L'Union européenne veut sonner le glas des messageries chiffrées de bout en bout
Un projet de résolution du Conseil des ministres de l’UE entend interdire aux apps telles que WhatsApp, Messenger ou Signal d'utiliser le chiffrement de bout en bout. L’UE souhaiterait pouvoir accéder à des portes dérobées afin de ne pas être entravée dans sa lutte contre la criminalité et le terrorisme.
L'Union européenne (UE) envisage de bannir le chiffrement de bout en bout utilisé par les applications de messagerie telles que WhatsApp, Facebook Messenger, iMessage, Signal ou la solution suisse Threema. Le média autrichien ORF, qui révèle l’information, a eu accès à un document interne du Conseil des ministres de l’UE daté du 6 novembre. Ce projet de résolution adressé aux représentants des Etats membres mentionne que le chiffrement de bout en bout «rend l'analyse du contenu des communications [...] extrêmement difficile ou pratiquement impossible malgré le fait que l'accès à ces données serait légal», dans la lutte contre la criminalité organisée et le terrorisme.
Vers une mise en place de portes dérobées?
L’UE indique toutefois soutenir un chiffrement fort n'empêchant par les forces de l'ordre d’accéder aux données des apps de messageries si la procédure se justifiait dans le cadre d'une enquête. «L’Union européenne s'efforce d'établir une discussion active avec l'industrie technologique, tout en associant la recherche et les universités, afin de garantir la mise en œuvre et l'utilisation continues d'une technologie de chiffrement fort. Les autorités compétentes doivent pouvoir accéder aux données de manière légale et ciblée, dans le plein respect des droits fondamentaux et du régime de protection des données, tout en préservant la cybersécurité», lit-on dans le document rendu disponible sur le web. En lisant entre les lignes, il s’agirait de demander aux fournisseurs de mettre en place des portes dérobées dans leurs applications, analysent plusieurs médias spécialisés.
Ce projet de résolution serait presque entièrement formulé et a apparemment déjà été voté par le Conseil de l’UE, selon l'article de l’ORF. Le texte devrait être présenté au Comité des représentants permanents le 25 novembre avant de passer par une approbation du Parlement européen.
L’ORF voit dans cette procédure une façon pour l’UE d’utiliser les récentes attaques en France et en Autriche pour bannir le chiffrement de bout en bout. L’UE marcherait ainsi dans les pas de Five Eyes, l'alliance des services de renseignement de l'Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni et des Etats-Unis. En octobre, un communiqué de Five Eyes a exhorté les fabricants de technologies à inclure des portes dérobées dans tous leurs produits.