Interview

Stéphane Pasche, Avanade: «Microsoft devrait renforcer sa présence dans les milieux universitaires»

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par Interview: Tania Séverin

Spécialiste des solutions Microsoft, la société Avanade a établi il y a peu une antenne romande. En entretien avec notre rédaction, Stéphane Pasche, directeur de la nouvelle succursale de Nyon, s’exprime sur la stratégie de développement romand du groupe et sur l’évolution du secteur IT dans le pays.

Vous êtes arrivés en Suisse romande il y a quelques mois. Quels ont été les motifs de cette implantation en Romandie?

Avanade s’est implantée en Suisse alémanique en 2005. Notre arrivée en Suisse romande correspond à une volonté générale de la direction d’Avanade d’investir dans les régions où l’entreprise est déjà présente. En ligne avec cette stratégie, Andy Smith, responsable de la région DACH, a élaboré en 2010 un concept que nous appelons METRO, et qui consiste à utiliser une centrale et des bureaux délocalisés pour assurer un développement géographique régional. En Suisse, nous avons ouvert un bureau à Bâle et un à Nyon, à proximité de nos «parents» Accenture et Microsoft, en avril 2011. Nous y partageons nos locaux avec d’autres jeunes sociétés technologiques, avec un fonctionnement très similaire à celui des start-ups.

Comment se déroule votre développement depuis l’inauguration de vos bureaux?

Nous avons actuellement 13 employés, et notre objectif est de doubler cet effectif d’ici fin avril 2012. Nous recrutons donc actuellement activement. Il est difficile aujourd’hui de trouver du personnel adéquat, et nous souhaitons recruter des jeunes qui seront formés par nos soins. Dans un premier temps, nous devons toutefois trouver des collaborateurs seniors capables de les encadrer.

Vous évoquez des difficultés de recrutement, quelles en sont les causes selon vous?

Premièrement, la taille de la Suisse romande pose problème, car elle ne fournit pas assez de ressources. Mais je constate également un problème lié au fait que Microsoft devrait renforcer sa présence dans les milieux universitaires et des Hautes Ecoles en Suisse pour populariser l’écosystème Microsoft auprès des étudiants.

Votre offre est composée de produits Microsoft uniquement. Envisagez-vous d’étendre votre portefeuille?

Non, nous sommes fortement liés à Microsoft et n’envisageons aucunement d’offrir des services liés à d’autres plateformes. L’environnement Microsoft est assez riche pour nous permettre d’offrir une gamme de services étendue et diversifiée. Avanade est structurée en sept divisions (services lines), soit Collaboration, ERP, CRM, Application development, Outsourcing, Technologie et infrastructure, et Business intelligence. Actuellement, notre succursale nyonnaise couvre les quatre premières, avec pour objectif de couvrir les sept d’ici quelques mois. Récemment, Avanade a par ailleurs ouvert une huitième division dédiée à la mobilité, qui se concentre sur les développements liés à Windows Mobile. Il s’agit là d’un domaine nouveau et très dynamique que nous nous réjouissons d’inclure prochainement dans notre gamme de services.

Votre présence physique en Suisse romande vous aide-t-elle à démarcher de nouveaux clients?

Très certainement, depuis notre arrivée nous avons su convaincre plusieurs entreprises de nous faire confiance, et nous disposons actuellement d’un portefeuille d’environ quinze clients stables dans différents secteurs comme la cosmétique, l’éducation, la pharma, les équipements médicaux, l’horlogerie et le luxe, ainsi que les cigarettiers.

Fin 2011, de nombreux instituts conjoncturels ont publié des projections pessimistes concernant l’évolution du secteur IT. Observez-vous également cette tendance dans le cadre de vos contacts avec vos clients?

Nous sentons effectivement, en Suisse alémanique surtout, une certaine pression sur les budgets. En Suisse romande, nos perspectives sont saines, et notre pipeline de projets bien fourni. Nous espérons donc pouvoir fournir une croissance à Avanade Suisse. Au niveau national toutefois, il n’est pas certains que nos objectifs, fixés en avril 2011, soient entièrement tenus. Il faut dire que depuis 2005, nous avons été en hypercroissance, avec une croissance annuelle de plus de 150% en 2007, 2008, 2010 et 2011.

Avanade publie régulièrement des études et analyses sur le marché IT. Souvent, la Suisse romande fait figure de parent pauvre dans les chiffres fournis. Votre présence en Romandie vous permettra-t-elle de fournir des études et chiffres spécifiques au marché romand?

Cela fait effectivement partie de nos objectifs. Toutefois, afin de fournir des données significatives, il est indispensable de disposer d’une masse critique, que nous espérons obtenir d’ici trois ou quatre ans.

A ce propos, Avanade a récemment publié une étude selon laquelle au niveau européen, 74% des entreprises utilisent le cloud, un chiffre qui ne s’élèverait qu’à 33% en Suisse. Y a-t-il une explication à ce chiffre?

Effectivement, lorsque l’on parle de cloud privé, en Suisse seules les grandes entreprises ont fait le pas à ce jour. Pour leur part, les 300 000 PME suisses sont en grande majorité encore en phase de réflexion. Cela est dû d’une part à leur taille, plutôt modeste, ainsi qu’à la mentalité plutôt conservatrice que l’on observe en Suisse. Au niveau européen, les PME sont d’une part plus grandes, et d’autre part plus progressistes. Mais le passage en mode cloud sera un passage obligé, et la Suisse devrait refaire son retard sur ses voisins européens ces prochaines années.

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