Profonde inquiétude

Les Etats-Unis suspendent les cyberopérations contre la Russie

par Tanja Mettauer et traduction/adaptation ICTjournal

Le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth, a ordonné au Cyber Command américain de suspendre toutes les opérations contre la Russie. Cette décision concerne toutes les actions offensives, y compris les cyberattaques.

(Source: U.S. Cyber Command / Photo by Josef Cole)
(Source: U.S. Cyber Command / Photo by Josef Cole)

Le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth, a ordonné au général Timothy Haugh, commandant du US Cyber Command, de suspendre tous les projets d'opérations en rapport avec la Russie, rapporte entre autres le média The Record. Cette décision n'aurait toutefois aucun impact sur la National Security Agency (NSA), qui est également sous le commandement de Timothy Haugh.

L'étendue de cette directive et la durée de son application ne sont pas encore connues. The Record s'appuie sur trois sources proches du dossier et indique que cette directive aurait également un impact sur l'unité cybernétique de l'armée de l'air américaine. La 16th Air Force serait également responsable de la planification et de la mise en œuvre des opérations numériques dans l'ensemble du commandement des Etats-Unis en Europe.

Selon les sources, le US Cyber Command aurait commencé à élaborer une «évaluation des risques» pour Pete Hegseth. La liste des actions ou missions en cours qui ont été arrêtées à la suite de cet ordre et des menaces potentielles émanant encore de la Russie y figurerait.

Le nombre de personnes concernées par l'ordre de Pete Hegseth n'est pas non plus connu. Avant celui-ci, environ 5’800 personnes travaillaient pour la Cyber National Mission Force et la Cyber Mission Force. Environ un quart d'entre elles étaient impliquées dans des opérations offensives contre la Russie.

Une profonde inquiétude 

La directive pourrait très probablement avoir des répercussions sur l'Ukraine. Par le passé, le US Cyber Command a également envoyé des équipes en Ukraine. Les équipes «Hunt Forward» étaient censées contribuer à renforcer la défense numérique ukrainienne. Elles ont également observé les activités cybernétiques de la Russie et recueilli des renseignements dans l'espace numérique.

Cette annonce a également suscité des critiques de la part de membres du Congrès américain. Le député démocrate Bennie G. Thompson, membre de la Commission de la sécurité intérieure, a publié une déclaration dans laquelle il critique les instructions de Hegseth: «Je suis profondément préoccupé par les informations selon lesquelles le gouvernement ne considère pas la Russie comme une cybermenace importante et suspend les mesures de lutte contre les cyberactivités russes. Chaque analyse des menaces mondiales réalisée au cours des dix dernières années a identifié les cybercapacités de la Russie comme une menace pour notre sécurité nationale.»

En 2024, la CISA (Cybersecurity and Infrastructure Security Agency) a ainsi publié un rapport dans lequel la Russie est qualifiée de «cybermenace mondiale permanente». Il y est également indiqué que Moscou considère les cyberattaques comme un moyen de pression en matière de politique étrangère, afin d'influencer d'autres pays. La Russie serait en mesure d'attaquer des infrastructures critiques aux Etats-Unis ainsi que dans des pays alliés et partenaires. 

Le Pentagone a refusé de commenter le sujet à la demande de The Record, «pour des raisons de sécurité opérationnelle».
 

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