Des polices européennes ont mis sur écoute un réseau téléphonique crypté utilisé par le crime organisé
Pendant plusieurs mois, les polices françaises et néerlandaises ont pu lire les messages échangés sur EncroChat, un système téléphonique crypté prisé du crime organisé. L’écoute a permis d’empêcher de nombreuses opérations criminelles et conduit à de multiples arrestations.
Europol et les polices françaises et néerlandaises ont présenté les résultats d’une enquête de plusieurs années pour démanteler EncroChat, un système téléphonique chiffré largement employé par les membres du crime organisé. Pendant plusieurs mois, l’interception des messages échangés sur le réseau a permis aux forces de l’ordre d’entraver des attaques violentes, corruptions, tentatives de meurtre et autres trafics de drogue, explique Europol.
Criminels sur écoute
Tout commence en 2017. La gendarmerie française trouve régulièrement des téléphones utilisant EncroChat lors de ses opérations contre le crime organisé. Après avoir découvert que le système opère à partir de serveurs situés en France, la police parvient à placer un dispositif technique permettant de passer le cryptage et d’accéder aux messages échangés.
La lecture et l’analyse de ces messages, parfois en temps réel, va permettre de mettre à mal de multiples opérations criminelles en France, mais aussi aux Pays-Bas avec le soutien technique d’Europol.
En France, une task force réunissant plus de 60 officiers de gendarmerie surveille les conversations de milliers de criminels qui mènent à l’ouverture de nombreuses procédures. Suite à une coopération avec la France, les forces de l’ordre néerlandaises écoutent elles aussi des milliers de communications qui permettent notamment l’arrestation d’une centaine de suspects, la saisie de 8000 kilos de cocaïne et le démantèlement d’une vingtaine de laboratoires de drogues de synthèse. Les écoutes mènent aussi à des arrestations liées au trafic de drogue et au crime violent dans d’autres pays, comme le Royaume-Uni, la Suède et la Norvège.
L’histoire s’achève le 13 juin de cette année, lorsque les opérateurs d’EncroChat découvrent que les autorités ont infiltré leur système et conseillent à tous les utilisateurs de jeter leur téléphone. «Les effets de l’opération continueront à se faire sentir dans les milieux criminels pendant de nombreuses années à venir, car les informations ont été fournies à des centaines d’enquêtes en cours et, dans le même temps, déclenchent un très grand nombre de nouvelles enquêtes criminelles sur la criminalité organisée à travers le continent européen et au-delà», commente Europol.
Téléphones crime-ready
Début 2020, EncroChat était l’un des plus grands fournisseurs de communication numérique cryptée avec une très forte proportion d’utilisateurs vraisemblablement impliqués dans des activités criminelles, notamment dans les pays d’origine et de destination du trafic de drogue, selon Europol.
EncroChat proposait à ses clients des téléphones à 1000 Euros ainsi qu’une couverture réseau globale à 1500 Euros par semestre, support compris. Dotés d’un double système d’exploitation, les crypto-téléphones avaient toutes les fonctionnalités pour qui souhaite garder ses conversations secrètes: aucune association entre appareil, carte SIM et client; interface cryptée cachée dans le deuxième système d’exploitation; retrait de l’appareil photo, du microphone, du GPS et du port USB. Sans oublier des fonctions logicielles spéciales pour supprimer toutes les données de l’appareil, y compris à distance ou lors de l’introduction répétée de mots de passe erronés.
