Loi anti-piratage aux Etats-Unis

Megaupload fermé par le FBI, les Anonymous contre-attaquent

| Mise à jour
par Jacques Cheminat et Serge Leblal / LeMondeInformatique.fr

Megaupload, un service d'hébergement de fichiers très populaire auprès des internautes avides de séries TV et de films a été fermé par le FBI. Le groupe de hackers Anonymous n'a pas tardé à réagir en annonçant des attaques sur plusieurs sites gouvernementaux (FBI et Département de la Justice), ainsi que les sites des ayants droits du secteur de la musique et du cinéma.

L'Agence Fédérale américaine a retenu 7 charges d'accusations contre la société Megaupload officiellement domiciliée à Hong Kong et ordonné le blocage des DNS des sites. Chose faite hier en fin de journée en Europe. Cette action d'éclat intervient un jour après que des milliers de sites dans le monde aient protesté le 18 janvier contre les projets de loi anti-piratage aux États-Unis. Les autorités fédérales américaines ont annoncé aujourd'hui avoir démantelé un réseau pirate qui aurait généré un chiffre d'affaires de 175 millions de dollars.

Sept individus et deux sociétés ont été accusés de racket, de violation de copyright et de blanchiment d'argent par le Département américain de la Justice (DOJ) selon un communiqué du gouvernement.

Une myriade de sites web

Les deux sociétés - Megaupload Limited et Limited Vestor - exploitaient des sites connus sous les noms de Megaupload.com, Megavideo.com, Megastuuf.co et Megaporn.com... avec des serveurs situés aux États-Unis, au Canada, à Hong Kong et aux Pays-Bas. Selon les fonctionnaires fédéraux, le gang a généré 175 millions de dollars de recettes provenant de la vente d'espaces publicitaires et d'accès premium à leur service et aurait causé plus de 500 millions de dollars de dommages aux ayants droit. Parmi les contenus piratés distribués sur les sites Megaupload, on retrouve des films, des séries TV, de la musique, des livres électroniques et des logiciels.

«Cette action est parmi les plus grands cas de crime contre le droit d'auteur  aux États-Unis», a déclaré le Départment de la Justice US dans son communiqué de jeudi. Les procureurs ont également défini le groupe Megaupload comme « une entreprise internationale de crime organisé qui serait responsable de piraterie en ligne massive dans le monde entier. »

4 suspects arrêtés, 3 autres recherchés en Europe

Parmi les sept hommes inculpés par un tribunal de Virginie (un grand jury plus exactement), quatre ont été arrêtés le 19 janvier en Nouvelle-Zélande par les autorités locales. Notamment Kim Schmitz, un informaticien allemand à l'origine du site. Leurs demandes de libération sous caution ont été refusées. Les trois autres - qui vivent en Estonie, en Allemagne et en Slovaquie - sont toujours en fuite. Les sept hommes inculpés par le Ministère américain de la Justice risquent, chacun, un maximum de 55 ans de prison s'ils sont reconnus coupables. Outre les arrestations d'hier, le FBI a également saisi 50 millions de dollars sur les comptes de Megaupload, et a obtenu 20 mandats de perquisition aux États-Unis et ailleurs pour saisir les serveurs utilisés par les sites.

Une cour américaine a également ordonné la saisie de 18 noms de domaine appartenant à Megaupload. Selon le réquisitoire du tribunal américain, Megaupload.com recevait 50 millions de visiteurs par jour et représentait 4% du trafic Internet. Le service de classement de sites Alexa répertorie actuellement la plate-forme Megaupload comme la soixante-deuxième audience web dans le monde. Au cours des trois derniers mois, les visiteurs du site représentaient en moyenne 1,4% de tous les utilisateurs d'Internet.

Un coup de semonce avec le black-out day du 18 janvier

Les arrestations d'hier arrivent juste après la tentative de « black-out d'Internet » de ce mercredi, lorsque des milliers de sites, y compris Google et Wikipedia, ont partiellement ou complètement noirci leurs pages d'accueil en signe de protestation contre les projets de lois américaines sur le piratage en ligne (SOPA) et la protection de la propriété intellectuelle (PIPA).

Ces deux propositions de loi - rédigées respectivement par la Chambre américaine des Représentants et le Sénat américain - sont conçues pour faciliter la tâche des ayants droit qui désirent fermer les sites étrangers qui diffusent des films piratés, de la musique et des logiciels. Les opposants ont toutefois fait valoir que ces projets de lois donnent aux propriétaires de contenu trop de pouvoir.

Les alternatives existent

Depuis l'annonce de cette fermeture, les différentes communautés sur Internet débattent des alternatives : FileServe, FileSonic, Rapidshare... mais également bitTorrent (pas très sûr) et bien sûr les newsgroups. Et depuis plusieurs mois, de nombreux forums de discussions travaillent sur les moyens plus faciles pour crypter les échanges et rerouter les adresses IP. Voire encore plus radicale, la création de réseaux communautaires limités à un groupe d'utilisateurs. On trouve des initiatives reposant sur un réseau Darknet ou F2F (Friend to Friend) de type Waste, un serveur NAS avec un réseau local WiFi crypté et des noeuds mesh reposant sur la distribution Linux basée sur Porteux (voir projet Byzantium du groupe de hackers HacDC). Plus ambitieux, le projet de réseau satellitaire Hackerspace Global Grid emmenait par un groupe allemand. Le retour des bons  BBS mais avec des débits sans commune mesure.

Les Anonymous attaquent le FBI

La réponse du groupe de pirates Anonymous ne s'est pas faite attendre. « 15 minutes après l'annonce, les sites du gouvernement et ceux de plusieurs noms du secteur de la musique et du cinéma vont tomber » a annoncé le groupe sur Twitter. Sur leur blog, ils listent les cibles : le Département de la Justice, le FBI, la Maison Blanche, la MPAA (Motion Picture Association of America) et la RIAA (Recording Industry Association of America) qui représentent les ayants droits du secteur de la musique et du cinéma, Universal  Music, Vivendi France, Hadopi, etc. Ce matin, les sites de la RIAA et Universal Music étaient toujours inaccessibles ou en maintenance. Les sites gouvernementaux (FBI et le DOJ) ont été impactés pendant quelques heures, mais sont de nouveaux accessibles.

Quelles suites aux attaques ?

Il faudra maintenant savoir quelles seront les suites des attaques des Anonymous. D'autres offensives sont certainement à prévoir mais sous quelle forme ? Le groupe met à disposition un outil baptisé LOIC pour lancer des attaques DOS. Une chose est sûre, le groupe a su mobiliser rapidement près de 5 000 internautes pour réaliser ces attaques. Les Anonymous s'étaient déjà mobilisés en début de semaine pour protester contre les lois SOPA et PIPA, aux côtés de plusieurs sites comme Google, Wikipedia ou Craiglist.

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