Edge ultime

Pour la première fois, une IA traite des données depuis une orbite

Un micro-satellite lancé par l’ESA puise dans une puce bon marché d’Intel pour faire tourner des algorithmes d'intelligence artificielle. Ces derniers sont capables de trier des images d’observation de la Terre pour économiser de la bande passante.

Une puce d’Intel fournit des capacités d’intelligence artificielle à un satellite de l'ESA (agence spatiale européenne). Une première selon le fabricant. Mais pourquoi employer de l’IA en orbite? Dans le cas d’usage exploitant la puce d’Intel, il s'agit de pouvoir effectuer un tri pour économiser de la bande passante. Il faut savoir que les satellites d'observation de la Terre capturent une myriade d’images non utiles aux scientifiques. Typiquement quand une couche de nuages obstrue la zone observée.

Embarquée dans le micro-satellite PhiSat-1, de la taille d’une boîte de céréales, la puce bon marché (120 dollars sur Amazon) Intel Movidius Myriad 2 Vision Processing Unit va contribuer à sélectionner les images pertinentes générées par une caméra haute-fidélité. Les clichés en très haute résolution capturés dans l'espace sont d'habitude tous envoyés vers la Terre, sauvegardés puis passés en revue par les chercheurs. A la suite de quoi de très nombreuses images de nuages sont finalement effacées. L’IA embarquée dans PhiSat-1 se charge donc d’identifier et d’éliminer ces images inutiles à la source des données.

Le module d’intelligence artificielle équipant le micro-satellite PhiSat-2 de l’ESA. (Source:Tim Herman/Intel Corporation)

L’espace est l’Edge ultime

Ce dispositif d’Edge computing de l’extrème, qui tire parti d'algorithmes travaillant à quelque 530 kilomètres d'altitude, promet d'économiser environ 30% de la bande passante. «L’espace est l’Edge ultime, déclare Aubrey Dunne, CTO d'Ubotica, la start-up irlandaise qui a développé la technologie d’IA de PhiSat-1. Mais avant d’envoyer la puce d’Intel en orbite, il a fallu vérifier comment elle résiste aux radiations et mener une série de tests afin de déterminer comment gérer les erreurs ou l'usure qui en résultent. Pour ce faire, la puce a notamment subi un test de 36 heures au CERN, à deux pas de Genève.

L'ESA et Ubotica travaillent déjà sur PhiSat-2, qui transportera une autre puce Myriad 2 en orbite. Il s’agira de tester différentes applications concrètes, dévolues notamment à l'identification d’incendies ou à la surveillance environnementales.

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