Butin de guerre

Des bases de données personnelles sensibles aux mains des Talibans

Les experts s’inquiètent que les Talibans n’exploitent deux bases des données du gouvernement déchu contenant des informations sur son personnel.

Matin à Kaboul (Photo: Mohammad Rahmani sur Unsplash)
Matin à Kaboul (Photo: Mohammad Rahmani sur Unsplash)

Qu’advient-il des données personnelles en main d’un régime lorsqu’il est renversé? La question se pose très concrètement en Afghanistan et inquiète des spécialistes civils et militaires, selon une enquête de la MIT Technology Review. Malgré les déclarations des Talibans de ne pas vouloir exercer des représailles contre leurs anciens ennemis, deux bases de données préoccupent particulièrement les experts et une partie de la population.

La première, l’Afghan Automatic Biometric Identification System, contiendrait les données biométriques de plusieurs millions de personnes. Elle était employée par le Ministère de l’intérieur du gouvernement déchu pour s’assurer que les personnes postulant à un emploi dans l’administration n’avaient pas de passé criminel ou terroriste.

Mais la plus grosse inquiétude vient d’une seconde base de données, l’Afghan Personnel and Pay System, autrement dit le système utilisé pour gérer le personnel et les salaires des employés des ministères de la défense et de l’intérieur, c’est-à-dire les militaires et les policiers. Selon les experts consultés par la MIT Technology Review, cette base de données RH a été déployée en 2016 pour lutter contre le versement de salaires à des soldats fantômes. Et elle recèle quantité d’informations. Des données de contact, comme le nom, la date et le lieu de naissance,, mais aussi des informations sur la spécialisation militaire et sur le réseau de chaque employé, comme sa famille ou le chef tribal qui s’est porté garant lors du recrutement.

Pour l’un des experts consultés par la revue universitaire, la question de savoir ce qu'il advient des données pendant les conflits ou le renversement des gouvernements doit faire l'objet d'une attention accrue: «Nous ne la prenons pas au sérieux, mais nous devrions, surtout dans ces régions déchirées par la guerre où les informations peuvent être utilisées pour faire des ravages».

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