et des actions structurées dans une feuille de route pilotable.

Faire simple, parler juste

Ce qui ressort de ces démarches, c’est l’importance de la méthode, mais aussi du pragmatisme. La majorité des professionnels ont rappelé que vouloir tout mesurer ou tout modéliser avant d’agir pouvait freiner les dynamiques internes. Mieux vaut, selon eux, des estimations simples, directement mobilisables, pour orienter les décisions et enclencher les premiers changements. Ce qui compte avant tout, c’est d’identifier par où commencer, de s’appuyer sur les bons relais internes et de relier les actions aux priorités déjà en place dans l’organisation.

Les arguments purement environnementaux ne suffisent plus à mobiliser. Ivan Mariblanca Flinch, fondateur de Mikuji, le constate tous les jours sur le terrain. Réduction des coûts, conformité réglementaire, attractivité RH ou résilience informatique: les portes d’entrée les plus efficaces sont souvent économiques ou managériales et non écologiques. Cela ne signifie pas qu’il faut renoncer à ses convictions, mais qu’il faut apprendre à les traduire dans le langage de l’entreprise.

Encadrer l’IA sans freiner l’innovation

La montée en puissance de l’intelligence artificielle pose aussi de nouveaux défis. Entre l’inflation des usages, les risques d’effet rebond et l’opacité des modèles, de nombreuses organisations se retrouvent à intégrer un sujet massif sans en maîtriser tous les contours. Certaines tentent d’anticiper. Les TPG, par exemple, ont défini une politique d’encadrement de l’IA générative avant même de lancer les premiers projets. Un cadre a été mis en place à travers des ateliers métiers, des formations internes et des principes d’éthique et de transparence, sans pour autant freiner l’innovation.

Une culture à faire vivre

Selon les spécialistes, le numérique responsable n’est ni une lubie, ni un supplément d’âme. Ils le décrivent comme une capacité à mieux piloter les usages, à interroger les besoins, à rationaliser l’infrastructure. Une compétence stratégique, au service de la performance comme de la durabilité. Et surtout, une démarche vivante, qui commence souvent petit, mais peut transformer en profondeur la culture d’une organisation.
 
L’événement devrait se poursuivre l’an prochain, avec une nouvelle édition annoncée pour le 19 mai 2026 à Lausanne.
 

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