Start-up

Les finalistes de Seedstars révèlent les problématiques des pays émergents

67 start-up des pays émergents étaient réunies à Lausanne du 9 au 12 avril dans le cadre du concours Seedstars. La plupart des finalistes asiatiques et africaines veulent disrupter les supply chain agroalimentaires ou médicales tandis que les trois venues d’Amérique Latine sont des fintech.

Francis Obirikorang et Michael K. Ocansey, fondateurs d'Agrocenta, recevant les 500'000 dollars du concours Seedstars (Source: Charles Foucault-Dumas)
Francis Obirikorang et Michael K. Ocansey, fondateurs d'Agrocenta, recevant les 500'000 dollars du concours Seedstars (Source: Charles Foucault-Dumas)

Durant 4 jours, le Convention center de l’EPFL a accueilli des entrepreneurs des cinq continents pour le cinquième Seedstars Summit. Ce 12 avril était l’aboutissement de la compétition baptisée Seedstars World qui a vu cette année affluer 5000 candidatures parmi lesquelles 67 start-up ont été invitées à venir rencontrer des investisseurs en Suisse. Critère principal pour faire partie des heureuses élues: le potentiel de leur projet à avoir impact sur les pays émergents.

Il en ressort que la grande tendance en Asie et en Afrique est l’utilisation de la tech pour améliorer les services de santé. Quatre des 12 start-up finalistes sont positionnées sur ce terrain, que ce soit pour proposer de meilleurs accès aux informations, aux diagnostics ou aux soins. Au Bangladesh, CMED (gagnant de l’Innovation Prize) vend «aux milliers de pharmaciens au chômage» un kit connecté capable d’évaluer le risque de diabète ou d’hypertension grâce à quelques gouttes de sang. Les résultats apparaissent dans une appli sur le smartphone du patient, qui peut les partager avec son docteur ou ses proches. L’appli de la sud-africaine Essential Medical Guidance est, elle, destinée aux professionnels de santé. Elle leur «donne des informations sur les médicaments et les directives cliniques locales ou encore la coordination des soins de façon bien plus pertinentes que Google» selon le Dr. Yaseen Khan, son CEO, qui a gagné les 50’000 dollars du Healthtech prize et un accès au programme d’accélération de Merck, sponsor de la catégorie. Au Cameroun, Gifted Mom a commencé par accompagner les femmes enceintes et les jeunes mamans via une application mobile, des sms ou un chatbot. Elle veut désormais s’adresser à un public plus large et au-delà des frontières camerounaise. Enfin, la nigérienne Medsaf s’attaque au profond problème de la contrefaçon de médicaments en Afrique avec sa plateforme logistique reliant directement les entreprises pharmaceutiques aux hôpitaux, cliniques et pharmacies. Sa fondatrice, Vivian Nwakah a remporté le Best Woman entrepreneur Prize.

Diminuer le nombre d’intermédiaires et réduire la complexité des supply chain dans l’agroalimentaire est le deuxième enjeu flagrant qui transpire de ce concours de start-up dédié aux pays émergents. C’est ce que propose l’indonésienne Sayur box, qui assure qu’avant elle «un agriculteur ne touchait que 0,04 dollar sur un produit vendu 0,75 dollar.» C’est aussi le credo d’Agrocenta, le grand gagnant de la compétition qui a été récompensé des 500’000 dollars du Seedstars Global Prize. Cette plateforme relie pour l’instant 12'000 fermiers ghanéens aux entreprises qui achètent leurs produits et assure les livraisons. Son fondateur, Francis Obirikorang, espère bien conquérir le continent entier. «Nous avions déjà levé 250’000 dollars lors d’un premier tour de table et étions en train de travailler sur un second de 750’000 dollars, nous a confié l’entrepreneur juste après avoir reçu son prix. 230’000 dollars nous étaient assurés depuis la semaine dernière, cette récompense ne pouvait pas mieux tomber !» Au Myanmar, Kargo ne s’adressent pas qu’aux petits producteurs agricoles mais à toute entreprise voulant transporter des produits à travers le pays avec son Uber de la logistique grâce auquel des chauffeurs indépendants trouvent des missions en cas de creux d’activité.

Les pitchs des finalistes venus d’Amérique latine ont révélé des préoccupations différentes. Les trois start-up représentant cette zone étaient des fintech. La solution de paiement mobile brésilienne Celcoin vise les «80% de transactions encore réalisées en dehors des canaux digitaux en Amérique latine» tandis que le PDG de la mexicaine PayIt a lancé «I love money, but I hate cash», pointant notamment les problèmes d’insécurité qui rendent dangereux sa possession. La chilienne Red Capital, s’attelle de son côté à résoudre les soucis de financement «des petites et moyennes entreprises qui ont le sentiment que les banques leur ont fermé leur porte» avec son site de mise en relation avec des investisseurs privés.

A l’issue de l’événement, Pierre-Alain Masson, Partner de Seedstars, a toutefois relativisé cette répartition très marquée des problématiques selon les zones géographiques: «Il faudrait que nous regardions plus largement les profils par zone des 5000 candidatures reçues. Elles étaient très diverses dans chaque région. La seule tendance évidente est l’intérêt que montrent les start-up pour les SDGs» (NDLR: Sustainable Development Goals, les dix-sept objectifs de développement durable établis par les États membres des Nations unies).

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