Comment Zoom, Teams et Meet pompent votre énergie
Les réunions en ligne font désormais partie du quotidien de nombreux employés. Mais qu'il s'agisse de Zoom, Microsoft Teams ou Google Meet, ces outils ont tendance à épuiser les utilisateurs. Un professeur de l'université de Stanford a identifié les causes du phénomène et donne des conseils pour lutter contre cette «Zoom fatigue».
Celles et ceux qui travaillent à domicile depuis maintenant des semaines ou des mois l'ont probablement remarqué: les réunions virtuelles ont tendance à être plus épuisantes que celles en présentiel. «Les plateformes populaires d'appels vidéo présentent des défauts de conception qui fatiguent l'esprit et le corps humain», confirme l'université de Stanford. Cette dernière rapporte les résultats d’une étude sur ce phénomène, menée par le professeur en sciences de la communication Jeremy Bailenson. Bien qu’il ait limité son étude à Zoom et à ses fonctionnalités, l’effet de fatigue analysé se produit également avec d'autres solutions populaires de vidéoconférence. Le professeur a identifié quatre causes principales.
Contact visuel excessif
Aussi bien la quantité de contacts visuels lors d’appels vidéo que la taille des visages sur l'écran ne sont pas naturels. Dans une réunion normale, les participants regardent l'orateur, prennent des notes ou regardent ailleurs. «Mais lors des appels Zoom, tout le monde regarde tout le monde, tout le temps», écrit l'université de Stanford. En outre, même si vous n'avez jamais la parole, vous serez toujours observé et c’est une expérience stressante.
Une autre source de stress réside dans la taille des visages, qui peuvent apparaître trop grands pendant les vidéoconférences, en fonction de la taille du moniteur. «En général, pour la plupart des configurations, s'il s'agit d'une conversation en tête-à-tête, lorsque vous êtes avec des collègues ou même avec des inconnus en vidéo, vous voyez leur visage à une taille qui simule un espace personnel que vous expérimentez normalement lorsque vous êtes avec quelqu'un d’intime», explique Jeremy Bailenson. L'expert en communication recommande donc de réduire la taille de la fenêtre de Zoom afin de donner l'impression d'une plus grande distance avec les autres participants.
Miroir omniprésent
Sur la plupart des plateformes de visioconférence, vous vous voyez aussi. Or, c'est contre nature. «Dans le monde réel, si quelqu'un vous suivait constamment avec un miroir - pour que vous puissiez vous voir pendant que vous parlez aux gens [..] ce serait juste insensé», fait remarquer le professeur. Selon lui, se voir constamment dans le miroir - ou dans ce cas, sur l'écran - n'est pas seulement épuisant. Le phénomène a également des conséquences émotionnelles négatives. Le spécialiste conseille donc aux utilisateurs de Zoom d'utiliser l’outil permettant de masquer l'affichage de soi.
Mobilité limitée
Lors de réunions en présentiel et d’appels téléphoniques, les interlocuteurs peuvent marcher et se déplacer. Alors que la plupart des caméras d'ordinateurs ont un champ de vision fixe limitant la mobilité lors des appels vidéo. «De plus en plus d'études montrent que les personnes qui se déplacent ont de meilleures performances cognitives», souligne le professeur de l'université de Stanford. La solution: réfléchir davantage à l'espace où l’on se trouve, à l'emplacement de la caméra et à la possibilité d'utiliser un clavier externe pour créer distance et flexibilité. Une caméra externe plus éloignée de l'écran permettrait par exemple de faire des allers-retours et de faire des gestes. Faire des pauses régulières peut également aider les employés à bouger davantage.
Charge cognitive plus élevée
Selon le professeur Jeremy Bailenson, la communication non verbale se produit naturellement dans les conversations en face à face. Durant un appel vidéo, en revanche, il faut s'efforcer d'envoyer et de recevoir des signaux non verbaux. «Si vous voulez montrer à quelqu'un que vous êtes d'accord avec lui, vous devez faire un signe de tête exagéré ou lever le pouce. Cela ajoute une charge cognitive, car vous utilisez des calories mentales pour communiquer», explique le spécialiste. Ce dernier suggère de passer parfois en mode audio uniquement lors de longues visioconférences.
Les signaux non verbaux difficiles à interpréter sont une cause identifiée dans plusieurs recherches sur l’impact négatif des réunions virtuelles à haute dose. De même que l’infime décalage entre le son et l’image.